Question de M. MAGNER Jacques-Bernard (Puy-de-Dôme - SOC) publiée le 20/09/2013

Question posée en séance publique le 19/09/2013

M. Jacques-Bernard Magner. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'éducation nationale.

Monsieur le ministre, nous venons de vivre la première rentrée scolaire entièrement préparée par le Gouvernement en place depuis mai 2012.

Cette rentrée 2013, qui a concerné près de 12 millions d'élèves et 842 000 professeurs, vous l'avez qualifiée d'« apaisée ».

M. Alain Fouché. Et les rythmes scolaires ?

M. Jacques-Bernard Magner. Il est vrai que, après la suppression de 80 000 postes dans l'éducation nationale entre 2007 et 2012, la création de 7 500 postes d'enseignants dans le primaire et le secondaire a enfin stoppé l'hémorragie qui mettait à mal notre système éducatif.

M. David Assouline. Eh oui !

M. Alain Gournac. C'est la faute aux autres !

M. Jacques-Bernard Magner. Le vote de la loi d'orientation et de programmation pour la refondation de l'école de la République a posé les fondements d'une école juste, exigeante, bienveillante et inclusive.

Une école juste qui accueille sans discrimination tous les enfants de nos villages, de nos villes et de nos quartiers dès leur plus jeune âge,...

M. Alain Gournac. Que c'est beau !

M. Jacques-Bernard Magner. ... en mettant en œuvre une coéducation associant les enseignants, les parents d'élèves, les collectivités et le monde associatif de l'éducation populaire.

Une école exigeante dans les valeurs qu'elle inculque, portées par une charte de la laïcité, véritable garant des valeurs de la République.

M. Joël Billard. C'est du violon !

M. Jacques-Bernard Magner. Une école bienveillante qui s'attache non seulement aux apprentissages fondamentaux, mais aussi à la réussite de chacun et à la construction des citoyens de demain.

Une école inclusive, enfin, avec l'intégration de tous les enfants et avec des moyens considérables en personnels supplémentaires pour assurer l'accompagnement des élèves porteurs de handicaps.

Cette rentrée a aussi comporté une grande nouveauté pour l'école primaire avec le retour à la semaine de quatre jours et demi.

M. Joël Billard. Qui paye ?

M. Jacques-Bernard Magner. Cette nouvelle organisation favorisera une meilleure répartition du temps favorable aux acquisitions et créera enfin un temps périscolaire permettant aux élèves de s'épanouir dans la découverte et la pratique d'activités sportives, artistiques et culturelles.

Par ailleurs, trente écoles supérieures du professorat et de l'éducation, les ESPE, ont été ouvertes. Ces écoles vont enfin offrir aux futurs enseignants une véritable formation pédagogique, trop délaissée ces dernières années. Les jeunes professeurs ne se retrouveront plus devant leurs élèves sans expérience pratique, sans avoir jamais vu d'élèves.

M. Philippe Dallier. Il y a une question ?

M. Jacques-Bernard Magner. Dans nos départements, nous avons tous constaté que la rentrée s'était bien passée. Nous aussi, nous avons apprécié le climat « apaisé ».

M. Alain Gournac. La question !

M. Jacques-Bernard Magner. Quelle est (Ah ! sur les travées de l'UMP.) la perception par le ministre de l'éducation nationale de cette rentrée scolaire que je qualifierai d'historique ? (Exclamations sur les travées de l'UMP.)

M. Alain Fouché. C'est nul !

M. Jacques-Bernard Magner. Comment envisagez-vous désormais l'avenir de notre école et les futures étapes de sa refondation ? (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste.)

M. Philippe Dallier. Donnez-lui une médaille !

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Réponse du Ministère de l'éducation nationale publiée le 20/09/2013

Réponse apportée en séance publique le 19/09/2013

M. Vincent Peillon, ministre de l'éducation nationale. Monsieur le sénateur, je vais vous répondre en trois points et vous apporter quelques éléments d'information supplémentaires.

L'attention se concentre, parfois trop, sur la question des moyens. Je le regrette, car un pays a aussi besoin d'une Constitution morale et de réformes. Ce sera mon premier point.

Le deuxième point concernera ces réformes dont nous avons tant besoin.

Le troisième point portera sur les valeurs.

S'agissant des moyens, les 7 500 postes que vous avez évoqués ont bénéficié lors de cette rentrée pour moitié au primaire et pour moitié au secondaire. Ce n'était pas tout à fait prévu, car nous comptions au départ consacrer davantage de moyens à l'école primaire.

De ce point de vue, les nouveaux dispositifs pédagogiques - l'accueil des enfants de moins de trois ans, le « plus de maîtres que de classes » - ont finalement emporté moins de postes que la reconstitution des viviers de remplaçants ou l'ouverture de classes dans des proportions importantes.

Dans le même temps, nous disposions lors de cette rentrée d'un contingent de 10 000 emplois d'avenir, contre 4 000 l'année dernière. Le rapport de vos collègues parlementaires a montré que 3 500 personnes occupaient ces emplois. Nous redonnons ainsi son sens à la promesse républicaine, puisque ces emplois s'adressent à des élèves boursiers de deuxième année, tout en reconstituant nos viviers d'emplois.

Sur ces 10 000 emplois d'avenir, nous en avons déjà recruté 6 000 lors de cette rentrée, et nous pouvons espérer atteindre rapidement l'effectif de 10 000.

Sont créés par ailleurs 30 000 emplois aidés, dont nous avons changé la nature puisqu'il s'agit pour une grande part de contrats de deux ans accompagnés d'une formation. Parmi eux, 10 000 emplois sont dédiés à l'accompagnement des enfants en situation de handicap et s'ajoutent aux 12 000 emplois qui ont déjà été reconduits.

Cet effort est sans précédent : 10 000 emplois pour le climat scolaire et 10 000 pour la reconstitution, en un an, de l'accompagnement des directeurs d'école, qui avait été détruit en l'espace de cinq ans.

J'en viens maintenant à la question des réformes. Celles-ci, vous l'avez mentionné, sont engagées. Les écoles supérieures du professorat et de l'éducation sont ouvertes. Nous avons pu accueillir 40 % de professeurs recrutés supplémentaires et remettre en place un début d'année de stage. Je citerai également la réforme des rythmes scolaires, le service public du numérique éducatif et la professionnalisation des auxiliaires de vie scolaire.

Nous avons encore devant nous de grands efforts à accomplir : la réforme du collège, celle de l'éducation prioritaire, le conseil supérieur des programmes, qui sera installé dans une semaine, et la révision du métier d'enseignant.

C'est un travail de longue haleine qui nous attend. Nous devons l'accomplir en profondeur, au-delà des atermoiements, voire des déchirements, qui minent actuellement notre pays. (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste.)

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