Question de M. DARNICHE Philippe (Vendée - NI) publiée le 09/02/2011
Question posée en séance publique le 08/02/2011
Concerne le thème : Aggravation des inégalités sociales dans le système scolaire
M. Philippe Darniche. Monsieur le ministre, combattre les inégalités sociales est la vocation même de l'école de la République. Pourtant, malgré les différentes réformes menées depuis quarante ans je pense notamment à la mise en place, en 1975, du collège unique ou à la loi d'orientation sur l'éducation de 1989 , ces inégalités s'accroissent.
La massification de l'enseignement n'a pas tenu ses promesses et la prétention à vouloir faire de l'enfant l'acteur de son propre apprentissage s'est révélée vaine.
Certes, les statistiques entretiennent la confusion et le doute sur la nature des problèmes. La massification de l'accès au baccalauréat et à l'enseignement supérieur ne serait-elle pas la preuve que l'égalité des chances est désormais mieux garantie ? En réalité, il n'en est rien, et ce sont avant tout les enfants des milieux les plus favorisés qui accèdent aux filières les plus prestigieuses.
Les rapports de l'éducation nationale font apparaître les conséquences d'une telle politique : 160 000 jeunes quittent chaque année le système scolaire sans qualification ; 25 % des écoliers ont des « acquis fragiles » en français et en mathématiques ; 15 % « connaissent des difficultés sévères ou très sévères » à l'issue du primaire. La France a beau abriter certains des meilleurs mathématiciens du monde, ses élèves montrent toujours un niveau très décevant en algèbre ou en géométrie.
Cette crise est également révélée par les comparaisons internationales, que je ne citerai pas, nombre de mes collègues venant d'y faire allusion. Toutes témoignent d'une baisse régulière du niveau de nos élèves.
Les enfants des milieux modestes qui, dépourvus d'informations ou de préparation adéquates, se sont égarés dans des filières non sélectives et n'offrant aucun débouché sont les premières victimes de cette situation. Leurs familles étaient pourtant fières de compter en leur sein un premier bachelier, puis un licencié ! Mais l'ascenseur social n'est pas pour autant au rendez-vous
Monsieur le ministre, comment lutter contre les inégalités sociales dans le système scolaire sans restaurer la transmission des savoirs fondamentaux par des méthodes qui ont fait leur preuve ?
La volonté d'apporter à des écoliers très jeunes des connaissances élargies est certes louable, mais n'a-t-elle pas nui à l'acquisition des fondamentaux, à savoir la maîtrise de la lecture, de l'écriture et du calcul, qui prépare nos enfants aux études secondaires puis supérieures ?
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Réponse du Ministère de l'éducation nationale, de la jeunesse et de la vie associative publiée le 09/02/2011
Réponse apportée en séance publique le 08/02/2011
M. Luc Chatel, ministre. Monsieur le sénateur, pendant de nombreuses années, en conséquence sans doute de mai 68 (Protestations sur les travées du groupe socialiste), notre système éducatif a en effet oublié qu'enseigner, c'est d'abord transmettre des savoirs. La loi Jospin de 1989, qui plaçait l'enfant au cur du système, au détriment du maître, a marqué l'apogée de cette période.
Mme Christiane Demontès. Qui a supprimé les IUFM ?
M. Roland Courteau. La faute aux autres !
M. Luc Chatel, ministre. Monsieur le sénateur, je crois comme vous à un système éducatif fondé sur la transmission des savoirs et d'un certain nombre de valeurs, pour former les futurs citoyens.
Nous avons donc décidé de redonner la priorité à l'apprentissage d'un certain nombre de fondamentaux. Tel était l'objectif de la réforme du primaire mise en place par mon prédécesseur Xavier Darcos. Pour ma part, j'ai décidé de réinstaurer systématiquement le calcul mental afin de développer, dès le plus jeune âge, la mémoire et l'agilité d'esprit. En ce qui concerne la lecture, nous avons choisi de revenir à des méthodes permettant un meilleur apprentissage.
Par conséquent, comme vous pouvez le constater, monsieur le sénateur, nous avons décidé de recourir à des méthodes qui ont fait leurs preuves, car éduquer, c'est d'abord transmettre le savoir. (Applaudissements sur certaines travées de l'UMP.)
M. le président. La parole est à M. Philippe Darniche, pour la réplique.
M. Philippe Darniche. Je vous remercie, monsieur le ministre, de votre réponse.
Je voudrais souligner qu'il nous faut très souvent faire appel à des bénévoles pour aider, après la classe, les enfants qui ne trouvent pas chez eux le soutien nécessaire pour compléter le travail effectué avec les maîtres. Cela n'est pas sans poser un certain nombre de problèmes d'organisation. C'est à mon sens à l'école de la République qu'il revient de mettre en place un dispositif aussi utile.
M. Roland Courteau. Il ne fallait pas voter le budget, mon cher collègue !
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