Question de M. DÉTRAIGNE Yves (Marne - UDI-UC) publiée le 02/05/2013
M. Yves Détraigne attire l'attention de M. le ministre de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la forêt sur les inquiétudes que font peser, sur le monde agricole, le projet d'arrêté national complémentaire à l'arrêté « nitrates » du 19 décembre 2011 relatif au programme national d'actions à mettre en œuvre dans les zones vulnérables.
En effet, depuis 1991, la règlementation européenne sur les nitrates impose aux États membres de délimiter un certain nombre de zones vulnérables à la pollution par les nitrates, puis de mettre en place, pour ces zones, des programmes d'action appropriés, visant à prévenir et à réduire cette pollution.
Aussi, dans le cadre de la préparation du nouveau cadre réglementaire relatif aux programmes d'actions à déclinaison régionale, la profession agricole redoute-t-elle une non-prise en compte des spécificités locales, liées aux réalités agronomiques, climatologiques et hydrologiques des territoires.
Ainsi, dans la Marne, les mesures envisagées dans le projet de texte sur les conditions d'épandage concourent toutes à une fragilisation de la production agricole et viticole sur le territoire, l'interdiction d'épandre des fertilisants organiques et minéraux sur les sols en pente risquant, à terme, de condamner une partie non négligeable du territoire.
Considérant qu'il est indispensable que ce texte prenne en compte les enjeux environnementaux mais aussi économiques et sociaux, il lui demande que les futures règles qui régiront la fertilisation azotée soient revues en concertation avec la profession agricole.
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Réponse du Ministère de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la forêt publiée le 30/05/2013
En matière de protection de la qualité des eaux, la lutte contre la pollution diffuse par les nitrates est un enjeu important qui s'inscrit dans un contexte de contentieux communautaire. En effet, la France a été assignée devant la Cour de justice de l'Union européenne pour mauvaise application de la directive 91/676/CEE dite directive « nitrates » dans le cadre d'un double contentieux. Le premier porte sur l'insuffisance des délimitations de zones vulnérables, le second sur l'insuffisance des programmes d'actions qui s'y appliquent. Le zonage vient d'être revu et le contenu des programmes d'action est en cours de modification. S'agissant du contenu des programmes d'action, la directive fixe les mesures qui doivent y être incluses. Elles concernent notamment le stockage des effluents d'élevage, les calendriers d'interdiction d'épandage des fertilisants azotés, les conditions d'épandage des fertilisants azotés afin de respecter l'équilibre de la fertilisation, la limitation de l'épandage des effluents d'origine animale à 170 kg d'azote par an et par hectare, ainsi que la limitation de l'épandage à proximité des eaux de surface, sur sols en forte pente, enneigés, détrempés ou gelés. Dans le cadre de la procédure contentieuse communautaire, un renforcement de la réglementation en matière de protection des eaux contre les nitrates d'origine agricole a été engagé depuis 2011 et se poursuivra en 2013. Ainsi le programme d'actions national est entré en vigueur en septembre 2012 et la révision des zones vulnérables s'est achevée en décembre 2012. L'année 2013 sera consacrée à compléter le programme d'actions national et à élaborer les programmes d'actions régionaux qui entreront en vigueur au 2e semestre 2013. Le Gouvernement porte toute son attention à la conciliation des exigences imposées par la directive « nitrates » avec le respect des principes agronomiques. La profession agricole est associée depuis le début aux évolutions envisagées. S'agissant de la question des seuils de pente au-delà desquels les épandages de fertilisants sont interdits, le Gouvernement a pris connaissance des interrogations relatives à l'application des dispositions envisagées au cas du vignoble champenois. Cette mesure figure dans le programme d'action national conformément à l'architecture de la réglementation nitrates issue du décret du 10 octobre 2011. Elle fait l'objet d'un des griefs du contentieux en cours devant la Cour de justice de l'Union européenne et une exclusion de la vigne de cette mesure n'est pas envisageable. Pour autant, une expertise est en cours afin d'approfondir les enjeux et solutions adaptées. Le résultat de cette analyse sera examiné à l'issue de la procédure de consultation du public.
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