Question de M. KALTENBACH Philippe (Hauts-de-Seine - SOC) publiée le 21/12/2012
Question posée en séance publique le 20/12/2012
M. Philippe Kaltenbach. Ma question s'adresse à Mme la ministre de l'égalité des territoires et du logement.
Madame la ministre, jeudi dernier, le 13 décembre, M. Auzannet vous a remis son rapport sur la faisabilité du Grand Paris Express,
M. Alain Gournac. Oh là là !
M. Philippe Kaltenbach.
ce métro automatique autour de Paris.
Comme cela était malheureusement prévisible, il a tout d'abord confirmé les approximations dont s'est rendu coupable le précédent gouvernement dans l'évaluation financière du projet. (Exclamations sur les travées de l'UMP.) Eh oui !
M. Alain Gournac. C'est la faute de Sarkozy !
M. David Assouline. On en a parlé !
M. Michel Berson. Et vous le savez très bien !
M. Philippe Kaltenbach. L'estimation du coût global a fait un bond de près de 50 %. Elle est passée de 20 milliards à 30 milliards d'euros, excusez du peu ! Quand je pense que ceux qui ont commis cette erreur grossière donnent aujourd'hui des leçons
M. Alain Gournac. Que c'est petit : je suis triste pour vous !
M. Philippe Kaltenbach. Il est pourtant indispensable que ce projet se fasse. La réalité des conditions de transport des usagers nous le rappelle quotidiennement.
Le Grand Paris Express doit être mis en œuvre avec la cohérence et l'envergure que nous voulons pour ce nouveau réseau de transport collectif.
Devant l'ampleur de la sous-évaluation du coût du projet par l'ancien gouvernement, nous sommes conscients qu'un nouveau phasage sera nécessaire. Il n'y a que quelques démagogues pour réclamer que tout le projet soit réalisé dans les délais initiaux, sans expliquer où trouver les 10 milliards d'euros supplémentaires nécessaires.
Cependant, les élus locaux de la région-capitale n'ont pas manqué de faire part de leurs inquiétudes depuis la remise du rapport Auzannet et de ses propositions sur le phasage du projet.
M. Alain Gournac. Très mauvais rapport !
M. Philippe Kaltenbach. Ces inquiétudes sont multiples et se fondent essentiellement sur notre capacité à ne pas « saucissonner » le projet, afin de lui conserver toute son efficacité.
Au Sud-Est, elles portent sur l'interopérabilité entre la ligne rouge et la ligne orange, à la station Champigny-Centre, et sur la nécessité de réaliser l'arc Sud jusqu'à Noisy-Champs dans les délais prévus.
Au Nord-Est, ces inquiétudes visent le triangle de Gonesse.
À l'Ouest, elles concernent la liaison entre Pont-de-Sèvres et Nanterre, afin d'assurer le bouclage autour de Paris.
Madame la ministre, le réseau francilien accueille, chaque jour, 8 millions de voyageurs.
Dans la longue liste des bombes à retardement laissées dans les tiroirs par M. Sarkozy, il y a ce surcoût de 10 milliards d'euros. (M. André Reichardt s'exclame.) Les élus en prennent acte et voient bien la nécessité de « phaser » le projet.
Cependant, si nous voulons réussir le pari du Grand Paris Express dans un délai suffisamment raisonnable, pour répondre aux besoins d'un réseau francilien dont la fréquentation s'est accrue de 20 % ces dix dernières années, nous sommes aussi conscients qu'il faudra dégager de nouvelles ressources.
Madame la ministre, même si les arbitrages du Gouvernement ne sont attendus que pour le mois de février 2013, pouvez-vous rassurer les élus locaux et les sénateurs qui souhaitent être concertés et associés sur le phasage, comme sur le financement ? (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste. MM. André Gattolin et Ronan Dantec applaudissent également.)
