Question de Mme BRUGUIÈRE Marie-Thérèse (Hérault - UMP-A) publiée le 15/02/2013
Question posée en séance publique le 14/02/2013
Concerne le thème : La gynécologie médicale
Mme Marie-Thérèse Bruguière. Madame la ministre, vous avez déjà largement répondu à la question que je souhaitais poser, mais peut-être pourrez-vous m'apporter quelques éclaircissements supplémentaires.
Aujourd'hui, la France compte 1 000 gynécologues. Selon des projections, ils ne seront plus que 600 en 2015 et 180 en 2020, pour le même nombre de patientes. Les délais pour obtenir un rendez-vous sont de plus en plus longs. Selon les territoires, il faut parfois attendre jusqu'à six mois.
Un tel manque d'effectifs est fortement préjudiciable au suivi de la santé des femmes. D'après les données de l'Institut national d'études démographiques, 12,2 % des jeunes femmes âgées de 20 à 24 ans ont déclaré, en 2010, ne pas avoir de suivi habituel, contre 6,9 % en 2000.
Pourtant, cette spécialité médicale est la seule qui garantisse aux femmes un suivi personnalisé, notamment en matière de prévention et de dépistage de certaines maladies. Cette démarche fonctionne très bien dans notre pays : en effet, le nombre des cancers du col de l'utérus y a été divisé par quatre en vingt ans ; la France est le pays où l'on pratique le moins d'hystérectomies, tandis que le taux de survie à cinq ans au cancer du sein des femmes françaises, qui s'établit à 84 %, est l'un des meilleurs en Europe.
Vous avez indiqué que, pour pallier le manque d'effectifs, le numerus clausus serait relevé à trente postes en 2013 et passerait à trente-cinq en 2015. Toutefois, cette augmentation n'est peut-être pas suffisante. J'appelle votre attention sur le fait que de plus en plus de femmes d'âge mûr préfèrent consulter un gynécologue médical plutôt qu'un obstétricien. À partir d'un certain âge, on n'a pas forcément envie de se retrouver dans une salle d'attente en compagnie de femmes enceintes jusqu'aux dents ! (Sourires.)
Par ailleurs, la loi du 21 juillet 2009 portant réforme de l'hôpital et relative aux patients, à la santé et aux territoires, dite « loi HPST », prévoit de recourir à des prévisions quinquennales du nombre d'internes à former. Vous nous avez déjà répondu sur ce point ; je vous en remercie, madame la ministre.
Des années d'action obstinée ont abouti à la création d'un diplôme spécifique de gynécologie médicale, le 1er février 2013. Ce combat a exprimé de manière éclatante l'attachement des femmes à cette spécialité « sur mesure » pour elles. Aujourd'hui, cet attachement demeure. Je le répète, les femmes d'âge mûr préfèrent consulter un gynécologue : à chacun son champ de compétence.
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Réponse du Ministère des affaires sociales et de la santé publiée le 15/02/2013
Réponse apportée en séance publique le 14/02/2013
Mme Marisol Touraine, ministre. Madame la sénatrice, je partage votre constat. Comment en est-on arrivé là ? Il est parfois utile de faire un peu d'histoire.
M. Yvon Collin. Toujours !
Mme Marisol Touraine, ministre. C'est Mme Michèle Barzach, ministre de la santé du gouvernement Chirac, qui a supprimé la spécialité de gynécologie médicale en 1986 ; elle-même était pourtant gynécologue.
Mme Roselyne Bachelot, ministre de la santé du gouvernement Fillon, a consacré la fin de la gynécologie médicale en réduisant le nombre de places à l'examen classant national et en considérant que cette spécialité n'avait pas de raison d'être. Selon elle, la gynécologie médicale étant de plus en plus spécialisée, la discipline devait se développer dans le cadre de projets cliniques à l'hôpital renvoyant à des problématiques très spécifiques, tandis que, en ville, les femmes pouvaient se tourner vers d'autres professionnels.
À mon sens, cette approche exclusivement hospitalière de la gynécologie médicale a contribué à peser sur la démographie de cette profession et à constituer le problème auquel nous sommes aujourd'hui confrontés.
J'ai la volonté de faire en sorte que les femmes puissent trouver en ville un gynécologue médical, selon des modalités qu'il convient évidemment d'organiser et d'aménager. Grâce aux mesures que j'ai commencé de prendre, nous devrions avoir formé, à la fin de l'année 2016, dans la perspective de l'examen classant national de 2017, 50 % de gynécologues médicaux de plus que si nous en étions restés au numerus clausus de 2011. Par cette démarche volontariste, nous aurons ainsi, me semble-t-il, franchi une étape importante. (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et du groupe écologiste, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
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