Question de Mme MORIN-DESAILLY Catherine (Seine-Maritime - UCR) publiée le 25/11/2011
Question posée en séance publique le 24/11/2011
Mme Catherine Morin-Desailly. Ma question s'adresse à M. le ministre chargé de la coopération.
Depuis quelques jours, dans le monde entier, les regards sont de nouveau tournés vers la place Tahrir, où semble se jouer l'avenir de l'Égypte.
Les scènes que nous pouvons entrevoir sont très inquiétantes. Les incidents violents se sont multipliés : il est fait état de plusieurs morts et de nombreux blessés. La situation est confuse et la question de la brutalité policière se pose encore.
Ces événements très médiatisés occultent pourtant des atteintes aux droits de l'homme nombreuses et répétées. Partout dans le pays, la répression des manifestants et des protestataires se poursuit, physiquement et sur internet, tandis que, dans le domaine religieux, la discrimination contre les minorités est toujours d'actualité.
M. Charles Revet. C'est vrai !
Mme Catherine Morin-Desailly. Ces constats amènent à poser la question de la capacité du Conseil supérieur des forces armées à mener la transition démocratique. Celle-ci est nécessaire : l'Égypte est un grand pays, qui était jusqu'alors un pôle de stabilité régionale, notamment au regard du conflit israélo-palestinien. Son peuple mérite de trouver la voie de la paix et de la démocratie.
Malgré le calendrier fixé par le pouvoir égyptien, prévoyant en particulier des élections parlementaires dans quelques jours, ce qui donne l'impression que la transition est en marche, nous sommes préoccupés par la situation.
Dans le respect de la souveraineté nationale de l'Égypte, la France doit agir. Monsieur le ministre, pouvez-vous nous préciser quelles sont vos modalités d'action ? Que fait le Gouvernement pour soutenir la transition vers une société libre et démocratique, pour encourager le respect des droits humains, de la différence religieuse et des libertés d'expression ?
M. Charles Revet. Très bien !
Mme Catherine Morin-Desailly. Que fait-on, à l'échelon européen et international, pour éviter que ces heures critiques ne remettent en cause le processus engagé ?
N'oublions pas que, derrière la crise politique, se cache aussi une crise sociale profonde : une crise de la misère, sur fond d'explosion démographique. L'Égypte est un pays jeune, dont l'avenir paraît fort sombre.
Par le « partenariat de Deauville », lancé avec plusieurs pays d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient, les pays membres du G8 se sont engagés à apporter leur soutien à la mise en œuvre des réformes annoncées à la suite du printemps arabe. Pouvez-vous nous détailler, monsieur le ministre, les moyens d'action prévus, notamment en faveur de l'Égypte et de son développement économique ?
L'Égypte est un pays d'importance majeure dans le monde méditerranéen ; il se trouve à un tournant pour son avenir ! Si nous sommes convaincus qu'il revient à l'Égypte de construire son destin, il appartient à la France, en tant que pays ami, de se poser aujourd'hui ces questions essentielles. (Applaudissements sur les travées de l'UCR et de l'UMP, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
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Réponse du Ministère chargé de la coopération publiée le 25/11/2011
Réponse apportée en séance publique le 24/11/2011
M. Henri de Raincourt, ministre auprès du ministre d'État, ministre des affaires étrangères et européennes, chargé de la coopération. Madame la sénatrice, je sais l'intérêt tout spécial que vous portez, en tant que présidente du groupe d'amitié sénatorial, à ce grand pays ami de la France qu'est l'Égypte.
Les événements qui se déroulent ces jours-ci sur la place Tahrir sont effectivement inquiétants. Je crois que nous devons réagir en concentrant nos efforts sur plusieurs points.
Il convient d'abord d'inciter les autorités de transition égyptiennes à respecter les échéances électorales. À cet égard, il faut absolument que les élections législatives puissent se tenir comme prévu dans quelques jours, et ce dans d'excellentes conditions. Elles doivent précéder, selon un calendrier resserré, l'élection présidentielle, qui désignera le nouveau chef de l'État.
Ensuite, il faut que la transition démocratique vers un pouvoir civil puisse s'opérer dans les meilleures conditions. La communauté internationale agit en ce sens au travers du Forum pour le futur et du partenariat de Deauville. Ce dernier a permis de mobiliser 40 milliards d'euros en faveur de l'Égypte et de la Tunisie : 20 milliards d'euros proviennent des grandes banques internationales, 10 milliards d'euros des pays du Golfe et 10 milliards d'euros des pays membres du G8. Ces fonds sont destinés à aider à la transition sociale et à soutenir la relance de l'économie, pour promouvoir un nouvel équilibre.
Le Premier ministre nous a demandé d'être extrêmement vigilants sur les conditions dans lesquelles toutes ces opérations complexes se déroulent. En effet, nous le savons bien, si le printemps arabe a permis l'émergence de grandes promesses, le moment est historiquement difficile et elles ne pourront être réalisées sans heurts ni difficultés. Par conséquent, dans un esprit de responsabilité, incitons les autorités égyptiennes à bien respecter la volonté populaire. (Applaudissements sur les travées de l'UMP et de l'UCR.)
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