Question de M. SUTOUR Simon (Gard - SOC) publiée le 07/06/2012
M. Simon Sutour attire l'attention de Mme la ministre de l'écologie, du développement durable et de l'énergie sur l'avenir du centre météorologique du Mont Aigoual dans le département du Gard suite à la réorganisation des activités et des tâches de Météo-France sur l'ensemble du territoire.
Alors même que Météo-France réaffirme l'importance de ses missions de sécurité dans son dernier rapport d'activité, l'observatoire météorologique de l'Aigoual, situé au cœur des Cévennes si souvent exposées à des phénomènes météorologiques dangereux, vient de se voir retirer le 1er juin dernier, les bulletins de prévisions rédigés et enregistrés quotidiennement à l'observatoire au profit et de manière transitoire au centre météorologique territorial de Nîmes-Montpellier. Ces bulletins sont déterminants pour les institutionnels lors de situations sensibles et pour la prévention, mais aussi et surtout la gestion des situations de crises, notamment en cas d'épisodes dits de type « Cévenols ».
L'efficacité et l'expérience des professionnels sur place à l'année ne sont pas à démontrer et font de cette station depuis plus de 115 ans, un maillon indispensable de la prévision météorologique pour la région Languedoc-Roussillon.
Mais la suppression des bulletins quotidiens est malheureusement l'élément le plus visible du retrait de Météo-France sur ce centre, qui est pourtant de l'avis de tous, une de ses principales vitrines, puisque, d'une part, des doutes subsistent également quant à la mise à niveau de ses équipements techniques avec notamment l'installation du nouveau logiciel d'exploitation pourtant déjà installé sur l'ensemble du réseau depuis le 1er juin, et d'autre part des inquiétudes quant au remplacement des personnels partant en retraite. Tous ces éléments et notamment la perte du bulletin quotidien laissent présager un avenir sombre pour ce lieu emblématique de l'observation et de la prévision météorologique.
En effet, outre l'aspect prévision, l'observatoire est visité chaque année par plus de 300 000 personnes, les collectivités locales, au premier rang desquelles la communauté de communes de l'Aigoual ont beaucoup investi en moyens humains et financiers en cogérant notamment le météosite, en organisant des festivals et des expositions.
C'est pour cette zone un véritable poumon économique.
C'est pourquoi il souhaiterait qu'elle puisse apporter des garanties quant à la volonté de maintenir les activités du centre météorologique du Mont Aigoual, vitrine de Météo-France et dernier observatoire de France encore habité.
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Réponse du Ministère de l'écologie, du développement durable et de l'énergie publiée le 18/07/2012
Réponse apportée en séance publique le 17/07/2012
M. Simon Sutour. Madame la ministre, je souhaite attirer votre attention sur l'avenir du centre météorologique du mont Aigoual, dans le département du Gard, à la suite de la réorganisation des activités et des tâches de Météo France sur l'ensemble du territoire.
Alors même que Météo France réaffirme dans son dernier rapport d'activité l'importance de ses missions de sécurité, l'observatoire météorologique de l'Aigoual, situé au cur des Cévennes, si souvent exposées à des phénomènes météorologiques dangereux, s'est vu retirer le 1er juin dernier la responsabilité des bulletins de prévision, rédigés et enregistrés quotidiennement à l'observatoire, au profit, de manière transitoire, du centre météorologique territorial de Nîmes-Montpellier.
Ces bulletins sont déterminants, pour les institutionnels, lors de situations sensibles et pour la prévention, mais aussi et surtout pour la gestion des situations de crises, notamment en cas d'épisode dit de type « cévenol ».
L'efficacité et l'expérience des professionnels sur place à l'année ne sont pas à démontrer et font de cette station, depuis plus de cent quinze ans, un maillon indispensable de la prévision météorologique pour la région Languedoc-Roussillon.
Malheureusement, la suppression des bulletins quotidiens n'est que l'élément le plus visible du retrait de Météo France de ce centre, qui est pourtant, de l'avis de tous, l'une de ses principales vitrines. En effet, des doutes subsistent également quant à la mise à niveau de ses équipements techniques, notamment au travers de l'installation du nouveau logiciel d'exploitation, pourtant déjà présent sur tout le reste du réseau depuis le 1er juin. Par ailleurs, des inquiétudes se font jour quant au remplacement des personnels partant en retraite. Ce sont d'ailleurs plus que des inquiétudes, puisque, de fait, ils ne sont pas remplacés.
Tous ces éléments, et notamment la perte du bulletin quotidien, laissent présager un avenir sombre pour ce lieu emblématique de l'observation et de la prévision météorologiques.
Par ailleurs, outre l'aspect prévision, l'observatoire est visité chaque année par plus de 300 000 personnes. Les collectivités locales, au premier rang desquelles la communauté de communes de l'Aigoual, ont beaucoup investi en moyens humains et financiers, en cogérant notamment le météo-site et en organisant des festivals et des expositions. Une convention partenariale entre Météo France et la communauté de communes, signée en 2011 pour cinq ans, lie les deux parties.
