Question de M. MOHAMED SOILIHI Thani (Mayotte - SOC) publiée le 05/06/2014
M. Thani Mohamed Soilihi attire l'attention de Mme la ministre des affaires sociales et de la santé sur la problématique de la lutte contre le sida et de la prise en charge des personnes vivant avec le virus de l'immunodéficience humaine (VIH) à Mayotte.
Il n'existe pas, à Mayotte, d'actions médiatiques d'envergure sur la prévention du VIH/SIDA et, plus globalement, des infections sexuellement transmissibles (IST). L'ignorance, le tabou et le poids de la stigmatisation n'incitent pas la population à se protéger ni les personnes infectées à se faire dépister ou soigner.
Si les données épidémiologiques sont très partielles, il semblerait néanmoins que la prévalence du VIH soit sous-évaluée. Les pressions démographiques et migratoires, auxquelles Mayotte fait face, sont autant de facteurs susceptibles d'augmenter les chiffres avancés aujourd'hui pour le département.
Par ailleurs, les personnes vivant avec le VIH ne bénéficient pas de la même qualité de soins qu'en France métropolitaine, ni même à La Réunion. Il n'existe pas de médecins spécialistes, pas d'hôpitaux de jour, pas d'éducation thérapeutique, pas de prise en charge pluridisciplinaire.
La seule association mahoraise recensée ne peut répondre à toutes les demandes d'accompagnement formulées par le service infectieux.
Il souhaiterait connaître l'état d'avancement des actions préconisées pour Mayotte par le plan national de lutte contre le VIH/SIDA et les IST pour 2010-2014 en direction des populations d'outre-mer.
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Réponse du Secrétariat d'État, auprès du ministère de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche, chargé de l'enseignement supérieur et de la recherche publiée le 18/06/2014
Réponse apportée en séance publique le 17/06/2014
M. Thani Mohamed Soilihi. Je souhaite en effet attirer l'attention de Mme la ministre des affaires sociales et de la santé sur la problématique de la lutte contre le sida et de la prise en charge des personnes vivant avec le virus de l'immunodéficience humaine à Mayotte.
Il n'existe pas, dans ce département, d'actions médiatiques d'envergure sur la prévention du VIH-sida et, plus généralement, des infections sexuellement transmissibles. L'ignorance, le tabou et le poids de la stigmatisation n'incitent pas la population à se protéger ni les personnes infectées à se faire dépister ou soigner.
Si les données épidémiologiques sont très partielles, il semblerait néanmoins que la prévalence du VIH soit sous-évaluée. Les pressions migratoire et démographique auxquelles Mayotte fait face sont autant de facteurs susceptibles d'augmenter les chiffres avancés aujourd'hui pour ce département.
Par ailleurs, les personnes vivant avec le VIH ne bénéficient pas de la même qualité de soins qu'en France métropolitaine, ni même à La Réunion, qui partage pourtant l'agence régionale de santé avec Mayotte. Il n'existe pas à Mayotte de médecins spécialistes, pas d'hôpitaux de jour, pas d'éducation thérapeutique, pas de prise en charge pluridisciplinaire.
La seule association mahoraise recensée ne peut répondre à toutes les demandes d'accompagnement formulées par le service infectieux.
Je souhaite, madame la secrétaire d'État, connaître l'état d'avancement des actions préconisées pour Mayotte par le plan national de lutte contre le VIH et les IST pour 2010-2014 en direction des populations d'outre-mer.
M. le président. La parole est à Mme la secrétaire d'État.
Mme Geneviève Fioraso,secrétaire d'État auprès du ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche, chargée de l'enseignement supérieur et de la recherche. Monsieur le sénateur, je vous prie d'excuser Marisol Touraine, qui ne peut être présente ce matin et qui m'a chargée de la suppléer.
Le Gouvernement est pleinement mobilisé pour lutter contre le sida et prendre en charge les personnes qui sont atteintes par ce virus. Cette mobilisation doit être identique sur l'ensemble du territoire national.
