Question de M. PLACÉ Jean-Vincent (Essonne - ECOLO) publiée le 10/10/2013
M. Jean-Vincent Placé attire l'attention de M. le ministre de l'écologie, du développement durable et de l'énergie sur la pratique de la chasse à courre, à cor et à cri.
Cette activité, réservée à la noblesse sous l'Ancien Régime, est réintroduite en France en 1805 par Napoléon. Cette pratique est interdite dans la quasi-totalité des pays européens. De fait, de nombreux équipages européens viennent s'adonner à la pratique de la chasse à courre, à cor et à cri sur le territoire français, qui reste un de rares lieux d'Europe où elle est encore autorisée, provoquant une augmentation croissante du nombre d'équipages en activité en France.
Ainsi, la chasse à courre continue à se pratiquer dans soixante-neuf départements français. La société de vènerie dénombre 10 000 pratiquants possédant 20 000 chiens et 7 000 chevaux. Avec leurs 100 000 suiveurs, ils participent à 15 000 journées de chasse par an, sur la période du 15 septembre au 31 mars.
La chasse à courre permet d'aller chasser le cerf, le chevreuil, le sanglier, le renard, le lièvre ou le lapin, sans pour autant participer à la régulation des espèces puisque le nombre des bêtes tuées par saison de chasse à courre est limité à environ 4 700. Ce n'est donc pas tant la quantité des animaux tués qui est inquiétante, que la manière et les conditions dans lesquelles ils sont chassés.
Tout d'abord, la chasse à courre suscite souffrance et stress pour les animaux poursuivis comme l'attestent les examens biochimiques effectués sur des échantillons de muscle et de sang de cerfs chassés. En outre, par les nuisances sonores qu'elle engendre (sonneries de trompes, allées et venues des équipages, des chiens, des véhicules), elle nuit à l'ensemble de l'écosystème forestier, y compris aux espèces non chassées et aux promeneurs.
La chasse à courre ne répond en France à aucune nécessité écologique et est loin de remplacer l'action des prédateurs prélevant de préférence des animaux malades et déficients puisque la recherche de trophées conduit à chasser les meilleurs reproducteurs potentiels.
Il se demande quelles sont les actions entreprises afin d'aligner la législation française sur le modèle éthique et environnemental européen et quelle est la position du ministère quant à l'interdiction de la chasse à courre.
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Réponse du Ministère de l'écologie, du développement durable et de l'énergie publiée le 16/01/2014
Depuis une vingtaine d'année, la vénerie française s'est fortement développée. Avec près de 450 équipages, 17 000 chiens et près de 100 000 suiveurs et veneurs, elle est présente dans 69 départements. La France offre, en effet, des conditions très favorables à l'exercice de cette pratique de chasse : la densité des espaces boisés est plus élevée que partout ailleurs en Europe et le climat tempéré fournit des conditions propres à ce mode de chasse où tout repose sur le travail des chiens. La vénerie ou chasse à courre consiste dans la capture de l'animal de chasse à l'aide de chiens créancés, spécialisés dans la traque d'un animal d'une espèce donnée. Il existe plusieurs forme de vénerie : la grande vénerie à cheval avec une meute de 10 à 30 chiens courants menée par un ou deux cavaliers pour le courre du cerf, du chevreuil, du sanglier ou du renard ; la petite vénerie à pied avec une meute de 6 chiens courants pour le courre du lièvre ou du lapin. Les veneurs sont issus dorénavant de toutes les classes de la société. Si cette chasse est très populaire dans les campagnes ou plus de 100 000 suiveurs y participent à pied et à vélo (ou en voiture sur les routes), dans une ambiance conviviale, elle est plus difficilement admise en zone périurbaine où elle peut occasionner beaucoup de mouvements et de bruit. Il s'agit d'un mode de chasse sélectif et qui prélève peu, puisque un seul animal est chassé au cours d'un « laisser-courre » par une meute de chiens courants. Ces chiens se mesurent à l'animal chassé, dont les ruses lui permettent, plus d'une fois sur deux de leur échapper. La meute de chiens courants est bien identifiée comme un prédateur. On ne constate pas de désordres biologiques dans les forêts où cette chasse se pratique, l'impact écologique est faible : aucune forme d'agrainage n'est utilisée, les prélèvements sont modérés tout en contribuant au maintien de l'équilibre sylvo-cynégétique et les nuisances sonores sont de courte durée. Pour toutes ces raisons, le Gouvernement n'envisage pas d'interdire cette pratique de chasse.
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