Question de M. GILLES Bruno (Bouches-du-Rhône - UMP) publiée le 16/11/2012
Question posée en séance publique le 15/11/2012
M. Bruno Gilles. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'intérieur.
Vendredi dernier, le gérant du point-presse situé 6, avenue des Chutes-Lavie, dans le 4e arrondissement de Marseille, a été tué lors d'un braquage.
M. Mohamed Cheguenni est mort pour quelques dizaines d'euros, après avoir reçu plusieurs coups de couteau à la poitrine. Cet homme âgé de cinquante ans, ancien professeur de philosophie, était un honorable commerçant qui laisse derrière lui une femme et deux enfants.
En l'espace de quelques semaines, monsieur le ministre, il s'agit du deuxième meurtre commis dans l'un de mes arrondissements : voilà un peu plus d'un mois, lors d'un règlement de comptes, un individu avait été tué par balles à la terrasse d'un café au milieu de nombreux clients.
Pour retrouver des événements aussi tragiques dans les arrondissements dont je suis le maire depuis dix-sept ans, il faut remonter à l'année 1994 : la victime était alors le brigadier de police Claudie Darcy, âgé de trente-six ans, tué en service d'une balle en pleine poitrine, le 24 février 1994.
En cet instant, je tiens à saluer le remarquable travail de terrain des policiers marseillais et l'importante implication personnelle du nouveau préfet de police.
Après les promesses du Premier ministre et du ministre de l'intérieur d'augmenter les effectifs de police à Marseille, et les annonces successives de renforts de 300, puis de 205 fonctionnaires, et à la suite à l'arrivée récente de 135 d'entre eux, je souhaiterais, monsieur le ministre, savoir quel est le nombre exact envisagé.
La mort de ce commerçant prouve que la délinquance gagne des quartiers d'ordinaire calmes. Les zones de sécurité renforcée sud et nord, ainsi que la vidéo surveillance du centre-ville mise en place par la municipalité de Jean-Claude Gaudin, provoquent un déplacement immédiat de la délinquance.
Monsieur le ministre, je souhaiterais savoir si les renforts attendus seront majoritairement déployés sur le terrain. Quelle sera la proportion d'entre eux dans les arrondissements dont je suis maire les 4e et 5e arrondissements et qui sont devenus la cible des délinquants ?
Mme Éliane Assassi. Ce n'est pas une question orale !
M. Bruno Gilles. Vous comprendrez mon souci de faire en sorte que ces arrondissements ne soient pas oubliés dans le cadre du plan anti-hold-up, dit « plan Danton ». (Applaudissements sur les travées de l'UMP et de l'UDI-UC.)
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Réponse du Ministère de l'intérieur publiée le 16/11/2012
Réponse apportée en séance publique le 15/11/2012
M. Manuel Valls, ministre de l'intérieur. À mon tour, monsieur Gilles, je tiens à exprimer mon émotion et à adresser toutes mes condoléances, une nouvelle fois, à la famille de Mohamed Cheguenni et à ses proches.
Je comprends aussi l'émoi que cet acte suscite parmi les Marseillais, les habitants du quartier, les voisins de M. Cheguenni et les commerçants de proximité exerçant leur activité à Marseille ou ailleurs. Ces derniers doivent pouvoir accomplir leur travail utile à la société en toute sécurité.
Une enquête judiciaire est en cours et je ne doute pas que les agents de la police judiciaire parviendront à identifier et à arrêter l'auteur de ce crime.
Depuis le début du quinquennat, depuis le début de la législature, Marseille est au centre de nos attentions. Nous savons qu'il faudra du temps pour répondre aux défis de la délinquance, et ce d'autant plus que les Marseillais se sont fatigués des effets d'annonce.
Le Premier ministre a apporté une réponse globale lors du comité interministériel qui s'est tenu le 6 septembre, puis lors de son déplacement à Marseille, réponse qui ne s'est pas limitée aux questions de sécurité. C'est la première fois qu'un gouvernement fait de la sécurité et du développement économique de Marseille, deuxième ville de notre pays, une priorité.
Depuis le 2 novembre dernier, 120 fonctionnaires de police supplémentaires sont arrivés en renfort ; 40 gendarmes étaient déjà sur place à l'issue de l'été. Ils permettront de renforcer la présence policière sur la voie publique, notamment dans les deux zones de sécurité prioritaire annoncées cet été pour les quartiers nord, et ce matin pour les quartiers sud.
Vous avez raison, monsieur le sénateur, c'est tout Marseille qui doit être concernée. Cela signifie bien qu'un lourd problème de délinquance et d'insécurité pesait sur cette ville.
Dans les prochaines semaines, 30 fonctionnaires affectés à la police judiciaire et 15 à la sous-direction de l'information générale, le SDIG, arriveront à Marseille. Il faut, en effet, non seulement s'attaquer à l'économie souterraine, au trafic de drogue, au trafic d'armes, qui gangrènent les quartiers de cette ville, mais aussi occuper tout l'espace public : quartiers nord, quartiers sud, centre-ville. Il s'agit d'une priorité mais, à la suite des effets logiques que vous décriviez, c'est bien toute la ville qui doit être sécurisée.
Je me réjouis que la ville de Marseille se soit enfin dotée d'un plan de vidéo-protection et, progressivement, d'une police municipale à la hauteur des enjeux.
Sylvia Pinel et moi-même, nous sommes préoccupés par la situation des buralistes sur l'ensemble du territoire. Nous recevrons bientôt le président de l'Association des buralistes de France dans le cadre de la mise en place de ce plan anti-hold-up. En effet, de même que les stations-service et les bureaux de poste, pour des raisons évidemment liées à la présence d'argent, leurs commerces sont particulièrement vulnérables.
Monsieur le sénateur, la lutte contre l'insécurité et la délinquance est une cause nationale, et je me réjouis que, aujourd'hui, tous les élus aient la même position. Cela veut bien dire que chacun est convaincu que le Gouvernement est crédible, sur cette question comme sur toutes les autres. (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et du groupe écologiste.)
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