Question de M. TUHEIAVA Richard (Polynésie française - SOC-A) publiée le 23/12/2010

M. Richard Tuheiava attire l'attention de Mme la ministre d'État, ministre des affaires étrangères et européennes, sur la situation préoccupante de l'île de Pâques après les violences du 3 décembre 2010 au cours desquelles plus de vingt personnes ont été blessées, notamment parmi la population autochtone, lors d'une opération policière chilienne visant à les expulser des bâtiments et des terres qu'elles occupaient dans le cadre d'un mouvement de protestation engagé par plusieurs clans autochtones pour réclamer leurs terres ancestrales. L'île de Pâques, pointe sud-est du triangle polynésien connue pour son parc national classé au patrimoine mondial, est très prisée des touristes : 50000 personnes par an pour une population de 5500 habitants dont seulement 1500 autochtones pascuans confrontés à l'extinction de leur langue et de leur culture. En sus de leurs inquiétudes sur l'immigration dans l'île, le statut de l'île et le chômage, le problème de la restitution des terres reste central. Alors que l'État chilien a ratifié la convention n° 169 de l'Organisation internationale du travail relative aux peuples indigènes et tribaux, et a récemment approuvé la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones qui prévoit que les Etats accordent des réparations pour les terres prises aux peuples autochtones sans leur consentement préalable, donné librement et en connaissance de cause, l'absence de tout progrès en faveur d'une reconnaissance de leurs droits a conduit certains autochtones à engager leur mouvement de protestation. Bien que, majoritairement, la population pascuane autochtone ne remette pas en question le rattachement de l'île au Chili, le groupe d'activistes "Parlement Rapa Nui" réclame la sécession et le rattachement de l'île de Pâques à la Polynésie française en raison des liens historiques, culturels et affectifs qui unissent les Polynésiens de l'île de Pâques aux Polynésiens de la Polynésie française. Il l'interroge sur les mesures diplomatiques que le Gouvernement compte prendre pour que les exactions policières sur l'île de Pâques commises le 3 décembre 2010 ne puissent se reproduire.

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Réponse du Ministère des affaires étrangères et européennes publiée le 21/04/2011

Après les occupations de terrains publics et privés intervenues sur l'île de Pâques en décembre 2010, les autorités chiliennes, locales et nationales, ont mené des négociations avec les différentes familles de l'île et les propriétaires privés concernés durant plusieurs semaines, dans le cadre de quatre commissions (éducation, développement, infrastructure, agriculture), dont l'issue a permis la levée de l'ensemble des occupations ainsi que des mesures de compensation et restitution. Le Chili a lancé des consultations avec les populations indigènes dans le cadre d'une « table de dialogue pour des retrouvailles historiques ». Plus de vingt réunions ont eu lieu à ce jour. Une série de mesures a été annoncée à l'occasion du déplacement de plusieurs ministres (intérieur, travaux publics, éducation et biens nationaux), dans le cadre d'un plan sur trois années (jusqu'à la fin du mandat du Président Pipera). Elles concernent entre autres l'amélioration des relations aériennes et maritimes avec l'île et des travaux importants d'amélioration des infrastructures, notamment l'aéroport, actuellement en cours de réhabilitation, la construction d'un nouveau quai, mais également les routes, les écoles et l'assainissement. En outre, des mesures visant à intégrer l'enseignement de la langue Rapa Nui dans les cursus scolaires de l'île font partie de cet ensemble de propositions. L'enseignement technique sera également développé. L'ensemble de ces mesures a conduit à un apaisement. Les habitants souhaitent également bénéficier d'un développement économique apporté par le tourisme (70 000 touristes par an), qu'ils s'efforcent d'encadrer, avec l'appui des autorités chiliennes, par des mesures ciblées et acceptées par l'ensemble de la communauté insulaire. Parallèlement et conformément à son engagement pris dans le cadre de la convention 169 de l'Organisation internationale du travail, le gouvernement chilien a lancé une consultation nationale qui pourrait aboutir à la reconnaissance constitutionnelle des communautés indigènes du Chili. La situation de ces communautés fait l'objet d'un suivi dans le cadre du dialogue Union européenne-Chili relatif aux droits de l'Homme, dans lequel la France tient toute sa place.

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