Question de M. GOURNAC Alain (Yvelines - UMP) publiée le 09/05/2013
M. Alain Gournac attire l'attention de Mme la ministre des affaires sociales et de la santé sur le cancer des enfants. Celui-ci constitue la première cause de mortalité des enfants par maladie. Chaque année, en effet, dans notre pays, 2 500 enfants sont atteints d'un cancer et 500 en meurent.
Un enfant sur 440 sera atteint d'un cancer avant l'âge de 15 ans. Ces chiffres sont en progression d'environ 2 % chaque année. Cela fait 30 ans que l'espérance de vie de certains cancers pédiatriques, comme les tumeurs cérébrales, n'a pas progressé. Le cancer des enfants est un problème de santé publique. Or, seulement 2 % des fonds alloués à la recherche sur le cancer sont alloués à celui des enfants.
Il est urgent de guérir en plus grand nombre et mieux les enfants et les adolescents atteints de cancer et de réduire les séquelles à long terme des traitements toxiques et agressifs qu'ils subissent.
Aussi convient-il de développer une recherche biologique spécifique sur les cancers pédiatriques, afin d'obtenir de nouveaux médicaments appropriés aux enfants et cesser, ainsi, d'être contraint d'utiliser des médicaments élaborés pour soigner les cancers de l'adulte.
Il est nécessaire de garantir aux enfants et aux adolescents l'accès aux technologies innovantes de biologie moléculaire et d'imagerie fonctionnelle pour individualiser les traitements et leur proposer une médecine adaptée et personnalisée.
Il conviendrait de tripler le nombre de nouveaux médicaments anticancéreux développés en France, de renforcer la recherche et l'évaluation de nouvelles stratégies thérapeutiques, de structurer et systématiser le suivi à long terme des enfants « guéris » et enfin de mettre en œuvre une recherche clinique et génétique pour réduire les complications chez les adultes guéris d'un cancer dans leur enfance.
Aussi, lui demande-t-il quelles mesures elle entend mettre en œuvre pour relever ce défi de santé publique et, notamment, quelle place elle entend réserver à ces mesures dans le « Plan Cancer 3 » qui devrait être prochainement lancé.
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Réponse du Ministère chargé de la décentralisation publiée le 24/07/2013
Réponse apportée en séance publique le 23/07/2013
M. Alain Gournac. Madame la ministre, j'ai été informé que Mme Touraine ne pourrait être présente aujourd'hui, mais je suis heureux que vous soyez ici pour m'apporter une réponse.
Je souhaite attirer l'attention sur le cas précis du cancer des enfants.
Le cancer constitue la première cause de mortalité des enfants par maladie. De fait, chaque année dans notre pays, 2 500 enfants sont atteints d'un cancer et 500 en meurent. Un enfant sur 440 sera atteint d'un cancer avant l'âge de quinze ans. Ces chiffres progressent d'environ 2 % chaque année.
Voilà trente ans que l'espérance de vie face à certains cancers pédiatriques, comme les tumeurs cérébrales, n'a pas progressé. Le cancer des enfants est un problème de santé publique. Or seuls 2 % des fonds alloués à la recherche sur le cancer sont consacrés aux cancers des enfants. Il est urgent de guérir en plus grand nombre et mieux les enfants et les adolescents atteints de cancer. Qui plus est, il est essentiel réduire les séquelles à long terme des traitements toxiques et agressifs que ces jeunes patients subissent. Il s'agit là de la suite de leur existence !
Aussi convient-il de développer une recherche biologique spécifique consacrée aux cancers pédiatriques, afin de mettre au point de nouveaux médicaments adaptés aux enfants. (Mme la ministre déléguée acquiesce.) Ce faisant, on ne sera plus contraint d'utiliser des médicaments élaborés pour soigner les adultes, et simplement administrés à des doses plus faibles.
Il est nécessaire de garantir aux enfants et aux adolescents l'accès aux technologies innovantes de biologie moléculaire et d'imagerie fonctionnelle pour individualiser les traitements en proposant une médecine adaptée et personnalisée. Il y a plusieurs formes de cancer : il faut donc s'adapter à chacune d'entre elle.
Il conviendrait de tripler le nombre de nouveaux médicaments anticancéreux développés en France, de renforcer la recherche et l'évaluation de nouvelles stratégies thérapeutiques. Il faudrait également structurer et systématiser le suivi à long terme des enfants après leur guérison. Enfin, il faudrait mettre en uvre une recherche clinique et génétique pour réduire les complications chez les adultes guéris d'un cancer dans leur enfance.
Quelles sont les mesures que le Gouvernement entend mettre en uvre pour relever ce défi de santé publique ? Quelle place compte-t-il réserver à ces dispositions dans le cadre du plan cancer III, qui devrait être prochainement lancé ?
M. le président. La parole est à Mme la ministre déléguée.
Mme Anne-Marie Escoffier, ministre déléguée auprès de la ministre de la réforme de l'État, de la décentralisation et de la fonction publique, chargée de la décentralisation. Monsieur le sénateur, je suis heureuse que vous ayez pu nous rejoindre à temps pour que je vous apporte la réponse de Marisol Touraine, qui est retenue par d'autres obligations. Je le fais d'autant plus volontiers que mon département, l'Aveyron, accueille chaque année la belle opération « Tout le monde chante contre le cancer », qui concourt au financement de la lutte contre le cancer des enfants.
