Question de M. FOURNIER Jean-Paul (Gard - UMP) publiée le 15/09/2011
M. Jean-Paul Fournier attire l'attention de M. le ministre d'État, ministre des affaires étrangères et européennes, sur les interrogations que soulève la visite officielle à Paris du président du Rwanda, M. Paul Kagame annoncée pour les 12 et 13 septembre 2011.
S'il en va de l'intérêt de notre pays d'entretenir partout dans le monde les meilleures relations avec les autorités en place, le retour à des relations cordiales avec un régime qui a régulièrement proféré contre la France une accusation aussi grave qu'infondée que celle de complicité de génocide, devrait être précédé d'un certain nombre de conditions. Ce régime, mis à l'index dans un rapport de l'ONU, doit des excuses à la France et à ses militaires dont certains ont fait l'objet d'accusations nominatives en 2007. Au regard de ce contexte, il lui demande s'il entend poser des conditions préalables à cette visite officielle, qui pourraient notamment procéder du retrait des accusations contre la France et la communauté internationale.
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Réponse du Ministère des affaires étrangères et européennes publiée le 27/10/2011
Le rétablissement des relations diplomatiques avec le Rwanda ne doit pas se faire au prix de l'acceptation, même implicite, de certaines accusations particulièrement graves portées contre la France pour son rôle au Rwanda en 1994. L'accueil du Président Kagamé n'est en aucune manière une acceptation de la part des autorités françaises, même implicite, des accusations figurant dans le rapport Mucyo. Ce n'était d'ailleurs pas davantage la signification de la visite que le Président de la République avait effectuée à Kigali en février 2010. Le caractère inacceptable de ces accusations avait été officiellement relevé par le ministère des affaires étrangères et européennes dès la publication de ce rapport, en août 2008. La position du Président de la République et du Gouvernement n'a pas varié. Cette position se fonde, notamment, sur les travaux menés en 1998 par la mission d'information parlementaire de l'Assemblée nationale. Elle ne met nullement en cause l'intégrité et l'honneur des personnalités visées par le rapport Muyco, ni des militaires français qui ont servi au Rwanda. La France a su porter un regard lucide et responsable sur les insuffisances des mécanismes internationaux de sécurité collective et sur sa propre action face à la tragédie du génocide de 1994. Cette démarche a d'ailleurs conduit notre pays à soutenir activement la mise en uvre, dans le cadre des Nations unies, de la responsabilité de protéger, en Côte d'Ivoire ou encore en Libye. La reprise des relations diplomatiques et de la coopération entre la France et le Rwanda n'implique pas que tous les sujets d'incompréhension ou de désaccord - et certains sont lourds - aient préalablement disparu de nos deux pays. Elle vise au contraire à rétablir progressivement une relation constructive, sans acrimonie ni complaisance. L'absence de relations entre nos deux États était une anomalie en Afrique et un handicap pour l'action de la France, compte tenu de l'intensité de nos liens avec l'ensemble du continent africain. La reprise de ces relations correspondait en outre à une attente profonde des peuples français et rwandais. La visite à Paris du Président du Rwanda marque une nouvelle étape de cette démarche délicate et progressive. La France et le Rwanda, sans oublier le passé, doivent aujourd'hui se tourner vers l'avenir, en relançant leur coopération économique, technique et culturelle et en reprenant progressivement leur dialogue politique. C'est le sens que le Président de la République a voulu donner à la visite du Président Kagamé.
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