Question de M. BESSON Jean (Drôme - SOC) publiée le 13/05/2010

M. Jean Besson appelle l'attention de M. le ministre d'État, ministre de l'écologie, de l'énergie, du développement durable et de la mer, en charge des technologies vertes et des négociations sur le climat, sur la demande expresse des maires de disposer d'une information plus appropriée et efficiente en cas d'inondation.

À chaque catastrophe naturelle de ce type, les maires sont en première ligne. Ils se retrouvent le plus souvent esseulés au moment de gérer des situations extrêmes comme la tempête Xynthia ou les inondations qui ont affecté durement la Drôme en 2008.

Ces événements météorologiques à répétition avec leurs conséquences dramatiques rappellent à l'État et aux collectivités territoriales l'urgente nécessité de mener une réflexion approfondie sur les règles d'urbanisation et sur le financement des aménagements de protection dont le renforcement des digues.

Ils mettent aussi en lumière les insuffisances des systèmes d'alerte existant. Si l'alerte météorologique proprement dite relève de la responsabilité de l'État, les maires, prévenus parfois par un simple SMS, sont ensuite chargés de répercuter les informations utiles à la population, avec les moyens trop souvent insuffisants dont ils disposent tant sur le plan humain, technique ou financier. De plus, les maires ne sont pas toujours en situation de déterminer avec précision les conclusions pratiques qu'ils doivent tirer d'une information reçue, faute d'une connaissance précise de leurs pouvoirs et de leurs moyens d'action en la matière.

Il demande en conséquence si le Gouvernement entend améliorer les dispositifs d'alerte et renforcer l'accompagnement des maires en matière d'anticipation et de gestion des catastrophes naturelles.

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Réponse du Secrétariat d'État auprès du ministre d'État, ministre de l'écologie, de l'énergie, du développement durable et de la mer, en charge des technologies vertes et des négociations sur le climat publiée le 30/06/2010

Réponse apportée en séance publique le 29/06/2010

M. Jean Besson. Madame la secrétaire d'État, la France a été confrontée ces dernières années à des catastrophes naturelles d'une ampleur exceptionnelle. La tempête Xynthia, les inondations récentes du Var, celles qui ont affecté la Drôme en 2008 ont eu des conséquences dramatiques, à des échelles différentes.

À chaque fois, les maires sont en première ligne et se retrouvent le plus souvent esseulés au moment de gérer ces situations extrêmes, alors même que leur responsabilité administrative, du fait des dommages causés, est en jeu.

Ces événements météorologiques à répétition rappellent à l'État et aux collectivités territoriales l'urgente nécessité de modifier d'une manière approfondie les règles d'urbanisation et de prévoir le financement des aménagements de protection, surtout le renforcement des digues.

La mission commune d'information du Sénat sur les conséquences de la tempête Xynthia a établi ses premières recommandations. L'article 81 du projet de loi portant engagement national pour l'environnement, dit Grenelle II, prévoit également certaines dispositions sur l'évaluation et la gestion des risques d'inondation. Il est à espérer que celles-ci seront rapidement mises en œuvre. Les actes doivent maintenant suivre les déclarations d'intention.

Ces événements mettent aussi en lumière les insuffisances des systèmes d'alerte existants. En effet, si l'alerte météorologique proprement dite relève de la responsabilité de l'État, les maires, prévenus parfois par un simple SMS, sont chargés de répercuter les informations utiles à la population, avec les moyens trop souvent insuffisants dont ils disposent sur le plan tant humain, technique que financier.

Par ailleurs, les maires ne sont pas toujours en situation de déterminer avec précision les conclusions pratiques qu'ils doivent tirer d'une information reçue, faute d'une connaissance précise de leurs pouvoirs et de leurs moyens d'action.

En conséquence, madame la secrétaire d'État, je souhaiterais savoir quelles mesures concrètes vous comptez prendre afin d'améliorer les dispositifs d'alerte et de renforcer l'accompagnement des maires en matière d'anticipation et de gestion des catastrophes naturelles. (M. Roland Povinelli applaudit.)

M. Didier Guillaume. Très bien !

M. le président. La parole est à Mme la secrétaire d'État.

Mme Valérie Létard, secrétaire d'État en charge des technologies vertes et des négociations sur le climat. Monsieur le sénateur, le dispositif actuel de gestion de crise liée aux inondations s'articule en deux phases : la prévision et la mise en vigilance, puis l'organisation de l'alerte et des secours.

