Question de Mme FÉRAT Françoise (Marne - UC) publiée le 18/05/2011
Question posée en séance publique le 17/05/2011
Concerne le thème : L'apprentissage dans le cadre des douzièmes journées de l'apprentissage
Mme Françoise Férat. Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, la formation en alternance est malheureusement bien trop souvent victime de préjugés, certains la reléguant au second rang des formations. Or, nous le savons, elle est, bien au contraire, un véritable levier qui, par son efficacité, permet d'insérer rapidement et durablement les jeunes dans le monde du travail. C'est pourquoi il est impératif de travailler son image afin qu'elle soit perçue à sa juste valeur : la formation en alternance est une formation d'excellence.
Si, en termes de débouchés, nous pouvons nous féliciter que plus de huit jeunes sur dix trouvent un emploi à l'issue de leur formation, nous devons, en revanche, regretter que bon nombre de classes, et donc de métiers, disparaissent faute de vocation. Cette crise est avant tout la conséquence d'une information et d'une communication insuffisantes.
La création d'universités régionales des métiers de l'artisanat pourrait certainement rendre plus attractive et plus accessible la formation aux métiers de l'artisanat.
Je tiens à saluer les annonces du Gouvernement en faveur de l'apprentissage et la volonté qu'il manifeste en ce sens. Je pense, notamment, aux mesures prévues pour informer les chefs d'entreprise sur les avantages qu'ils auraient à embaucher en alternance afin de les inciter à opérer un tel choix.
Cependant, il est important de travailler également sur le statut de l'apprenti.
Aujourd'hui, les apprentis ne bénéficient pas des mêmes prestations sociales que les étudiants. Je pense, notamment, aux bourses, aux aides au logement, aux transports
Le Président de la République a annoncé que, désormais, les étudiants et les apprentis auraient le même statut. Je ne peux que saluer cet engagement.
Madame la ministre, dans quelle mesure ce changement interviendra-t-il ? Par exemple, les droits d'accès à une bourse seront-ils bien les mêmes ?
Je soulignerai par ailleurs l'insécurité financière à laquelle doit faire face l'apprentissage. En effet, malgré les contrats d'objectifs et de moyens, les conditions de financement varient fortement d'une région à l'autre. Le Gouvernement s'est engagé à réorienter les financements issus de la taxe d'apprentissage. Celle-ci pourrait être versée directement aux CFA.
Pourriez-vous, madame la ministre, nous donner plus de précisions quant à cette stabilisation du financement de l'apprentissage ?
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Réponse du Ministère chargé de l'apprentissage et de la formation professionnelle publiée le 18/05/2011
Réponse apportée en séance publique le 17/05/2011
Mme Nadine Morano, ministre. Madame la sénatrice, les chiffres que vous citez sont essentiels et chacun devrait les connaître. Oui, 80 % des jeunes ont un emploi dans l'année qui suit la fin de leur formation par alternance. Vous avez également rappelé que l'apprentissage souffrait encore d'une mauvaise image auprès des jeunes et des familles, surtout en ce qui concerne la formation prébac. Il convient d'y porter remède.
À cette fin, nous avons lancé samedi dernier, et pour trois semaines, une campagne de communication sur toutes les chaînes de radio afin de valoriser et de revaloriser l'apprentissage ainsi que les formations par alternance, afin aussi de sortir du dogme des 80 % d'une classe d'âge au niveau baccalauréat.
M. Jean-Claude Carle. Très bien !
Mme Nadine Morano, ministre. Nous voulons, nous, 100 % de jeunes formés !
M. Jean-Claude Carle. Très bien !
Mme Nadine Morano, ministre. Cela signifie qu'il faut multiplier les filières, notamment celles qui sont professionnalisantes. Ce sont elles qui permettront aux jeunes d'entrer sur le marché de l'emploi.
Cependant, j'ai voulu aller plus loin. Lors d'un séjour à Berlin, j'ai visité l'usine BMW. Je me suis rendu compte à cette occasion que beaucoup de patrons et de chefs d'entreprise en Allemagne avaient débuté comme apprentis, et cela comptait dans leur réputation, dans leur renommée. Aujourd'hui, ils dirigent des milliers de salariés ! Voilà pourquoi j'ai créé un club de l'apprentissage composé de personnalités ayant débuté de la sorte. Pourquoi un parlementaire ou un ministre n'en ferait-il pas également partie ?
Faire savoir que Franck Provost, Guy Savoy, Gérard Dorey, mais aussi l'ancien président pour la France du groupe Alstom, Robert Mahler, ont commencé par l'apprentissage est de nature à convaincre les jeunes et les familles de s'engager dans cette voie.
Nous travaillons donc, puisque c'était l'une des questions que vous m'avez posées, madame la sénatrice, sur le statut de l'apprenti, qu'il est légitime de revaloriser.
M. Jean-Claude Carle. Très bien !
M. le président. La parole est à Mme Françoise Férat, pour la réplique.
Mme Françoise Férat. Madame la ministre, je vous remercie de votre réponse.
Vous l'avez rappelé tout à l'heure, monsieur le président, lors de cette réunion de travail organisée au Sénat dans le cadre des douzièmes journées de l'apprentissage, nous avons pu mesurer, s'il en était besoin, à la fois l'excellence des savoir-faire de ces jeunes, mais également leurs qualités personnelles.
J'insisterai, madame la ministre, sur l'information et l'orientation, car elles me semblent primordiales. L'intervention des artisans dans les collèges pour parler de leur métier, voire pour aiguiller les jeunes, dans le cadre des stages de découverte, au sein d'entreprises artisanales, est importante.
Or, aujourd'hui, les règles en vigueur au sein de l'éducation nationale, comme les objectifs de passage dans les lycées généraux, ne semblent pas permettre une meilleure orientation au niveau des collèges non plus que l'intervention des professionnels. Pensez-vous, madame la ministre, qu'un débat interministériel, que ce soit avec le ministère de l'éducation nationale ou avec celui de la recherche et de l'enseignement supérieur, permettrait de répondre à l'une des attentes fortes du premier employeur de France ?
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