Question de Mme LABORDE Françoise (Haute-Garonne - RDSE) publiée le 08/04/2010

Mme Françoise Laborde attire l'attention de Mme la ministre de la santé et des sports sur les questions soulevées par la pratique, au sein de certaines unités médicales, de techniques comme celles du "packing" pour le traitement des enfants présentant des troubles autistiques sévères. Cette méthode consiste à envelopper les personnes dans des draps mouillés et refroidis à basse température, afin de leur faire prendre conscience des limites de leur corps. Or, elle ne repose sur aucune base scientifique ayant donné des résultats clairs, en dehors de l'étude clinique de validation en cours. En outre, cette technique semble en contradiction complète avec la nouvelle classification de l'Organisation mondiale de la santé, qui donne aux troubles autistiques une origine neurobiologique et non psychiatrique. Les familles et de nombreuses associations qui les représentent s'inquiètent des conséquences néfastes, voire dangereuses, que pourrait avoir cette pratique sur les patients. Pour répondre à cette angoisse légitime, elle lui demande de prendre des mesures, de toute urgence, afin de garantir la protection des patients atteints de troubles autistiques les plus graves et de s'assurer de l'information systématique et exhaustive ainsi que du consentement des parents et représentants légaux, au préalable de toute utilisation de cette technique du "packing" dans le cadre du programme de protocole hospitalier de recherche clinique.

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Réponse du Ministère de la santé et des sports publiée le 13/05/2010

Le packing est une méthode qui consiste à envelopper un enfant atteint d'autisme et présentant de très graves troubles du comportement, dans des serviettes humides froides puis dans des couvertures pour un réchauffement rapide, en présence de plusieurs soignants. L'utilisation de cette technique dans la prise en charge de l'enfant autiste divise les professionnels en raison de l'absence actuelle de preuve scientifique de son efficacité. Afin de mesurer plus précisément l'efficacité des traitements par packing chez les enfants souffrant de troubles autistiques avec troubles graves du comportement, une recherche biomédicale, financée dans le cadre des protocoles hospitaliers de recherche clinique (PHRC), a été autorisée en mai 2008 suite à un avis favorable du comité de protection des personnes. Par ailleurs la commission sécurité des patients du Haut Conseil en santé publique (HCSP) a été saisie pour se prononcer sur l'innocuité ou le risque de cette technique et les conditions de sécurité à mettre en oeuvre dans son utilisation. L'avis du HCSP, rendu le 2 février 2010, conclut que la méthode du packing pratiquée de façon encadrée selon un protocole précis ne comporte pas de risque somatique. Il rappelle la nécessité d'une évaluation du type de celle menée actuellement pour déterminer les bénéfices éventuels de ce traitement. Depuis la publication des recommandations de la Haute autorité de santé (HAS), en 2005, le diagnostic de l'autisme et des troubles envahissants du développement (TED) s'appuie sur la classification internationale des maladies, XXe version (CIM10), mise à jour par l'organisation mondiale de la santé (OMS). Le plan autisme 2008-2010 mis en place en France montre l'importance que le Gouvernement donne à l'amélioration de la prise en charge des TED. Les actions qu'il comporte visent à améliorer les connaissances épidémiologiques, à produire et diffuser un socle consensuel de connaissances actualisées sur l'autisme et les troubles envahissants du développement, à développer des structures et services pour l'accompagnement médico-social, éducatif et social ainsi que des innovations, notamment dans le cadre de structures expérimentales qui seront évaluées. La publication en mars 2010 d'un socle commun de connaissances sur l'autisme est une des actions phares de ce plan. Celui-ci servira à la formation des professionnels impliqués dans la prise en charge de l'enfance et sera intégré dans les recommandations de bonnes pratiques (BP) qui seront élaborées par la HAS et l'Agence nationale de l'évaluation sociale et médico-sociale (ANESM). L'ensemble de ces mesures fait l'objet d'un suivi par un comité national dans lequel sont représentées les associations de personnes et de parents d'enfants atteints de TED.

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