Question de Mme BENBASSA Esther (Val-de-Marne - ECOLO) publiée le 17/05/2013
Question posée en séance publique le 16/05/2013
Concerne le thème : Politique de lutte contre le terrorisme dans notre pays
Mme Esther Benbassa. Monsieur le ministre, en octobre dernier, nous débattions dans cet hémicycle du projet de loi relatif à la sécurité et à la lutte contre le terrorisme. Aux yeux du groupe écologiste, ce texte, promulgué en décembre 2012, n'était pas sans soulever de nombreuses questions, notamment au regard du respect des libertés individuelles.
Si une législation antiterroriste efficace est nécessaire, elle ne peut à mon sens atteindre son objectif que si elle est accompagnée d'une politique volontariste de prévention pour endiguer l'émergence de ce fléau en France.
Cette prévention peut être multiforme et doit commencer dès l'école.
Par ailleurs, il convient d'imposer aux imams l'obligation de suivre un enseignement moderne dans un établissement spécialement dédié, comme ce fut le cas au XIXe siècle pour les rabbins avec l'École rabbinique de Metz, rapatriée ensuite à Paris et aujourd'hui établie rue Vauquelin.
On peut également envisager la nomination d'aumôniers des prisons ayant, eux aussi, suivi un enseignement ad hoc, pour éviter la propagation de l'islam radical dans ces lieux d'enfermement.
Ainsi, ma question est la suivante : parallèlement à l'élargissement de l'arsenal législatif et à la création de zones de sécurité prioritaires, quelles sont les mesures que vous envisagez pour prévenir efficacement toutes les formes de radicalisation qui touchent au premier chef des jeunes musulmans défavorisés dans nos fameux ghettos ?
Mme Gisèle Printz. Très bien !
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Réponse du Ministère de l'intérieur publiée le 17/05/2013
Réponse apportée en séance publique le 16/05/2013
M. Manuel Valls, ministre. Madame la sénatrice, je souligne en premier lieu que la question du terrorisme dépasse largement la problématique de l'islam radical.
M. Jean-Jacques Mirassou. Voilà !
M. Alain Gournac. En effet !
M. Manuel Valls, ministre. De fait, nous devons faire face à d'autres formes de terrorisme, venant de l'ultra-gauche ou de l'ultra-droite, ou encore de régions spécifiques comme le Pays basque, que j'ai déjà évoqué.
Toutefois, dans ce cadre, l'islamisme radical constitue incontestablement un défi. Vous l'avez souligné avec raison.
La « contre-radicalisation », si elle ne figure pas dans notre vocabulaire, constitue un véritable sujet. Cette question est d'ailleurs traitée à l'échelle européenne. À cet égard, je salue la qualité des travaux engagés par le Coordinateur européen de la lutte contre le terrorisme, Gilles de Kerchove.
J'ai moi-même pris part à un séminaire consacré à ces enjeux. En effet, avec nos différents partenaires européens, nous nous efforçons de confronter nos analyses et de trouver, ensemble, des solutions.
L'école est évidemment un lieu au sein duquel nous pouvons agir.
Par ailleurs, la prévention de la radicalisation passe par un contrôle resserré des lieux de culte radicaux, qui va de pair avec la problématique de la formation des imams. Je constate à ce titre que vous saluez, de manière tout à fait exceptionnelle, l'action menée par l'empereur Napoléon Ier ! Je ne connaissais pas cette référence mais, en tout état de cause, des initiatives ont été engagées au XIXe siècle. Nous pourrions nous en inspirer pour ce qui nous concerne, en ce début de XXIe siècle.
En outre, le milieu carcéral constitue un foyer de radicalisation qu'il faut prendre en compte.
Enfin, il faut mener un travail de prévention à l'échelle des territoires défavorisés, et notamment au sein des quartiers populaires. Ce matin même, j'ai rencontré les représentants d'une association qui travaille beaucoup sur ces questions et que préside M. Denoix de Saint Marc. En effet, je suis persuadé que la société civile doit, elle aussi, s'impliquer sur ce dossier, notamment à travers les associations.
La répression est indispensable, le travail de renseignement l'est tout autant. Toutefois, comme j'ai déjà eu l'occasion de l'affirmer en présentant la loi relative à la sécurité et à la lutte contre le terrorisme, nous devons également lutter contre tous ceux qui travaillent à changer les mentalités et qui constituent le ferment d'une véritable menace pour notre pays.
M. le président. La parole est à Mme Esther Benbassa, pour la réplique.
Mme Esther Benbassa. Monsieur le ministre, je constate que vous semblez d'accord avec moi ! (Exclamations amusées sur les travées de l'UMP.) Dans ce cas, mettons en uvre sans tarder ces mesures de prévention !
M. Alain Gournac. Bravo !
M. Roger Karoutchi. Très bien !
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