Question de Mme LABORDE Françoise (Haute-Garonne - RDSE) publiée le 17/10/2014
Question posée en séance publique le 16/10/2014
Mme Françoise Laborde. Ma question s'adresse à Mme la ministre des affaires sociales, de la santé et des droits des femmes. Elle concerne l'épidémie de virus Ébola qui sévit actuellement hors de nos frontières, mais qui pourrait se propager en Europe et en France. Cette question a pour objet la préparation de la France.
Comme chacun le sait, l'épidémie poursuit sa progression en Afrique de l'Ouest. On estime à 5 000 le nombre des victimes à ce jour et l'Organisation mondiale de la santé prévoit 5 000 à 10 000 nouveaux cas par semaine avant la fin de l'année...
L'explosion du nombre de malades est déjà visible dans les capitales du Liberia, de Sierra Leone et de Guinée, la Guinée où s'est rendue la secrétaire d'État chargée du développement et de la francophonie il y a quelques semaines. Le groupe du RDSE salue l'action de Mme la secrétaire d'État sur la scène internationale puisque, avec elle, c'est la France qui est en première ligne sur ce dossier désormais qualifié de « plus grave urgence sanitaire de ces dernières années » par les Présidents Obama et Hollande, la Chancelière Merkel et MM. Cameron et Renzi.
Madame la ministre, alors que Médecins sans frontières évoque « une situation hors de contrôle » dans cette zone de l'Afrique, comment ne pas redouter la propagation de l'épidémie en France ? En tout cas, il est de votre responsabilité d'envisager cette hypothèse.
Les nécessaires contrôles sanitaires dans les aéroports seront très certainement insuffisants. Par ailleurs, la campagne de sensibilisation et d'information que vous avez mise en place il y a quelques jours est, elle aussi, bien évidemment nécessaire pour prévenir et protéger la population, mais elle s'avérera très insuffisante lorsque le virus Ébola aura frappé sur notre sol.
Dans ces conditions, quel dispositif est prévu en cas de découverte d'un premier cas d'infection sur notre territoire ? Comment parvenir à l'identifier au plus vite, avant même qu'il ne devienne contagieux et qu'il ne se propage dans les lieux publics ? Comment se passera l'entrée de ce « patient zéro » dans notre système de soins ? Nos établissements de santé seront-ils capables de faire face pour accueillir et soigner plusieurs patients infectés ? De plus, que savez-vous de l'efficacité des traitements expérimentaux utilisés dans nos services de soins ? Sans envisager des stocks proches de ceux constitués, on s'en souvient, pour la grippe aviaire, dispose-t-on de traitements en quantités suffisantes ?
Madame la ministre, face à un risque bien réel, même s'il est probablement limité, de contamination du virus Ébola sur notre territoire, la France est-elle ou sera-t-elle prête ? (M. Jean-Pierre Sueur et Mme Bariza Khiari applaudissent.)
Réponse du Secrétariat d'État, auprès du ministère des affaires sociales, de la santé et des droits des femmes, chargé des personnes handicapées et de la lutte contre l'exclusion publiée le 17/10/2014
Réponse apportée en séance publique le 16/10/2014
Mme Ségolène Neuville,secrétaire d'État auprès de la ministre des affaires sociales, de la santé et des droits des femmes, chargée des personnes handicapées et de la lutte contre l'exclusion. Madame la sénatrice, je vous prie tout d'abord de bien vouloir excuser l'absence de Marisol Touraine, ministre des affaires sociales, de la santé et des droits des femmes, actuellement à Bruxelles pour une réunion des ministres européens de la santé sur la situation concernant le virus Ébola.
Vous l'avez souligné, et Marisol Touraine l'a rappelé également, nous sommes à un moment clé de cette épidémie, qui est majeure. Nous observons actuellement une forte aggravation de l'épidémie, avec une croissance exponentielle des cas en Sierra Leone et au Liberia. Le risque d'extension régionale est particulièrement élevé, et le bilan est désormais de près de 9 000 cas, avec plus de 4 500 morts, chiffre probablement très largement sous-évalué. Sans soutien international massif et coordonné, l'épidémie continuera à s'étendre. La France, solidaire avec les pays touchés, a envoyé de nombreux spécialistes depuis le début de l'épidémie et recrute actuellement des volontaires pour monter un troisième centre de traitement en Guinée forestière avec la Croix-Rouge française et une formation sur place assurée par Médecins sans frontières.
Le Gouvernement salue le courage et l'engagement des professionnels qui combattent cette terrible épidémie et prennent le risque d'être eux-mêmes infectés, comme l'a montré la récente contamination d'une infirmière de Médecins sans frontières, fort heureusement guérie aujourd'hui.
Pour répondre à votre question, madame la sénatrice, nous restons très vigilants et mobilisés sur notre territoire. Notre système de veille sanitaire est en alerte avec l'Institut de veille sanitaire. Nous avons, en France, les moyens de détecter les malades, d'isoler et de traiter les patients. En cas de doute et de fièvre après un voyage en zone épidémique, il faut appeler le 15. Marisol Touraine a récemment présenté des mesures fortes pour l'information au public. Un numéro vert a été mis en place, le 0800 13 00 00, ainsi qu'un site internet et un point presse hebdomadaire. Mardi prochain, Marisol Touraine informera directement l'ensemble des représentants des professionnels libéraux et hospitaliers de santé, ainsi que les ordres professionnels. Enfin, dès samedi, des contrôles auront lieu à Paris à l'arrivée des vols en provenance de la Guinée.
En tant qu'infectiologue, je prends la liberté de répondre à la question plus précise que vous avez posée sur l'efficacité du traitement : autant que je sache, seuls les traitements symptomatiques, en particulier la réhydratation, ont fait pour l'instant la preuve de leur efficacité et ont permis de guérir les patients traités dans les pays occidentaux, contrairement aux patients africains, qui n'ont pas eu accès à ces réhydratations et à ces méthodes de réanimation.
Vous le voyez, madame la sénatrice, la France tient toute sa place dans la bataille mondiale contre le virus Ébola et garantit la protection de ses concitoyens. (Applaudissementssur les travées du groupe socialiste et du groupe écologiste, ainsi que sur certaines travées du RDSE, de l'UDI-UC et de l'UMP.)
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