Question de M. TODESCHINI Jean-Marc (Moselle - SOC) publiée le 18/10/2012
M. Jean-Marc Todeschini appelle l'attention de M. le ministre de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la forêt sur la situation de la filière du chanvre industriel dans la perspective de la politique agricole commune (PAC) post 2013.
En effet, le chanvre industriel est une culture qui a été soutenue jusqu'en 2011 par l'Union européenne dans le cadre d'une organisation commune de marché (OCM) spécifique, l'OCM « lin et chanvre ». Au titre du règlement (CE) n°73/2009 du Conseil du 19 janvier 2009, les soutiens liés à cette production ont été intégrés dans le « droit à paiement unique », base de référence actuelle du calcul du soutien communautaire attribué à chaque exploitation agricole.
Toutefois, ce lien entre production de chanvre et perception d'aides communautaires a été brutalement rompu en 2012, ce qui se traduit par une perte de compétitivité immédiate de l'ordre de 200 euros par hectare de culture, et cela dans une conjoncture économique de prix très élevés des productions dominantes (céréales et oléagineux). Cette perte risque à terme de menacer cette filière qui constitue pourtant une opportunité pour la France dans le cadre d'une transition énergétique plus responsable.
Aussi, les projets de règlement de la PAC post 2013, basés sur la proposition de la Commission européenne au Parlement européen du 19 octobre 2011 offrent deux opportunités majeures de rééquilibrages partiels de la filière chanvre. D'une part, l'article 38 du projet COM (2011) 624 sur le recouplage des aides prévoit des soutiens spécifiques pour des secteurs agricoles rencontrant des difficultés et qui sont dans le même temps particulièrement importants pour des raisons environnementales. La France pourrait ici peser afin de maintenir le chanvre dans la liste de ces secteurs. D'autre part, l'article 32 du projet COM (2011) 625 relatif aux surfaces d'intérêt écologique prévoit qu'un pourcentage minimal de chaque exploitation pourrait être destiné à des actions favorables à l'environnement. Il est essentiel pour cette filière que l'État puisse intervenir afin que la culture du chanvre y soit nommément intégrée, ce qui n'est actuellement pas le cas dans le projet de la Commission européenne.
Dans ces conditions, il lui demande ce que l'État compte mettre en œuvre, particulièrement au niveau européen, afin de soutenir et de pérenniser la filière chanvre en France.
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Réponse du Ministère de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la forêt publiée le 06/12/2012
Les négociations sur la politique agricole commune (PAC) post-2013 sont engagées à l'échelle communautaire. Les propositions législatives de la Commission européenne, qui servent de base pour cette négociation, ont été rendues publiques à la mi-octobre 2011. Le projet de règlement relatif aux soutiens directs prévoit, notamment, un dispositif d'aide forfaitaire lié à la mise en uvre, par l'agriculteur, de mesures favorables à l'environnement. Cette aide, appelée « verdissement », doit représenter 30 % du budget total des aides directes. La Commission européenne propose trois mesures qui doivent être respectées par chaque agriculteur, dont une obligation consistant à prévoir 7 % de la surface agricole de l'exploitation, hors les prairies permanentes, à des éléments d'intérêt écologique comme les terres mises en jachère, les terrasses, les bandes tampons ou les particularités topographiques. La France est favorable au principe de verdissement car il contribue à la légitimité des soutiens directs versés aux agriculteurs. Toutefois, la proposition de la Commission européenne mériterait d'être améliorée. En particulier, en ce qui concerne le critère relatif aux surfaces d'intérêt écologique, il est opportun de retenir, au sein de ces surfaces, une liste d'éléments suffisante pour répondre aux enjeux du climat et de l'environnement de manière adaptée aux situations diverses des exploitations agricoles de l'Union européenne. Ainsi, au-delà des éléments proposés par la Commission européenne, certaines cultures nécessitant peu d'intrants et jouant un rôle important dans le stockage du carbone, comme le chanvre, présentent des caractéristiques qui devraient leur permettre d'être incluses dans cette liste. Par ailleurs, le projet de règlement relatif aux soutiens directs prévoit la possibilité d'octroyer des soutiens couplés pour certains secteurs agricoles particulièrement importants, pour des raisons économiques, sociales ou environnementales et qui rencontrent des difficultés économiques. Cette proposition de la Commission européenne semble être proche du point d'équilibre entre l'ensemble des États membres sur ce sujet sensible. Lorsque les négociations communautaires seront achevées, il conviendra d'évaluer les aides couplées pertinentes à mettre en uvre en France, en tenant compte des équilibres entre les filières et les territoires. Le débat sur les modalités de la PAC post-2013 est en cours. La France reste particulièrement attentive, au cours des négociations, à ce que les différents volets de la future PAC contiennent les dispositifs et les instruments appropriés aux différentes filières agricoles. À ce titre, le chanvre occupe une place particulière, du fait de ses avantages agronomiques et environnementaux et du développement de nouveaux débouchés très prometteurs, notamment dans la construction et les composites.
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