Question de M. VANTOMME André (Oise - SOC) publiée le 17/02/2011
M. André Vantomme attire l'attention de M. le ministre d'État, ministre de la défense et des anciens combattants, sur les conséquences du risque d'effondrement des structures de l'atoll de Moruroa en Polynésie.
Entre 1975 et 1996, la France a effectué 137 essais nucléaires souterrains sous Moruroa. Ces tirs sous la couronne corallienne ont particulièrement ébranlé les structures géologiques de l'atoll. Fragilisé pas ces essais, l'atoll de Moruroa pourrait provoquer un tsunami en cas d'effondrement d'une partie de sa structure.
Selon un rapport du délégué à la sûreté nucléaire et à la radioprotection pour les activités et installations intéressant la défense (DSND), remis aux autorités polynésiennes au mois de janvier dernier, le risque réside dans l'éventuel effondrement d'une partie immergée du corail, dite carbonate.
Deux types d'effondrement sont identifiés : la chute d'un pan ou celui d'une loupe. Le glissement d'une loupe aurait des conséquences sur l'atoll de Tureia : ce type de glissement de 600 millions de m3 conduirait à une vague dont l'amplitude pourrait atteindre 20 mètres de haut à proximité de l'effondrement et atteindrait 2 à 5 mètres de hauteur sur la partie de l'atoll de Tureia.
Cet évènement engendrerait une succession de vagues océaniques dont la vitesse de propagation serait de l'ordre de 600km/h, ce tsunami atteindrait Tureia en dix à treize minutes. Rappelons ici que Tureia est peuplé de plus de 300 habitants, regroupés à Fakamaru, dans l'extrême nord de l'atoll.
Les analyses de ce rapport suscitent une vive émotion en Polynésie, surtout à Tureia. Une pétition a été lancée par l'association polynésienne Moruroa e tatou pour sensibiliser l'opinion et qu'une mission d'expertise géologique et radiologique indépendante soit diligentée sur les atolls nucléaires.
Il lui demande de bien vouloir se prononcer sur cette situation et quelles mesures de précaution et de préservation sont prises face à cette catastrophe écologique prévisible.
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Réponse du Ministère de la défense et des anciens combattants publiée le 12/05/2011
Une évaluation des répercussions sur l'atoll de Tureia d'un éventuel phénomène naturel d'origine hydraulique se produisant à Mururoa a été effectuée, afin d'anticiper les mesures de sécurité civile à mettre en oeuvre en cas d'alerte. Cette étude a conduit à envisager les hypothèses les plus pessimistes, dans le cadre de la définition d'un dispositif de crise le plus large et le plus efficace possible. Les résultats de ces travaux s'avèrent pleinement rassurants pour la population de Tureia. En premier lieu, les systèmes permanents de surveillance géomécanique existant permettraient en effet de déclencher l'alerte plusieurs jours, voire plusieurs semaines à l'avance. En outre, dans les conditions les plus défavorables, le train de houle en provenance de Mururoa se traduirait par la formation d'une vague provoquant une faible montée des eaux sur les parties sud et sud-est de l'atoll de Tureia, zones les plus basses, dépourvues d'habitations et d'activités. Les principales mesures de précaution à mettre en oeuvre tout au long de la période d'alerte concerneraient l'encadrement de la pratique de la pêche à pied sur le platier et en bordure du rivage, ainsi que la sécurisation des passages au niveau desquels s'effectuent les échanges marins entre le lagon et l'océan. Aucune restriction à la circulation ou protection particulière ne serait en revanche nécessaire dans le village ou sur les principales zones d'activités (aéroport et cocoteraies), qui resteraient en toute hypothèse épargnés par les eaux. À titre de comparaison, les effets négatifs de l'arrivée d'une forte houle en provenance des îles Australes, constatés par les habitants de Tureia, apparaissent localement nettement plus redoutables, en termes d'amplitude et de durée, que ceux qu'engendrerait un phénomène naturel de grande ampleur survenant à Mururoa.
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