Question de M. ANTISTE Maurice (Martinique - SOC-A) publiée le 11/10/2013

Question posée en séance publique le 10/10/2013

Concerne le thème : Situation des universités françaises à l'heure de la rentrée 2013

M. Maurice Antiste. Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, ma question porte sur les principaux enjeux auxquels doit actuellement faire face l'Université des Antilles et de la Guyane, l'UAG, notamment en ce qui concerne son attractivité en matière de recherche et de coopération nationale et internationale.

En effet, les universités ultramarines ne pourront connaître un véritable changement d'échelle et accroître leur rayonnement qu'à condition d'élargir leur périmètre d'influence et de devenir des acteurs majeurs de la zone géographique à laquelle elles appartiennent. C'est pourquoi il est nécessaire de moderniser et de renouveler l'offre de formation, en privilégiant les domaines où l'UAG peut apporter une plus-value en relation avec les besoins émergents sur les territoires où elle est implantée. En vertu de cette logique, il faut encourager la création de filières de formation innovantes et originales centrées sur les spécificités locales comme la recherche halieutique, l'agroalimentaire, le créole ou encore la botanique médicinale.

Il est en outre indispensable, madame la ministre, de permettre une meilleure insertion de l'UAG dans les réseaux nationaux et internationaux. Deux mesures peuvent être envisagées en priorité afin d'améliorer la situation. D'une part, étendre le coefficient correcteur au surcoût occasionné par les déplacements. D'autre part, accompagner l'UAG dans sa volonté de développer des masters conjoints adossés à des unités de recherche impliquées dans des programmes collaboratifs avec les universités appartenant à leur environnement.

Par ailleurs, je souhaite évoquer l'application de la loi pour l'enseignement supérieur et la recherche, et plus particulièrement le contenu de la nouvelle ordonnance, pour laquelle nous n'avons pas de calendrier. Allons-nous conserver les acquis de l'ordonnance de 2008 ? Allons-nous, par exemple, maintenir le principe de la représentation paritaire au sein des trois conseils – conseil d'administration, conseil scientifique et conseil des études et de la vie universitaire –, alors même que son application est quasi impossible dans certains cas, faute d'un vivier suffisant ?

Il est crucial d'établir une large concertation entre les différents acteurs concernés, à savoir notamment les universités d'outre-mer, le ministère de l'enseignement et les collectivités territoriales, afin de réfléchir ensemble au fonctionnement des universités ultramarines et de déterminer les mesures concrètes à mettre en œuvre pour pallier les difficultés de notre université. Pour cela, je propose la création d'une mission d'information sur la situation des universités ultramarines. (Applaudissements sur certaines travées du groupe socialiste et du groupe écologiste.)

Quelle est votre position, madame la ministre, sur ces différents sujets ?

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Réponse du Ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche publiée le 11/10/2013

Réponse apportée en séance publique le 10/10/2013

Mme Geneviève Fioraso, ministre. Je vous remercie de m'interroger sur l'Université des Antilles et de la Guyane qui, comme vous le savez, est répartie sur trois sites, en Guadeloupe, en Guyane et en Martinique. Elle est en outre, et je vous remercie de l'avoir signalé, en correspondance avec les autres universités des Caraïbes, partenariats qu'elle devrait certainement développer davantage encore.

Ces universités font l'objet de toute notre attention car, dans le cadre de la lutte contre le réchauffement climatique et de la préparation de la transition énergétique, nous voulons davantage développer les recherches et les formations dans le domaine marin. Nous utilisons finalement assez peu nos côtes et les outre-mer sont dans une excellente position pour le faire. C'est ce que certains, parmi lesquels mon collègue Frédéric Cuvillier, ministre délégué notamment chargé de la mer, appellent la « croissance bleue ». Il y a là, me semble-t-il, un véritable potentiel de croissance, de développement de ces universités, potentiel qui aujourd'hui est vraiment insuffisamment développé.

Tout cela doit donc se discuter dans le cadre d'un contrat de site.

Quel est le calendrier retenu ? Comme vous le savez, la loi a été promulguée le 22 juillet. Un certain nombre de décrets seront publiés rapidement, dans les six mois. En ce qui concerne l'Université des Antilles et de la Guyane, nous avons dix-huit mois pour parvenir à une synergie, à une coopération entre les trois sites, mais il faut savoir que, compte tenu de leurs relations, de longues discussions sont parfois nécessaires pour aboutir à des convergences.

Nous allons donc débuter dans les semaines qui viennent la concertation sur place, avec les collectivités territoriales, naturellement, mais surtout avec les acteurs de l'université, et en particulier avec sa présidente, de façon à élaborer un projet collectif et commun qui réponde aux besoins très importants des jeunes des territoires ultramarins, là où les chômeurs sont plus nombreux et les besoins en qualification significatifs.

Tout cela doit se faire dans l'optique d'un développement durable et partagé. En effet, nous devons davantage utiliser les potentialités de ces outre-mer qu'aujourd'hui nous ne considérons pas suffisamment comme des facteurs de développement.

Par conséquent, nous serons bien au rendez-vous, mesdames, messieurs les sénateurs, et j'espère pouvoir compter également sur votre contribution ! (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et du groupe CRC.)

M. le président. La parole est à M. Maurice Antiste, pour la réplique.

M. Maurice Antiste. Je retiens de votre réponse, madame la ministre, que vous avez reconnu l'éclatement de l'UAG en trois morceaux, et que vous venez de vous engager à accorder trois fois plus d'attention et donc trois fois plus de moyens à notre université ! (Sourires et applaudissements sur les travées du groupe socialiste.)

M. Jean-Pierre Sueur. Bravo !

M. le président. Voilà une lecture positive du travail sénatorial !

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