Sans perspective ni engagement de la part de Météo France au-delà de cette période, il est problématique pour les élus de poursuivre les investissements envisagés sur ce site, incluant notamment un projet de muséographie et la création d'un espace dédié au changement climatique, qui serait le premier de ce type dans notre pays.
Madame la ministre, vous l'avez compris, cette station est un véritable poumon pour nos Cévennes, et les retombées économiques y sont considérables. Son efficacité technique n'est, de surcroît, plus à démontrer.
C'est pourquoi je souhaiterais que vous puissiez apporter des garanties quant à votre volonté de maintenir les activités du centre météorologique du mont Aigoual, vitrine de Météo France et pour longtemps, je l'espère, dernier observatoire de France encore habité.
M. le président. La parole est à Mme la ministre.
Mme Delphine Batho, ministre de l'écologie, du développement durable et de l'énergie. Monsieur Sutour, je suis, comme vous et comme tous les Français, très attachée à Météo France.
Cet opérateur rassemble des compétences de pointe extrêmement précieuses. Je tiens d'ailleurs à saluer tous ses personnels et leur sens du service public.
Comme vous le savez, la réorganisation de cet établissement public a été décidée par le précédent gouvernement.
Sur la période 2010-2013, plus d'un départ sur deux à la retraite n'a pas été remplacé. Il y a eu une baisse de 10 % des dépenses de fonctionnement. Une réorganisation territoriale a aussi été décidée par nos prédécesseurs pour passer de 108 à 55 centres d'ici à 2017.
Je sais qu'il en résulte une dégradation du climat social et de nombreuses inquiétudes dans nos territoires, dont vous vous faites l'écho aujourd'hui pour cette magnifique région des Cévennes.
Je ne vous cache pas qu'une des difficultés qui se posent est la baisse des recettes commerciales de Météo France du fait tant du libre accès sur Internet aux sources de données alternatives que du droit communautaire qui prévoit la généralisation de l'accès gratuit aux données météorologiques.
C'est dans ce contexte qu'il convient de maintenir un potentiel scientifique, et donc les investissements.
Tels sont les éléments de la situation que je vais examiner, sachant que le contexte de restrictions budgétaires actuel, qui s'applique à tous les opérateurs, ne rend pas les choses faciles, comme vous vous en doutez. Les marges de manuvre sont quasi inexistantes.
Néanmoins, je peux d'ores et déjà vous affirmer que j'entends veiller à ce que cette réorganisation s'effectue dans des conditions exemplaires au regard des missions de service public de Météo France, en particulier en matière de prévision et de prévention des risques et de sécurité des personnes et des biens.
Je m'attacherai également à ce que les investissements dans de nouveaux systèmes informatiques, les supercalculateurs notamment, permettent effectivement à l'établissement de conserver une expertise et une qualité reconnues sur le plan international.
Du point de vue territorial, je m'assurerai enfin que notre pays conserve le réseau d'information météorologique le plus dense d'Europe.
Comme vous le savez, les prévisions de Météo France se fondent sur un système national d'observation et de prévision, mis en uvre et piloté depuis le centre national météorologique installé à Toulouse. Les prévisions sont ensuite exploitées et adaptées à l'échelon interrégional, puis déclinées plus finement par des centres départementaux ou territoriaux, chargés de la prévision et de la diffusion des informations au niveau local.
Ces centres appuient les cellules de crise sous la responsabilité des préfets. L'observatoire du mont Aigoual n'exerce ainsi localement pas de responsabilité en matière de sécurité météorologique proprement dite.
Je comprends que le bulletin quotidien est très important. Aussi ai-je demandé à Météo France quelles modalités étaient envisagées pour maintenir ce support quotidien, que vous indiquez comme étant essentiel.
Je rappellerai aussi, pour finir, que Météo France reste très attaché à ce qui constitue, comme vous l'indiquez, monsieur le sénateur, une vitrine historique de l'établissement. La convention de partenariat conclue avec la communauté de communes de l'Aigoual a donc été renouvelée pour cinq ans. Je serai très attentive à l'avancement du projet que vous avez évoqué.
M. le président. La parole est à M. Simon Sutour.
M. Simon Sutour. Madame la ministre, je vous remercie de votre réponse. Malheureusement, des coups sont partis, qui sont durs à amortir localement.
Je retiens de votre réponse une volonté générale de préserver le service public. S'agissant plus particulièrement de la question du bulletin quotidien, il semblerait qu'il puisse être rétabli. En tout cas, vous vous êtes engagée à y travailler, et je vous en remercie tout particulièrement.
J'ajouterai un dernier argument, toujours de l'ordre de l'humain. Le mont Aigoual et son observatoire météorologique accueillent 300 000 visiteurs par an et se situent au cur des Grands Causses et des Cévennes, qui viennent d'être classés au patrimoine mondial de l'UNESCO.
C'est aussi une région où se sont déroulés nombre d'événements de notre histoire : les Camisards s'y sont battus pour la liberté de culte ; plus récemment, pendant la Seconde Guerre mondiale, les alentours du mont Aigoual et d'Ardaillès notamment ont abrité les plus grands maquis de résistance aux nazis. Ces arguments ne sont pas financiers, mais nous devons y être sensibles, aussi.
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