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Réponse du Ministère de l'égalité des territoires et du logement publiée le 21/12/2012
Réponse apportée en séance publique le 20/12/2012
Mme Cécile Duflot, ministre de l'égalité des territoires et du logement. Monsieur Kaltenbach, je vous remercie de votre question très précise.
M. Gérard Larcher. Ah !
Mme Cécile Duflot, ministre. Je tiens à le redire pour que tout soit clair, le 1er septembre dernier, j'ai diligenté une mission, confiée à M. Auzannet, pour évaluer les coûts réels du Grand Paris Express. Il s'avère que ces derniers ont été effectivement sous-évalués, et ce pour plusieurs raisons.
Premièrement, en raison de la dérive monétaire, les euros 2008 n'ont nécessairement pas la même valeur que les euros 2012.
Deuxièmement, le coût complet de la ligne orange n'a pas été correctement évalué.
Troisièmement, le prix des interconnexions au réseau de transport existant ne figurait, malheureusement, ni dans le budget des opérateurs existants ni dans celui du Grand Paris Express.
Quatrièmement, enfin, une actualisation était nécessaire compte tenu des évolutions apportées au projet de certaines gares auxquelles tenaient beaucoup les élus locaux.
Voilà la réalité ! Vous l'avez dit, la différence est de 10 milliards d'euros. Je voudrais faire un rappel à destination de ceux qui pourraient mettre en cause la volonté du Gouvernement de ne pas mener à bien le projet tel qu'il avait été prévu, c'est-à-dire à l'échéance de 2026 : pour tout mettre en ordre de marche, il faudrait donc non seulement trouver 10 milliards d'euros supplémentaires, mais aussi et surtout réaliser 18 kilomètres de métro par an, ce qui, dans l'histoire, ne s'est jamais fait dans aucun chantier de par le monde.
Les objectifs annoncés à ce sujet sur le nombre de tunneliers disponibles et la maîtrise d'ouvrage étaient tout simplement intenables. Mieux vaut le dire clairement. Mesdames les sénatrices, messieurs les sénateurs, je veux rassurer tout le monde, vous, bien sûr, ainsi que les élus locaux et les dizaines de milliers de citoyens franciliens qui ont participé au débat public : le projet se fera.
M. Roger Karoutchi. On verra !
Mme Cécile Duflot, ministre. Le Premier ministre l'a redit le 30 octobre devant un certain nombre d'acteurs à Saclay,...
M. Alain Gournac. S'il l'a dit, c'est bon !
Mme Cécile Duflot, ministre. ... l'État apportera les montants nécessaires à son financement.
Pour que celui-ci puisse être réalisé dans de bonnes conditions, il faut le prioriser dans le cadre d'un dialogue, pour trouver un équilibre avec l'ensemble des élus de nature à répondre à tous les objectifs : la desserte de banlieue à banlieue, le développement d'un certain nombre de territoires, le désenclavement d'autres,...
M. Alain Gournac. À l'Ouest !
M. Gérard Larcher. Mantes-la-Jolie, par exemple !
M. Alain Gournac. Absolument !
Mme Cécile Duflot, ministre. ... qui, à l'image de Clichy-Montfermeil, attendent, depuis quarante ans, une desserte en transport en commun.
Nous ferons en sorte, parallèlement, de remettre à niveau les transports en commun existants, notamment dans les zones qui n'accueilleront pas ce nouveau réseau de transport dans les toutes prochaines années.
Telle est la volonté du Gouvernement, que je partage. Elle est ferme, elle est constante, elle ne se laissera pas emporter par des vaines polémiques ; personnellement, je m'attacherai à n'en alimenter aucune. Néanmoins, pour permettre la réalisation de ce projet, il faut agir avec sérieux, avec méthode, et dire la vérité. (Applaudissements sur plusieurs travées du groupe écologiste et sur les travées du groupe socialiste et du groupe CRC. - M. Stéphane Mazars applaudit également.)
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