Question de M. GUÉRINI Jean-Noël (Bouches-du-Rhône - SOC) publiée le 18/03/2010
M. Jean-Noël Guérini appelle l'attention de M. le ministre des affaires étrangères et européennes sur l'arrestation récente par les autorités iraniennes de Jafar Panahi, réalisateur parmi les plus influents du mouvement de la nouvelle vague iranienne.
Cinéaste engagé de 49 ans, il a reçu le Lion d'or à la Mostra de Venise en 2000 pour "Le cercle" et l'Ours d'argent en 2006 pour "Hors-jeu". Il a aussi été primé deux fois à Cannes avec "Le ballon blanc", Prix de la caméra d'or 1995, et "L'or pourpre", Prix du jury en 2000.
S'il est couronné en Europe, rappelons que le Gouvernement de la République islamique d'Iran a interdit deux de ses films, "Dayereh" traitant de la condition des femmes dans la république islamique d'Iran et "Talāye sorkh".
Le Gouvernement iranien poursuit sa politique de répression et d'emprisonnement à l'encontre des hommes politiques, des journalistes et de tous les membres de la société civile qui développent une activité d'opposition à son régime autoritaire. D'ailleurs, souvenons- nous que Jafar Panahi avait déjà été arrêté et détenu avec sa famille l'été dernier à l'occasion de la cérémonie à la mémoire de Neda Agha Soltan, jeune manifestante tuée lors des manifestations de protestation contre la réélection du président Ahmadinejad,
En conséquence, il lui demande quelles mesures diplomatiques il compte prendre pour lutter contre l'arrestation arbitraire de Jafar Panahi.
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Transmise au Ministère des affaires étrangères et européennes
Réponse du Ministère des affaires étrangères et européennes publiée le 27/10/2011
Jafar Panahi, cinéaste iranien de renommée mondiale, a été arrêté à son domicile à Téhéran le 1er mars 2010, puis libéré sous caution le 25 mai 2010. Il a été condamné le 19 décembre 2010 pour « atteinte à la sécurité nationale et propagande contre la République islamique » à six années de prison, peine assortie d'une interdiction d'exercer son métier pendant vingt ans et d'une interdiction de sortie du territoire. M. Panahi a fait appel de cette décision et, dans l'attente du jugement, il est toujours assigné à résidence à Téhéran. Dès l'annonce de sa condamnation, la France a appelé à sa libération et a engagé nos partenaires européens à se joindre à notre réaction, ce qui avait été fait par la voix de Catherine Ashton, haut représentant de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité. L'engagement de la France en faveur de la liberté des artistes en Iran est constant. Lors de la première incarcération de Jafar Panahi en mars 2010, le ministre des affaires étrangères et européennes et le ministre de la culture ont lancé un appel à sa libération immédiate. M. Panahi avait, peu après, été libéré sous caution. L'engagement de la France en faveur de la liberté de création en Iran passe aussi par la politique de coopération avec la société civile iranienne dans le cadre de laquelle sont accueillis de jeunes cinéastes iraniens. En 2009, dix personnalités du cinéma iranien envoyées par la maison du cinéma de Téhéran ont été accueillies à l'école nationale supérieure des métiers de l'image et du son (FEMIS), au Centre national du cinéma et à UniFrance. En 2010, une délégation de douze directeurs de la photographie iraniens a bénéficié d'un stage professionnel organisé par l'École nationale supérieure Louis-Lumière. En 2011, une jeune cinéaste iranienne, Afsaneh Salari, a suivi l'université d'été de la FEMIS, une formation au documentaire de deux mois. C'est par ce type d'actions et par les liens maintenus avec la société civile que nous pourrons aussi soutenir la libre création en Iran. La France appelle régulièrement et avec fermeté les autorités iraniennes à respecter les engagements internationaux qu'elles ont librement contractés en matière de droits de l'Homme, en particulier le Pacte international relatif aux droits civils et politiques. Elle a pris l'initiative d'une action renforcée de l'Union européenne en faveur des droits de l'Homme et de la liberté d'expression en Iran, qui s'est traduite, en avril 2011, par l'adoption de sanctions (interdiction de voyager et gel des fonds) contre des responsables de la répression et des atteintes aux droits de l'Homme en Iran.
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