Question de M. GATTOLIN André (Hauts-de-Seine - ECOLO) publiée le 12/04/2013
Question posée en séance publique le 11/04/2013
M. André Gattolin. Ma question s'adresse à Mme la ministre des droits des femmes, porte-parole du Gouvernement. (Exclamations sur certaines travées de l'UMP.)
Madame la ministre, le Président de la République effectuera son premier voyage officiel en Chine les 25 et 26 avril prochain. Nous ne disposons pas encore d'un ordre du jour précis, mais il semble que ce déplacement vise notamment à stimuler les relations commerciales entre nos deux pays.
De fait, ce sont là des enjeux importants. Ils ne doivent cependant pas en occulter d'autres, en particulier ceux qui se rapportent au respect des libertés civiles et des droits humains, auxquels notre pays a toujours été très attaché.
À ce sujet, et sans réduire la question des libertés en Chine à ce seul point, la situation actuelle du Tibet est particulièrement préoccupante.
Depuis le mois de février 2009, 112 Tibétains se sont immolés par le feu pour protester contre les atteintes graves aux droits humains au Tibet. Ce décompte macabre évolue malheureusement de jour en jour. Il traduit le désespoir absolu d'un peuple qui refuse de voir sa culture et son avenir annihilés.
Depuis de nombreux mois, l'accès à cette région est totalement fermé aux étrangers, qu'il s'agisse de diplomates, d'organisations humanitaires, de journalistes ou de simples voyageurs.
Inquiet de cette situation, le Sénat, à l'initiative de son groupe d'information internationale sur le Tibet, a adopté le 27 novembre dernier une résolution européenne relative à l'action européenne en faveur de la protection des droits des Tibétains.
Cette résolution met notamment l'accent sur un recours disproportionné à la force face aux manifestations au Tibet et sur l'impasse actuelle des pourparlers entre le gouvernement chinois et les émissaires du dalaï-lama. Elle demande au Haut Représentant de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité de confier au Représentant spécial de l'Union européenne pour les droits de l'homme, M. Lambrinidis, un mandat pour faire de la question tibétaine une priorité de son action.
La France n'est pas la seule à se préoccuper ainsi de la situation au Tibet. Plusieurs autres pays ont également voté des résolutions allant dans le même sens.
Cette semaine, lors d'un voyage officiel en Chine, la Première ministre australienne n'a pas manqué d'exprimer auprès du président Xi Jinping sa vive préoccupation quant au respect des droits de l'homme en Chine, au Tibet en particulier.
Madame la ministre, ma question porte sur trois points précis.
Premièrement, le Président de la République entend-il lui aussi évoquer avec son homologue chinois la question des droits de l'homme en Chine et à l'intérieur du Tibet ?
Deuxièmement, le Président de la République est-il favorable à une médiation européenne, ainsi que le propose le Sénat dans la résolution précitée ?
Troisièmement, enfin, le Président de la République envisage-t-il, dans un avenir proche, de recevoir le dalaï-lama en France ou, à tout le moins, M. Lobsang Sangay, Premier ministre du gouvernement tibétain en exil ? (Applaudissements sur les travées du groupe écologiste et du groupe socialiste.)
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Réponse du Ministère des droits des femmes publiée le 12/04/2013
Réponse apportée en séance publique le 11/04/2013
Mme Najat Vallaud-Belkacem, ministre des droits des femmes, porte-parole du Gouvernement. Monsieur le sénateur, je vous prie d'excuser Laurent Fabius, retenu à la réunion des ministres des affaires étrangères du G8, à Londres.
M. Jean-Claude Gaudin. Mais vous êtes enfin là !
Mme Najat Vallaud-Belkacem, ministre. Vous avez raison, la vague d'immolations observée depuis le printemps 2011 dans les régions de peuplement tibétain en Chine suscite, partout dans le monde, émotion et tristesse.
À cet égard, la France s'est exprimée publiquement pour faire part, systématiquement, de sa préoccupation profonde face aux récents développements, pour rappeler son attachement au respect des droits de l'homme, à la liberté de religion, à la liberté de conviction, ainsi qu'à la préservation de la culture et des traditions tibétaines.
Monsieur le sénateur, en ce domaine, la position de la France est constante. Nous considérons que le dialogue entre les autorités chinoises et le dalaï-lama est la voie pour parvenir à une solution durable qui respecte pleinement l'identité culturelle et spirituelle tibétaine, et ce au sein de la République populaire de Chine.
Le prochain déplacement du Président de la République en Chine sera l'occasion de renforcer notre dialogue et notre partenariat dans tous les domaines. Ce partenariat est global, il n'oublie aucun sujet, il porte sur tous les thèmes d'intérêt commun, et il va de soi que les droits de l'homme en font partie intégrante. Dans ce cadre, aucun sujet n'est exclu, toutes les questions seront abordées, dans un esprit de franchise et de respect mutuel.
La situation des droits de l'homme en Chine, en particulier dans sa dimension tibétaine, est très régulièrement évoquée dans les institutions de l'Union européenne, ainsi qu'avec l'ensemble des États membres. L'Union européenne s'est d'ailleurs dotée d'un Représentant spécial pour les droits de l'homme.
Par ailleurs, la situation du Tibet est mentionnée lors de chaque session du dialogue euro-chinois sur les droits de l'homme. Nous continuerons notre action, nous sommes décidés à le faire, de conserve avec chacun de nos partenaires européens.
Enfin, sachez que, pour le moment, nous n'avons pas connaissance d'un projet de visite du dalaï-lama en France. (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et sur certaines travées du groupe écologiste.)
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