Question de M. BARBIER Gilbert (Jura - RDSE) publiée le 14/11/2014
Question posée en séance publique le 13/11/2014
M. Gilbert Barbier. Ma question s'adresse à Mme la ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche, et concerne précisément la recherche.
Madame la ministre, comme vient de nous le rappeler le fantastique succès de la mission Rosetta, la France est en pointe en matière de recherche et d'innovation, du moins dans un certain nombre de secteurs stratégiques, dont les biotechnologies font partie, mais pour combien de temps encore ?
Après plusieurs affaires similaires, la semaine dernière, un groupe d'une centaine de personnes s'est introduit dans les locaux du centre de recherche de la coopérative Limagrain pour dénoncer la recherche sur le blé transgénique. Faut-il rappeler que ce type d'action est absolument illégal, alors que la recherche sur les OGM est, elle, autorisée et encadrée dans notre pays ?
Dans ces conditions, je crois qu'il convient aux responsables politiques que nous sommes, parlementaires comme membres du Gouvernement, de rappeler que l'ordre républicain commence par le respect de la loi.
Il n'est pas acceptable que, dans notre pays et à notre époque, l'obscurantisme puisse prendre le pas sur la recherche, sur l'expérimentation et la volonté de savoir. En effet, rien ne justifie que l'on se prive a priori des biotechnologies, sauf à céder à une vision simpliste et manichéenne.
Les OGM, contrairement à ce qu'une minorité agissante essaie de faire croire, ne sont pas, par nature et par définition, un danger pour la santé. Au contraire, sans la recherche, aucune réponse ne peut être étayée, aucune incertitude ne peut être levée. Nous resterions en plein doute, alors que les biotechnologies peuvent apporter une réponse à des enjeux agricoles du futur et à la faim dans le monde.
Comment produire plus avec moins de ressources dans un contexte de changement climatique ? Tel est le défi que tentent de relever nos chercheurs. À ce titre, il convient de rappeler que le centre de recherche occupé la semaine dernière est l'unique laboratoire français qui travaille sur des OGM adaptés à des situations de sécheresse.
Madame la ministre, pouvez-vous préciser clairement la politique de la France en matière de recherche sur les biotechnologies ? Le Gouvernement condamne-t-il avec fermeté et sans ambiguïté toute entrave illégale à l'exercice de la recherche ? Comment pouvez-vous être du côté du progrès scientifique en matière spatiale et ne pas l'être ici ? C'est le succès de demain que nous recherchons. (Applaudissements sur les travées du RDSE, ainsi que sur les travées de l'UMP et sur quelques travées du groupe socialiste.)
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Réponse du Ministère de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche publiée le 14/11/2014
Réponse apportée en séance publique le 13/11/2014
Mme Najat Vallaud-Belkacem,ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche. Monsieur le sénateur, la recherche française, publique comme privée, est fondée sur l'expertise scientifique, encadrée, et répond à ce titre à des normes éthiques. C'est ainsi qu'elle peut nous éclairer et nous faire progresser d'année en année. De ce point de vue, on ne peut que condamner les atteintes portées à des centres de recherche qui ont, je le rappelle ici, obtenus au préalable des autorisations pour exercer leurs travaux. (Applaudissementssur certaines travées du groupe socialiste.)
Au sein de cette recherche figure la recherche en biotechnologies, qui a pris ces dernières années une place prépondérante dans l'industrie française et joue un rôle de plus en plus important dans des secteurs aussi variés que la santé, l'environnement ou l'agriculture. La recherche en biotechnologies nous permet de mieux connaître les causes des maladies, de concevoir, de tester ou de produire de nouveaux médicaments, de mieux capter la pollution dans l'air ou encore de protéger les végétaux.
La France a la chance de se situer, concernant la recherche biotechnologique, à la cinquième position mondiale et parmi les trois premiers à l'échelon européen. Elle compte sur son territoire 400 entreprises dans ce secteur, employant 6 000 personnes, dont plus de la moitié en recherche et développement.
C'est une chance : l'an dernier, les entreprises françaises ont ainsi engagé plus de 2,5 milliards d'euros pour effectuer des recherches en la matière.
Cette activité donne à notre pays de sérieux atouts que le Gouvernement a décidé de faire fructifier. Je vous le confirme ici, nous intervenons grâce au soutien, notamment, des programmes d'investissements d'avenir dédiés à ce type de recherche. Nous intervenons aussi à travers notre stratégie nationale de recherche, qui définit les priorités que nous fixons pour notre pays.
En concertation avec les autorités académiques, la représentation nationale, les acteurs sociaux et économiques, nous avons décidé que les biotechnologies feraient l'objet d'un soutien tout particulier. C'est la raison pour laquelle des appels d'offres de l'Agence nationale pour la recherche sont lancés, qui se déclinent ensuite dans des contrats d'objectifs pour les organismes de recherche.
Monsieur le sénateur, vous l'aurez compris, accompagner les chercheurs, les entrepreneurs sur ce sujet, c'est contribuer au développement et à la compétitivité de notre pays. (Applaudissementssur les travées du groupe socialiste.)
M. Francis Delattre. Et la question ?...
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