Chaque année en France, près de 2 500 nouveaux cas de cancer sont diagnostiqués chez les enfants et les adolescents. Cependant, en trente ans, le taux de survie des enfants atteints de cancer s'est considérablement amélioré, passant de 25 % à près de 80 %. Ces chiffres nous mettent tout de même un peu de baume au cur.
Dans le cadre du plan cancer 2009-2013, plusieurs appels à projets ont été lancés par l'Institut national du cancer, l'INCa, pour soutenir des projets intégrés et novateurs en faveur de la prise en charge des adolescents et des jeunes adultes atteints de cancer et pour le suivi des patients traités pour un cancer durant l'enfance ou l'adolescence.
Actuellement, des actions de santé publique sont en cours, avec deux registres nationaux spécialisés des cancers de l'enfant, l'un sur les hémopathies malignes et l'autre sur les tumeurs solides. Par ailleurs, une plateforme d'observation des cancers de l'enfant, localisée au centre de lutte contre le cancer de Villejuif, permet d'améliorer les connaissances épidémiologiques, en lien avec la biologie.
Dans le cadre de la recherche, des actions engagées par l'INCa et l'institut thématique multi-organismes cancer, ITMO cancer, ont été développées dans les domaines de la biologie, des facteurs de risque, des sciences humaines et sociales, de l'épidémiologie, de la santé publique et des facteurs environnementaux et génétiques liés aux cancers.
Plusieurs essais cliniques à promotion académique ou industrielle sont actuellement ouverts aux inclusions des enfants atteints de cancer, environ un quart concernant des enfants souffrant d'un cancer cérébral.
M. Alain Gournac. Oui !
Mme Anne-Marie Escoffier, ministre déléguée. Ces essais cliniques et thérapeutiques correspondent à des programmes de recherche portant notamment sur la radiothérapie, les faibles et fortes doses de radiations en relation avec les cancers de l'enfant et la prise en charge des cancers pédiatriques. Ils bénéficient d'un financement significatif : entre 2007 et 2011, les crédits qui leur ont été alloués se sont élevés à 38 millions d'euros.
Vous le savez, de nombreuses associations de parents se sont fortement investies dans le soutien à la recherche, dans l'amélioration de la qualité des soins, de la prise en charge des jeunes patients et de l'accompagnement de leurs familles.
Pour autant, le Gouvernement en est pleinement conscient, les efforts doivent être poursuivis et intensifiés. C'est pourquoi le Président de la République a annoncé le 4 décembre 2012 l'élaboration d'un nouveau plan cancer, que vous-même appelez de vos vux. Ce plan est actuellement en cours d'élaboration. La question des cancers des enfants y figurera comme l'une des priorités dans le cadre de la lutte contre les inégalités aux plus jeunes âges de la vie.
Monsieur le sénateur, soyez certain que je transmettrai, avec une attention toute particulière, votre question à Mme la ministre de la santé.
M. le président. La parole est à M. Alain Gournac.
M. Alain Gournac. Madame la ministre, je tiens tout d'abord à vous remercier. Pour ne rien vous cacher, je tremblais d'être en retard, car c'est certainement la question la plus importante que j'aie jamais posée depuis que je suis au Sénat. J'étais bloqué dans les embouteillages de Paris, et j'en étais malade ! Cela étant, Philippe Bas, que je salue, était d'accord pour poser cette question à ma place, le cas échéant, et je suis certain qu'il l'aurait fait très bien.
Je le répète, nous souhaitons que le futur plan cancer cible clairement les cancers des enfants. De plus, une fois guéris, ces jeunes patients doivent être suivis pour pouvoir mener une vie normale. En effet, c'est bien d'être sauvé mais ce n'est pas suffisant ! Vous avez cité une association que vous connaissez bien ; je connais bien le lieu où elle organise sa manifestation annuelle. Pour ma part, je travaille plus particulièrement avec une association qui s'appelle « Imagine for Margo ». Celle-ci est présidée par Mme Patricia Blanc, qui est présente dans les tribunes et qui mène un travail remarquable. En lien avec le professeur Gilles Vassal, qui est un praticien exceptionnel, directeur de la recherche clinique de l'Institut Gustave-Roussy à Villejuif, elle organise une grande mobilisation appelée la marche « Enfants sans cancer ». Cette manifestation aura lieu au domaine national de Saint-Cloud le 29 septembre prochain.
Madame la ministre, toutes les initiatives, conduites tant dans votre département qu'en région parisienne, doivent nous permettre de faire mieux. Sauf votre respect, dire : « On donne une pilule pour un adulte, donnons-en la moitié ou le quart pour un enfant », ce n'est pas administrer un traitement ! Nous voulons une recherche spécifique pour le cancer des enfants. Je sais que vous êtes une personne sensible, et que vous ne m'oublierez pas.
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