Question de M. LOZACH Jean-Jacques (Creuse - SOC) publiée le 18/03/2010
M. Jean-Jacques Lozach attire l'attention de M. le Premier ministre sur l'économie sociale et solidaire. Le décret n° 2010-95 du 25 janvier 2010 supprime la délégation interministérielle à l'innovation, à l'expérimentation sociale et à l'économie sociale (DIIESES), en application de la révision générale des politiques publiques (RGPP). L'intégration de la thématique transversale de l'économie sociale et solidaire (ESS) au sein d'une direction générale de la cohésion sociale (DGCS) aux très vastes attributions suscite de vives inquiétudes. Les acteurs de l'économie sociale (coopératives, associations, mutuelles, fondations) ont manifesté leur opposition à la suppression de la DIIESES créée en 1981 pour reconnaître ses spécificités et encourager l'essor de modèles économiques efficaces et innovants. En effet, l'ESS représente aujourd'hui 10 % du PIB et concerne plus de 2 millions de salariés. Or, sa dilution dans la nouvelle direction générale de la cohésion sociale confirme une conception réductrice cantonnant ce secteur à une dimension d'insertion et de lutte contre la pauvreté. Parallèlement, le fonds de soutien aux organismes de l'économie sociale, créé par la loi de finances rectificative pour 2010, est non défini. Cette enveloppe de prêts gérée par la Caisse des dépôts risque de rester virtuelle et de voir son périmètre d'intervention pour le moins restreint, si l'État persiste à considérer que l'économie sociale et solidaire a pour vocation unique d'accompagner les politiques de réparation et d'urgence sociales. Il lui demande donc de faire en sorte que les politiques publiques intègrent pleinement l'ESS en tant que secteur économique et social spécifique et vecteur d'innovation, dont l'impact potentiel sur le PIB est nettement sous-estimé, tant au plan national qu'européen.
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Transmise au Ministère du travail, de la solidarité et de la fonction publique
Réponse du Ministère du travail, de la solidarité et de la fonction publique publiée le 10/06/2010
Le ministre du travail, de la solidarité et de la fonction publique a pris connaissance avec intérêt de la question relative au devenir de la délégation interministérielle à l'innovation, à l'expérimentation sociale et à l'économie sociale (DIIESES). Les missions d'accompagnement du développement des structures de l'économie sociale tant au plan régional, national, qu'européen et international que menait la DIIESES sont reprises dans les attributions de la direction générale de la cohésion sociale (DGCS). Par l'article 11 de l'arrêté du 25 janvier 2010 portant organisation de la DGCS, est instaurée la mission de l'innovation, de l'expérimentation sociale et de l'économie sociale. Ses fonctions, menées en lien avec les services dédiés au sein de la DGCS, recouvrent les champs suivants : l'étude et la proposition des mesures destinées à favoriser le développement des coopératives, des mutuelles, des associations et des organismes du secteur de l'économie sociale ; la coordination de l'action de la direction dans ces domaines et l'animation des travaux du conseil supérieur de l'économie sociale et le conseil supérieur de la coopération ; l'animation du réseau de correspondants régionaux de l'économie sociale et solidaire. Par l'intégration de la DIIESES au sein de la DGCS, les autorités souhaitent tout à la fois le renforcement de l'interministérialité des politiques de développement de l'économie sociale et solidaire et un appui à leur mise en oeuvre. La tutelle de quatre ministres sur la DGCS manifeste ce renforcement : le ministre d'État, ministre de l'écologie, de l'énergie, du développent durable et de la mer, en charge des technologies vertes et des négociations sur le climat ; le ministre l'économie, de l'industrie et de l'emploi ; le ministre du travail, de la solidarité et de la fonction publique ; le ministre de la jeunesse et des solidarités actives. En résumé, cette intégration ne signifie pas que l'économie sociale est confiée à une direction en charge des politiques sociales uniquement, c'est au contraire un acteur interministériel légitimé par ces diverses tutelles qui assure désormais ces missions. La vocation même de la nouvelle direction est d'oeuvrer sur l'ensemble des éléments concourant à la cohésion et donc d'accompagner ceux qui au sein de l'activité économique en permettent le développement. Les moyens humains et financiers auparavant affectés à la DIIESES ont été intégrés dans l'organisation et le fonctionnement de la direction générale de la cohésion sociale. À ce titre la ligne budgétaire du programme 304, action 2 : Expérimentation sociale et autres expériences en matière sociale et d'économie sociale (libellé modifié), dans sa partie dédiée à l'appui aux acteurs et réseaux de l'économie sociale et au fonctionnement déconcentré, est reconduite au titre de l'exercice 2010. Par ailleurs, M. Francis Vercamer, à l'issue de la mission parlementaire qui lui a été confiée par le Premier ministre, a remis le 28 avril 2010 au Gouvernement son rapport sur le développement de l'économie sociale et solidaire. Ce rapport vient conclure un travail de réflexion et d'élaboration de préconisations qui a duré six mois et pour lequel a été étroitement associée la DIIESES, puis la DGCS ainsi que l'ensemble des acteurs de ce secteur. La mission a pu déterminer les axes d'une approche d'une politique globale de développement de l'économie sociale et solidaire, à travers quatre grandes orientations générales qu'illustrent 50 propositions concrètes. Ces orientations visent en particulier à : favoriser une meilleure visibilité ainsi que la prise en compte des enjeux, en particulier européen, de l'économie sociale et solidaire ; permettre aux structures et entreprises de ce secteur d'accéder à des dispositifs de droit commun qui facilitent leur croissance ; promouvoir une politique active d'aide et d'accompagnement qui tienne compte de spécificités de ce secteur ; mieux prendre en compte le secteur de l'économie sociale dans l'élaboration des politiques publiques. Enfin, il faut ajouter que le grand emprunt, tel que défini dans la 45e proposition du rapport, prévoit une intervention de 100 M dédiée au financement de l'économie sociale et solidaire. Un accord-cadre pourrait être établi avec les acteurs financiers de ce secteur précisant en particulier les missions confiées, leurs modes opératoires ainsi que les dispositifs d'évaluation des projets durant toute leur mise en oeuvre.
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