Question de M. MAZUIR Rachel (Ain - SOC) publiée le 15/04/2010
M. Rachel Mazuir appelle l'attention de Mme la ministre de l'économie, de l'industrie et de l'emploi sur la situation de l'entreprise LEJABY dans l'Ain, où deux sites vont prochainement fermer sur les cinq présents dans l'hexagone.
Lejaby, créée en 1930 à Bellegarde-sur-Valserine, est spécialisée dans la confection de lingerie féminine, corsets et maillots de bain. Elle a été rachetée à deux reprises par des groupes étrangers et depuis 2009, la situation s'est nettement dégradée (elle accuse une perte de 23,6% de son chiffre d'affaires en deux ans).
Dans cette politique féroce de prix, où le marché est en pleine mutation, l'entreprise n'entrevoit que la délocalisation comme arme de défense, et seuls 7 à 10% de la production française seraient maintenus. Par conséquent, il est annoncé la suppression de 197 postes dont près de 130 dans l'Ain (48 à Bellegarde-sur-Valserine et 88 à Bourg-en-Bresse).
Aujourd'hui les salariées sont désespérées de se voir sacrifier pour une main d'œuvre tunisienne et asiatique bon marché, alors que leur savoir-faire est reconnu et honore cette marque. Elles ne comprennent pas que l'entreprise soit obligée de délocaliser sa production au seul motif que son coût, dans ses usines en France, menace sa compétitivité. Elles demandent alors le retrait de ce projet de réorganisation, résultat d'un processus et d'une logique privilégiant la réalisation de marges au détriment de l'emploi et des salariés.
Ces pratiques ayant été à plusieurs reprises dénoncées par le Président de la République, il lui demande donc quelles mesures le Gouvernement compte prendre pour permettre la sauvegarde de ces emplois et lutter ainsi contre la disparition du savoir-faire français.
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Réponse du Ministère de l'économie, de l'industrie et de l'emploi publiée le 01/07/2010
Le fabricant de lingerie Lejaby (653 salariés en France et 150 à l'étranger), propriété du groupe autrichien Palmers Textil, a annoncé, le 12 avril 2010, son intention de fermer ses usines de Bourg-en-Bresse (87 salariés), Bellegarde-sur-Valserine (46 salariés) dans l'Ain et du Teil (66 salariés) dans l'Ardèche se traduisant par la suppression de 197 emplois au total. Lejaby se trouve confronté à un problème de compétitivité exacerbé par la crise économique se traduisant par une baisse de son chiffre d'affaires de l'ordre de 23 % sur les deux dernières années ; le groupe détient aujourd'hui moins de 40 % du marché français. Pour faire face à cette érosion de sa compétitivité et de son positionnement sur le marché, l'entreprise souhaite mener une politique de relance de la marque, notamment en restructurant son système de distribution à l'égard de ses détaillants et en dynamisant son action commerciale. Cette stratégie s'accompagne d'une recherche de réduction des coûts de production, tout en gardant un savoir-faire en France. Ainsi, Lejaby conserverait ses deux plus gros sites, celui de Rillieux-la-Pape (350 salariés dans le Rhône) où se situe le siège social, une unité de production, les services de recherche développement et de design, et celui d'Yssingeaux (97 salariés dans la Loire) qui deviendrait un atelier pilote pour l'innovation et les petites séries. Les travaux de faible valeur ajoutée seraient transférés à l'étranger ; les pièces « coupe » seraient ainsi montées dans les ateliers tunisiens qui réalisent actuellement 60 % de la production et les ateliers asiatiques (10 % de la production actuellement). Lejaby envisage donc de faire passer son ratio de production à l'étranger de 70 % à 90 %, se calant ainsi sur les pratiques de ses principaux concurrents (Lise Charmel, Simone Perèle, Aubade et Chantelle). Les dirigeants de l'entreprise ont rencontré les préfets et les maires des sites concernés par ces fermetures. Le plan de sauvegarde de l'emploi a été, présenté au comité d'entreprise. Les pouvoirs publics suivent ce dossier avec la plus grande attention. La direction de l'entreprise s'est engagée à proposer des mesures d'accompagnement à ses salariés en tenant compte dans la mesure du possible de leurs compétences et des caractéristiques territoriales et socioprofessionnelles des bassins d'emploi. Le marché de la lingerie, sur lequel évolue Lejaby, est soumis à une concurrence de plus en plus importante et connaît de fortes mutations. Le maintien des emplois et des savoir-faire est un des axes d'action prioritaires du Gouvernement. Sur le secteur du textile et de l'habillement, un plan d'action spécifique a été mis en place dès 2008 en liaison avec les fédérations professionnelles. Il s'articule autour des leviers de croissance essentiels de cette filière : innovation et création, compétences et savoir-faire, développement d'une démarche collective. Plusieurs actions collectives cofinancées par le ministère de l'économie, de l'industrie et de l'emploi ont été lancées pour accompagner les entreprises dans ces mutations en préservant au maximum les emplois sur le territoire national. Elles concernent notamment la performance industrielle ou l'accompagnement des dirigeants dans l'élaboration d'une démarche stratégique et la conquête de nouveaux marchés.
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