Question de M. BAYLET Jean-Michel (Tarn-et-Garonne - RDSE) publiée le 15/02/2012
Question posée en séance publique le 14/02/2012
Concerne le thème : Indemnisation des victimes de maladies et d'accidents professionnels
M. Jean-Michel Baylet. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, il est aujourd'hui plus que vraisemblable que les risques liés à l'utilisation de produits phytosanitaires aillent bien au-delà des seules maladies respiratoires et affections cutanées. En effet, depuis plusieurs années, tous les travaux scientifiques convergent.
Selon une étude réalisée par l'université de Harvard en 2006, confirmée à plusieurs reprises depuis, une exposition aux pesticides augmente de 70 % le risque de développer la maladie de Parkinson. De même, les premiers résultats relatifs au cancer doivent nous alerter : d'après le rapport de référence de l'INRA sur les pesticides, « des effets cancérigènes, neurotoxiques ou de type perturbateurs endocriniens des pesticides ont été mis en évidence chez l'animal. La question des risques pour l'homme [
] est donc posée. » L'étude CEREPHY va même plus loin en soutenant que les sujets les plus exposés encourent un risque plus de deux fois supérieur d'être atteints d'une tumeur cérébrale.
Monsieur le ministre, mes chers collègues, plusieurs dizaines d'agriculteurs ont déjà obtenu devant les tribunaux la reconnaissance comme maladie professionnelle de la maladie de Parkinson, de leucémies ou de myélomes, du fait d'une exposition aux pesticides.
Réduire de 50 % les quantités de pesticides utilisés par l'agriculture dans les dix ans à venir, selon l'objectif fixé par le Grenelle de l'environnement, constitue certes un objectif louable, mais ne prend pas en compte l'ampleur de ce véritable problème de santé publique.
Monsieur le ministre, le monde agricole, qui paie aujourd'hui un lourd tribut, ne peut plus se contenter de déclarations d'intention. Je souhaite donc savoir quand le Gouvernement va enfin permettre à l'ensemble des trop nombreuses victimes contaminées par des produits phytosanitaires d'être facilement et convenablement indemnisées en procédant au classement de ces pathologies en maladies professionnelles ? (Applaudissements sur certaines travées du RDSE. M. Jacques Berthou applaudit également.)
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Réponse du Ministère du travail, de l'emploi et de la santé publiée le 15/02/2012
Réponse apportée en séance publique le 14/02/2012
M. Xavier Bertrand, ministre. Monsieur le sénateur, il s'avère que le ministre du travail et de l'emploi est aussi le ministre de la santé. En ce qui concerne les questions que vous avez soulevées, il ne me semble pas possible de les hiérarchiser les unes par rapport aux autres.
Votre question appelle une double réponse. Tout d'abord, il ne m'a pas échappé que vous faisiez allusion à la réparation des préjudices subis, puisque vous avez mentionné une décision de justice qui a fait l'objet de nombreux commentaires. Des procédures particulières sont effectivement engagées sur la question du classement en maladie professionnelle et sur celle de la réparation.
Ensuite, comme je pense à l'ensemble des Français qui peuvent être exposés à ces risques - ce n'est pas parce que je suis élu dans un département agricole que cet aspect m'aurait échappé, loin s'en faut ! -, je considère que cette décision de justice doit nous inciter à réfléchir à la prévention du risque chimique, notamment celui qui résulte de l'emploi de produits phytosanitaires. Cette question fait partie des cibles prioritaires de la deuxième édition du plan Santé au travail, qui concerne les années 2010 à 2014.
Les questions relatives à la réparation et aux procédures judiciaires sont au cur de l'actualité, mais nous n'avons pas attendu la décision de justice à laquelle vous avez fait allusion pour envisager la mise en uvre de la prévention : tout le secteur de l'agriculture est bien concerné par cette dimension. Si nous pouvons être plus efficaces encore dans ce domaine, nous avons le devoir d'agir et cette mission intéresse non seulement le ministre du travail, mais aussi le ministre de la santé. (Mme Catherine Troendle et Mlle Sophie Joissains applaudissent.)
M. le président. La parole est à M. Jean-Michel Baylet, pour la réplique.
M. Jean-Michel Baylet. Monsieur le ministre, je ne peux que souscrire à vos propos relatifs à l'amélioration de la prévention : vous avez raison et la volonté que vous avez exprimée est aussi la nôtre.
Cependant, ces risques n'étaient pas connus en d'autres temps - et il n'y a pas si longtemps encore ! - et la politique de prévention est très récente. Je souhaitais donc insister auprès de vous pour que celles et ceux qui n'ont malheureusement pas pu bénéficier de cet effort de prévention et se trouvent, du coup, victimes de maladies graves soient indemnisés convenablement et selon des procédures qui ne soient pas trop compliquées, afin que cette indemnisation puisse intervenir dans les meilleurs délais. (Applaudissements sur certaines travées du RDSE. - MM. Claude Jeannerot et Jean Besson applaudissent également.)
M. Robert Tropeano. Très bien !
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