Question de M. FICHET Jean-Luc (Finistère - SOC) publiée le 05/04/2013
Question posée en séance publique le 04/04/2013
Concerne le thème : L'industrie pharmaceutique
M. Jean-Luc Fichet. Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, l'industrie pharmaceutique est aujourd'hui regardée avec méfiance. Le doute s'est installé dans l'esprit du consommateur, et ce pour deux raisons essentielles.
La première raison, c'est que nombre de produits proposés sont des produits de laboratoire, des médicaments cosmétiques qui n'apportent rien au malade. La particularité de ces médicaments est qu'ils coûtent cher et participent à la bonne santé de nos laboratoires et, parallèlement, au déficit de la sécurité sociale !
La seconde raison tient à la confusion de plus en plus grande qui s'installe dans la perception du consommateur. Comment comprendre qu'un traitement pour le diabète soit prescrit comme coupe-faim ? Il faut être en bonne santé pour y comprendre quelque chose !
Face à ce doute, les réactions sont multiples. Le patient garde confiance en son médecin et en son pharmacien, mais il s'autorise de plus en plus à intervenir sur la prescription, exprimant auprès de son médecin, ou de son pharmacien en cas d'automédication, le souhait de prendre des produits les moins chimiques possible. Tout ce qui est à base de plantes est beaucoup mieux perçu, surtout chez les jeunes et les personnes qui se documentent et souhaitent prendre soin d'elles-mêmes de façon plus naturelle.
Beaucoup de médecins sont à l'écoute de leurs patients et, de plus en plus fréquemment, prescrivent des préparations magistrales, tout particulièrement quand il s'agit de porter remède à des désagréments ou à des troubles bénins : je pense aux troubles du sommeil et de la digestion, aux douleurs articulaires, etc. Les pharmaciens sont tout à fait aptes à répondre à cette demande de préparations magistrales ; certains ont même fait la démarche de suivre une formation complémentaire pour parvenir à une parfaite maîtrise de ces préparations.
C'est pourquoi je souhaite savoir, madame la ministre, s'il est dans vos intentions de mettre à l'étude le remboursement de ces mêmes préparations par la sécurité sociale.
Je précise que ces remboursements existaient encore il y a peu d'années, avant leur suppression par le ministre Philippe Séguin.
Il s'agit non de créer une nouvelle dépense pour la sécurité sociale surtout pas ! mais bien de répondre à une nouvelle demande de nos jeunes populations, lesquelles expriment une volonté de se soigner mieux et de manière moins coûteuse
Afin d'être certain que cette proposition constitue non une nouvelle dépense pour la sécurité sociale, mais une alternative à une certaine médication trop coûteuse, je suggère, parallèlement, de restreindre le remboursement de nombreux médicaments dont l'inutilité est avérée et qui sont déjà répertoriés dans des ouvrages d'éminents spécialistes de santé.
M. le président. Veuillez conclure, mon cher collègue !
M. Jean-Luc Fichet. Bien évidemment, cette proposition d'élargir le déremboursement doit se faire avec un accompagnement des malades et avec l'objectif général d'une meilleure prise en charge par la médecine allopathique.
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Réponse du Ministère des affaires sociales et de la santé publiée le 05/04/2013
Réponse apportée en séance publique le 04/04/2013
Mme Marisol Touraine, ministre. Monsieur le sénateur, j'entends bien votre préoccupation et votre volonté de répondre aux attentes d'une partie de la population.
Pour autant, je tiens à dire ici avec force que nous ne pouvons pas faire comme si les médicaments n'avaient pas, pour un certain nombre d'entre eux, représenté des avancées considérables.
M. Bruno Sido. Bien sûr !
Mme Marisol Touraine, ministre. Aujourd'hui, par exemple du fait de la résistance aux antibiotiques, c'est notre capacité à maintenir des traitements efficaces qui est en jeu.
Les préparations magistrales, qui sont des médicaments préparés par les pharmaciens, ne peuvent être réalisées qu'en l'absence de spécialités pharmaceutiques disposant d'une autorisation de mise sur le marché ou même d'une autorisation temporaire d'utilisation.
Aujourd'hui, ces préparations ne sont pas évaluées. Elles ne font pas l'objet d'une appréciation en termes de bénéfice-risque. Il faut donc être extraordinairement prudent quant à leur prescription, laquelle relève de la seule responsabilité du médecin et du pharmacien qui les préparent et les délivrent.
Il s'agit, par conséquent, de perspectives ou de possibilités qui ne peuvent rester qu'exceptionnelles.
Pour autant, monsieur le sénateur, j'ai envie de vous dire que nous avons tous, à certains moments de notre vie, eu recours, pour des problèmes bénins, à des préparations « naturelles » - pour reprendre votre vocabulaire. Cela s'est toujours fait et cela continuera à se faire !
Ainsi, un médecin peut prescrire du miel au patient qui a mal à la gorge, comme il peut lui conseiller de boire une tisane dans telle ou telle situation. Cela doit rester marginal et cela ne peut rester que marginal !
Je vous le dis, monsieur le sénateur, par respect pour vous, il me paraît difficile d'envisager que la sécurité sociale procède aux remboursements de ces prescriptions.
M. le président. La parole est à M. Jean-Luc Fichet, pour la réplique, en quelques secondes !
M. Jean-Luc Fichet. Je vous remercie, madame la ministre, de votre réponse. Comme cela a été dit précédemment, la recherche et l'innovation sont au cur de ce qui fait aujourd'hui la force de l'industrie pharmaceutique. Or j'évoque ici ce qui peut, en effet, constituer un domaine que l'on peut continuer à explorer parce qu'il y a là une vraie demande et parce qu'il y a là, aussi, une source de soins. Et je crois qu'il n'est pas mauvais de mettre le patient au cur des préoccupations de nos professionnels de santé et de notre industrie pharmaceutique !
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