À Mayotte, la file active de personnes vivant avec le VIH est évaluée à 160 patients. La prise en charge de ces patients est essentiellement hospitalière.
L'incidence du VIH paraît stable depuis 2009. Le taux de découverte de la séropositivité est de l'ordre de 11 à 12 pour 100 000 habitants. Une mobilisation en éducation pour la santé et en prévention a été entamée depuis de nombreuses années à Mayotte, notamment grâce à des opérateurs de terrain qui pratiquent une prévention globale, comme, par exemple, les espaces de solidarité de la Croix Rouge française qui apportent une aide alimentaire, délivrent des conseils nutritionnels et diffusent des kits d'hygiène avec préservatifs.
Vous avez raison, monsieur le sénateur, de souligner que l'information épidémiologique est partielle. C'est pourquoi l'agence régionale de santé de l'océan Indien a fait de l'observation de l'état de santé des habitants de Mayotte et des facteurs qui déterminent celui-ci l'une de ses priorités.
Pour aller plus loin, elle va installer prochainement une équipe « études et statistiques » à Mayotte qui travaillera avec l'ensemble des acteurs.
Par ailleurs l'agence régionale de santé de l'océan Indien a uvré pour créer un comité de coordination régionale de la lutte contre le VIH, le COREVIH-océan Indien. Cette création permettra une gestion informatisée des statistiques de suivi des personnes vivant avec le virus.
Concernant la prise en charge médicale, je tiens à vous indiquer que les patients bénéficient, à Mayotte comme à La Réunion, des mêmes protocoles que ceux qui sont appliqués en métropole. Par ailleurs la convention signée entre le CHU et le centre hospitalier de Mayotte en 2013 vise à renforcer l'échange entre les professionnels. Le COREVIH - Réunion-Mayotte favorisera formations et échanges de pratiques entre les îles ; la création d'un personnel commun travaillant sur les dossiers des patients des deux départements doit permettre de rapprocher les pratiques médicales.
Concernant la prévention, enfin, plusieurs actions sont en cours de déploiement, telles que la diffusion des nouvelles méthodes de dépistages ciblés, notamment les tests rapides d'orientation diagnostique, ou TROD, l'éducation pour la santé, avec la mise en place d'une politique concertée communautaire, et la lutte contre les violences sexuelles.
L'ARS et le vice-rectorat ont signé une convention le 25 avril 2014 qui assurera, dès la rentrée scolaire de septembre, une coordination des actions de prévention en établissement scolaire.
Un projet de convention avec les autorités du droit coutumier sur leur participation active à des messages de prévention chaque semaine est en cours d'écriture. Ces messages seront relayés dans des lieux aussi divers que possible ; les mosquées se sont engagées à les diffuser.
Enfin, deux associations ont demandé une habilitation pour la mise en uvre d'un dépistage ciblé auprès des adolescents « à risque » ainsi que des prostituées.
Vous le voyez, monsieur le sénateur, à Mayotte comme en métropole, le Gouvernement est pleinement mobilisé pour lutter efficacement contre le sida, pour accentuer les actions de prévention auprès des publics considérés comme les plus à risque et permettre un accompagnement de qualité des personnes qui vivent avec le virus du sida.
M. le président. La parole est à M. Thani Mohamed Soilihi.
M. Thani Mohamed Soilihi. Madame la secrétaire d'État, je vous remercie de vos réponses.
Comme vous l'avez rappelé, la prise en charge des patients atteints du VIH doit se faire à Mayotte comme partout ailleurs dans notre pays. Vous avez annoncé qu'un certain nombre de mesures seraient prises : la réalisation d'études statistiques- il faut commencer pour là -, la création d'un comité de coordination ou encore la préparation d'un projet de convention entre différents partenaires.
En espérant que les mesures verront rapidement le jour, je préfère m'arrêter sur ces annonces, qui suffisent à démontrer que, pour l'instant, la prise en charge des patients atteints du VIH n'est pas la même à Mayotte que dans les autres départements de France et de Navarre.
J'ai bien pris note de ce que vous venez d'annoncer. Je serai vigilant quant aux suites qui y seront données.
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