Question de Mme DEMESSINE Michelle (Nord - CRC) publiée le 22/03/2013
Question posée en séance publique le 21/03/2013
Concerne le thème : L'Europe de la défense
Mme Michelle Demessine. Une fusion entre EADS et BAE Systems aurait pu être un exemple concret de constitution d'un groupe européen susceptible de relancer l'Europe de la défense, dont le Président de la République a fait l'une de ses priorités.
En effet, la France et le Royaume-Uni, qui représentent la moitié de l'effort militaire européen et les deux tiers des budgets de recherche, avaient estimé qu'il fallait rationaliser et coordonner leurs efforts pour optimiser les dépenses.
Cette fusion n'a pu aboutir, car, hélas, il ne s'agissait pas véritablement de mutualisation ni de coopération. En réalité, l'Allemagne, le Royaume-Uni, l'Espagne et la France se sont opposés sur des intérêts stratégiques, industriels et financiers divergents.
Par la suite, la perspective d'une sortie partielle des groupes Lagardère et Daimler du capital d'EADS a entraîné une renégociation du pacte des actionnaires publics, laquelle s'est malheureusement faite au détriment de notre pays et a surtout renforcé le poids des actionnaires privés dans le capital du groupe, à la grande satisfaction, dirai-je, du P-DG d'EADS, Tom Enders, qui ne perd pas une occasion de déclarer qu'il n'est pas favorable à l'actionnariat d'État.
La décision d'entériner cette modification de la structure du capital, ainsi que la nouvelle gouvernance qui en découle, devrait être prise le 27 mars, lors d'une assemblée générale extraordinaire des actionnaires du groupe.
Monsieur le ministre, je souhaiterais donc savoir si les représentants de l'État vont approuver sans réagir ces modifications qui me semblent contraires à la protection de nos intérêts en matière de défense nationale.
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Réponse du Ministère de la défense publiée le 22/03/2013
Réponse apportée en séance publique le 21/03/2013
M. Jean-Yves Le Drian, ministre. Madame la sénatrice, vous avez rappelé comment les discussions entre le groupe EADS et BAE Systems ont abouti à un échec.
Nous avions travaillé en profondeur sur cette question et avions même, de notre côté, bien progressé sur la structuration actionnariale, les garanties tant industrielles qu'en termes d'emploi, ainsi que sur nos propres intérêts en matière de défense ; je pense, en particulier, à la dissuasion.
J'ai moi-même entretenu des relations très étroites avec les ministres allemand et britannique de la défense, mais il y a également eu d'autres contacts à un plus haut niveau.
Nous avions, me semble-t-il, en tout cas en ce qui nous concerne, réussi à faire converger des positions, mais les entreprises ont jugé qu'il n'était pas possible de faire converger à la fois les positions des États et celles des principaux actionnaires. Il en est résulté un échec, à la suite duquel les parties se sont mobilisées pour résoudre les principaux problèmes de gouvernance d'EADS en un temps record. C'est dans ce cadre qu'ont été conclus, en décembre dernier, les accords de restructuration de l'actionnariat d'EADS.
Ces accords permettent la sortie des actionnaires historiques, Daimler et Lagardère, sans déstabiliser le groupe, la constitution d'un noyau d'actionnaires soudés autour de la France, l'Allemagne et l'Espagne, la protection du groupe vis-à-vis de prises de contrôle hostiles, la normalisation de la gouvernance du groupe et le renforcement de la protection de nos propres actifs, en particulier les actifs de souveraineté liés à la dissuasion, qui seront placés dans une filiale au sein de laquelle nous disposerons de droits renforcés.
Eu égard à ces avancées, nous considérons que les principes de restructuration actés par les actionnaires pourront être validés lors de l'assemblée générale du 27 mars prochain, à laquelle vous faisiez référence.
Je considère qu'EADS va bien, même sans la fusion avec BAE Systems, et je me félicite de ce que nous puissions franchir le cap délicat de la restructuration en préservant les intérêts de la France.
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