Question de M. BAYLET Jean-Michel (Tarn-et-Garonne - RDSE) publiée le 12/06/2014
M. Jean-Michel Baylet attire l'attention de M. le ministre de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la forêt, porte-parole du Gouvernement sur la menace économique que fait peser l'insecte ravageur drosophila suzukii sur les producteurs fruitiers dès lors qu'il n'existe, à ce jour, aucune méthode de contrôle satisfaisante.
Identifiée pour la première fois en 2010, la drosophila suzukii a progressivement colonisé l'ensemble du territoire national, s'attaquant surtout aux fruits rouges (cerise, fraise, framboise et groseille) mais aussi à d'autres espèces fruitières comme l'abricot, la pêche ou la figue. Les caractéristiques biologiques de cette mouche asiatique la rendent particulièrement redoutable. Ainsi, sa durée de vie et la succession rapide des générations assurent un vol continu d'avril à novembre. En outre, sa bonne adaptation au climat, sa forte mobilité et ses facultés de mutation accentuent les risques de résistance aux insecticides.
Depuis 2013, les dégâts causés par la drosophila suzukii sur les fruits du Sud-Ouest sont très importants et affectent tout aussi bien les variétés tardives que les variétés précoces. Ainsi, d'après l'Institut national de recherche agronomique (Inra), les pertes de production peuvent atteindre 80 % dans certaines exploitations fruitières.
Face à l'ampleur des risques encourus, les moyens de lutte mis à la disposition des arboriculteurs ont, d'ores et déjà, montré leurs limites à combattre efficacement ce nuisible. Qui plus est, les techniques de piégeage massif, actuellement expérimentées, ne sont toujours pas validées. C'est désormais une contrainte supplémentaire à laquelle sont confrontés les producteurs de fruits rouges et, en particulier, de cerises. C'est pourquoi, conscient qu'il est essentiel d'assurer au plus tôt une maîtrise durable et efficiente de la drosophila suzukii, il l'interroge quant aux mesures que le Gouvernement entend prendre pour endiguer cette invasion biologique qui menace la filière arboricole et l'économie locale de nos territoires, notamment en Midi-Pyrénées, quatrième région productrice de fruits, avec 12 % du verger français.
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Réponse du Ministère de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la forêt publiée le 21/08/2014
Drosophila suzukii est un organisme inscrit en liste A2 de l'organisation européenne et méditerranéenne pour la protection des plantes (OEPP). Cet organisme n'est cependant pas listé dans la directive 2000/29/CE du 8 mai 2000 concernant les mesures de protection contre l'introduction dans la Communauté d'organismes nuisibles aux végétaux ou aux produits végétaux et contre leur propagation à l'intérieur de la Communauté. Au niveau national, l'insecte est un organisme listé en annexe B de l'arrêté du 31 juillet 2000 au titre des organismes nuisibles de la liste A2 de l'OEPP. Cependant, au vu de la forte dispersion d'ores et déjà constatée de l'insecte en France, et en l'absence de stratégie possible d'éradication, il n'apparaît pas raisonnable de rendre la lutte contre ce ravageur obligatoire, ni par arrêté national, ni par arrêté préfectoral. Cet organisme doit être géré comme un organisme de qualité, et la surveillance doit être réalisée à travers les réseaux d'épidémiosurveillance. Ainsi, la pose de pièges dans les parcelles de production doit être utilisée pour permettre la détection du début du vol de l'insecte, et déclencher la mise en uvre de moyens de lutte chimique. Dans la mesure du possible, tout doit être fait pour éviter la pullulation de l'insecte dans les cultures. Il est donc recommandé de ne pas trop espacer les cueillettes des cultures à récolte étalée (framboises ou fraises), de veiller à la bonne aération des plantations, de ne pas laisser de fruits en sur-maturité ou infestés sur le plant ou tombés au sol, d'envisager des méthodes alternatives de protection par filet dans les parcelles où l'insecte est absent avant la pose du filet. Le niveau élevé des dégâts constatés sur les différentes espèces fruitières concernées et sa capacité invasive en font un organisme nuisible préoccupant au niveau national et européen. Afin de développer ces méthodes de lutte alternatives, le ministère en charge de l'agriculture finance actuellement un projet de recherche CASDAR (compte d'affectation spéciale développement agricole et rural) piloté par le centre technique interprofessionnel des fruits et légumes (CTIFL). Ce projet comporte un premier volet centré sur l'épidémiologie de l'insecte (effet d'attraction de l'environnement et recherche de solutions de la lutte biologique). Un second volet est centré sur l'expérimentation (screening produits, essais stratégies, et moyens alternatifs à la lutte chimique tels que l'utilisation d'argile, silice, talc ou filets). Un troisième volet concerne plus particulièrement la surveillance du territoire. Enfin, des travaux d'expérimentation sont également conduits afin d'homologuer des solutions efficaces sur Drosophila suzukii dans le cadre des usages mal pourvus.
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