Question de Mme LEPAGE Claudine (Français établis hors de France - SOC) publiée le 19/07/2013
Question posée en séance publique le 18/07/2013
M. le président. La parole est à Mme Claudine Lepage.
Mme Claudine Lepage. Ma question s'adresse à M. le ministre délégué chargé du budget.
Depuis l'été dernier, le Gouvernement est mobilisé sur un front stratégique, au cœur des engagements pris par le Président de la République : le logement. Les objectifs, ambitieux construire 500 000 logements par an, dont 150 000 logements sociaux , sont également nécessaires au regard des besoins de la population, du niveau de rétention foncière et des difficultés du secteur du bâtiment.
En annonçant à la mi-juin une réforme de la fiscalité des plus-values réalisées à l'occasion de cessions immobilières, le Président de la République a confirmé son complet engagement pour la réussite du « choc d'offres » dont le secteur a besoin.
Les mesures initiées par la droite ont contribué à accroître la rétention des biens, en encourageant fiscalement les propriétaires à garder leurs terrains le plus longtemps possible. Ce système a été désastreux pour le marché de l'immobilier. Tous les professionnels du secteur le savent : pour lutter contre les comportements de rétention, il faut au contraire encourager les propriétaires à vendre dans un délai court. Sur le logement, les abattements seront donc allégés et les durées raccourcies.
Par ailleurs, la crise du secteur demandant des mesures rapides, une mesure d'abattement exceptionnel sur les cessions a été annoncée pour 2014. La fluidification du marché est aujourd'hui une urgence nationale, et cette mesure va dans le bon sens.
À quelques semaines de la présentation du projet de loi de finances pour 2014, je souhaiterais, monsieur le ministre, que vous puissiez nous apporter des précisions sur cette réforme, notamment sur son calendrier d'application.
Je vous remercie également de la réponse que vous m'apporterez dans les semaines qui viennent concernant le problème spécifique de l'assujettissement aux prélèvements sociaux des plus-values réalisées lors de cessions immobilières et des loyers perçus par les non-résidents. Cette réforme, qui date de juillet 2012, a en effet suscité une polémique, qu'il me semble important de clore rapidement, chez les Français de l'étranger. (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste.)
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Réponse du Ministère chargé du budget publiée le 19/07/2013
Réponse apportée en séance publique le 18/07/2013
M. le président. La parole est à M. le ministre délégué chargé du budget.
M. Bernard Cazeneuve, ministre délégué auprès du ministre de l'économie et des finances, chargé du budget. Madame la sénatrice, à travers votre question, vous m'invitez à faire un point sur la réforme des plus-values immobilières dans laquelle le Président de la République et le Premier ministre ont souhaité que nous nous engagions afin de favoriser la construction de logements, de fluidifier le marché et de faire en sorte que ceux qui souhaitent accéder à la propriété ou ont vocation à être locataires d'un logement puissent y parvenir dans des conditions financières qui n'obèrent pas leur pouvoir d'achat.
Nous avons donc décidé, comme vous l'avez signalé à l'instant, de modifier le régime applicable aux plus-values immobilières. Il faut rappeler - vous l'avez d'ailleurs fait dans votre question - que ce régime a été modifié en 2011.
M. François Rebsamen. Ah oui !
M. Bernard Cazeneuve, ministre délégué. La période d'exonération totale pour les plus-values immobilières était de quinze ans ; elle est passée à trente ans. Le régime d'abattement mis en place était d'autant plus favorable que la durée de détention était longue, ce qui incitait les propriétaires d'immeubles à les garder longtemps, alors que nous avons au contraire besoin de rotation, d'un marché fluide qui permette d'engager des travaux et d'accompagner le secteur du bâtiment, qui est confronté à une crise extrêmement importante, dans son redressement.
C'est pourquoi nous avons décidé de mettre en place un nouveau régime de plus-values immobilières, que je vais décrire en quelques mots. Désormais, c'est au bout de vingt-deux ans, et non plus de trente ans, que vous serez totalement exonérés de l'impôt sur le revenu pour les plus-values que vous aurez réalisées. Au bout de trente ans, vous serez exonérés non seulement de l'impôt sur le revenu, mais également des contributions sociales, notamment la CSG, avec un dispositif d'abattement beaucoup plus linéaire et dégressif qui facilitera les cessions.
Par ailleurs, pour réaliser un véritable « choc d'offres » - vous avez vous-même employé cette expression -, il a été décidé de mettre en place, entre le 1er septembre 2013 et le 31 août 2014, un abattement exceptionnel de 25 %, qui favorisera les transactions, les travaux et les ventes, afin d'atteindre l'objectif de développement de l'activité dans le secteur du bâtiment et d'améliorer l'accès au logement.
J'ajoute que la décision a été prise de mettre fin aux abattements pour détention de propriété foncière, de manière à favoriser la vente de terrains et donc à augmenter la construction de logements neufs dans les mois qui viennent.
Voilà le programme global que nous proposons. Il sera engagé dans les prochaines semaines par des instructions, puis l'ensemble des dispositions seront reprises dans le projet de loi de finances. Il s'agit de lutter contre la crise en accompagnant la croissance, notamment dans le secteur du bâtiment, dont on sait le rôle moteur qu'il joue dans l'économie. (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste, ainsi que sur certaines travées du groupe écologiste et du RDSE.)
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