La phase de prévision et de mise en vigilance est assurée par plusieurs services et établissements publics de l'État et, dans certains cas, des collectivités territoriales.

Il s'agit tout d'abord de Météo-France, pour les aspects météorologiques directement utiles, telle l'importance attendue des précipitations, par exemple, ou utilisés pour les prévisions plus spécialisées, sous forme d'une vigilance météorologique affichée par département deux fois par jour pour les vingt-quatre heures à venir, sur le site internet www.meteo.fr.

Il s'agit de Météo-France en association avec le service central d'hydrométéorologie et d'appui à la prévision des inondations, le SCHAPI, du ministère de l'écologie, de l'énergie, du développement durable et de la mer, et les services de prévision des crues, ou SPC, pour le volet « pluie-inondation » de cette vigilance météorologique.

Météo-France travaille également en association avec le service hydrographique et océanographique de la marine, le SHOM, pour les avis de très fortes vagues. Ceux-ci sont diffusés aux préfets et aux services de sécurité civile ainsi qu'aux organes pertinents des forces armées.

Il s'agit enfin du SCHAPI et des SPC pour la prévision des crues et l'affichage d'une vigilance pour les crues sur le site internet www.vigicrues.gouv.fr. La prévision et la mise en vigilance portent actuellement sur 20 000 kilomètres de cours d'eau en métropole. Le site publie chaque jour à dix heures et à seize heures, et à des horaires supplémentaires si nécessaire, une carte de synthèse donnant par tronçons de cours d'eau un niveau de vigilance par code de couleur, accompagnée de bulletins nationaux et locaux. Le site donne également accès en temps quasi réel aux mesures de niveau d'eau et parfois de débit sur près de 1 500 stations de mesures. Les préfets sont bien entendu destinataires de ces informations.

Ces prévisions et affichages de vigilance sont en évolution constante au fur et à mesure de la consolidation des avancées techniques. Par exemple, les avis de très fortes vagues sont appelés à être complétés dans les deux ans par un volet baptisé provisoirement « vagues-submersions marines » de la vigilance météorologique.

La vigilance météorologique et la vigilance sur les crues comportent dans leurs bulletins nationaux et locaux des informations sur les conséquences possibles ainsi que des conseils de comportement à destination des populations, qui ont été mis au point par la direction de la sécurité civile et dépendent à la fois du phénomène et du niveau de sévérité considéré.

L'alerte directe des maires, au-delà de l'information disponible sur Internet, est assurée par les préfets. Les questions les plus difficiles pour les maires consistent assez souvent à déterminer, comme vous l'indiquez dans votre question, les consignes à donner et les mesures de secours qu'ils doivent prendre, en liaison avec les services de sécurité civile. Les plans communaux de sauvegarde ont précisément pour objet de préparer les réponses à ces questions. Leur élaboration est obligatoire dès lors qu'un plan de prévention des risques naturels est approuvé, mais ces plans sont aussi très utiles dans les autres cas. Il faut bien convenir du retard pris dans l'élaboration de ces plans communaux de sauvegarde. Ce dernier constitue un handicap majeur dans l'organisation de la gestion de proximité des crises portant atteinte aux populations, aux biens et à l'environnement.

Enfin, vous soulignez l'utilité du lien entre, d'une part, la prévision et la gestion de crise et, d'autre part, les autres mesures de réduction du risque, d'inondation en l'occurrence. Il paraît important de rappeler une nouvelle fois la nécessité d'une approche équilibrée entre prévision et gestion de crise. La prévention au sens strict se traduit par une limitation de l'urbanisation des zones inondables et par une réduction de la vulnérabilité des constructions et installations existantes.

Tels sont, monsieur le sénateur, les éléments que je peux porter à votre connaissance.

M. le président. La parole est à M. Jean Besson.

M. Jean Besson. Madame la secrétaire d'État, je vous remercie de ces informations et de ces précisions. Didier Guillaume, Bernard Piras et moi-même les diffuserons dans notre département. Les maires, je tiens à le rappeler, sont toujours effrayés par l'importance de ces responsabilités.

Permettez-moi également de dénoncer la longueur des procédures d'indemnisation, non seulement pour les particuliers, mais aussi pour les maires.

M. Didier Guillaume. Très bien !

M. Jean Besson. Il appartient donc, à mon avis, tant au législateur qu'à l'exécutif de prendre des mesures plus importantes à cet égard. (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste.)

M. Didier Guillaume. Bonne remarque !

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