Question de M. MICHEL Jean-Pierre (Haute-Saône - SOC) publiée le 12/04/2012
M. Jean-Pierre Michel appelle l'attention de M. le ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche sur la situation de l'archéologie en France qui se développe sur trois niveaux : archéologie préventive disposant de moyens souvent conséquents, organisée pour des interventions limitées dans le temps, soumises aux contraintes d'aménagement et commandées par l'urgence, bénéficiant de l'apport de taxations spécifiques. Une archéologie clandestine, véritable industrie souterraine, connue des pouvoirs publics, et dont les instigateurs sont impunis lorsqu'ils ne sont pas indirectement encouragés faute de moyens répressifs et d'engagement de la part des services de l'État qui a laissé se développer de véritables lobbies ; cette dérive se manifeste par le pillage des sites, le recel et la revente de mobilier accéléré par le développement d'internet, dont les adeptes sont de plus en plus nombreux ; des pans entiers de notre patrimoine font les frais de ce pillage. Une archéologie centrée sur la recherche (CNRS, universités
) qui se trouve actuellement soumise à des contraintes administratives et financières de plus en plus drastiques ; cette recherche, considérée comme un modèle à l'échelle internationale pendant des décennies, est en perte de vitesse ; elle permettait de travailler dans la durée sur des sites ou des ensembles de sites particulièrement ciblés et sur des problématiques fortes, innovantes et renouvelées, reconnues au plan international ; elle concerne des équipes en nombre de plus en plus restreint ; cette archéologie avait le mérite de former les étudiants à l'archéologie de terrain et d'intégrer des citoyens volontaires et aptes à enseigner la connaissance et la conservation du patrimoine ; aujourd'hui, force est de constater que cette recherche archéologique universitaire n'a quasiment plus les moyens de fonctionner ; le discours sur « l'excellence », basée sur de rares programmes, est en train de provoquer une désertification de la recherche : l'archéologie et plus généralement les sciences humaines et sociales (SHS) sont particulièrement affectées et font les frais de ces orientations. On assiste à une accélération de la paupérisation des équipes et à l'abandon de pans disciplinaires favorisant à terme l'accroissement de l'emploi précaire ; il lui demande quelles mesures il entend prendre pour rééquilibrer la recherche archéologique dans notre pays et accorder aux laboratoires et aux équipes de recherches universitaires les moyens adéquats pour garantir et développer une recherche archéologique de qualité.
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Transmise au Ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche
La question est caduque
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