Question de M. LONGUET Gérard (Meuse - UMP) publiée le 26/03/2010
Question posée en séance publique le 25/03/2010
M. le président. La parole est à M. Gérard Longuet, pour le groupe Union pour un mouvement populaire. (Applaudissements sur les travées de l'UMP.)
M. Jean-Louis Carrère. De moins en moins populaire !
M. Didier Boulaud. Il va nous parler de la HALDE ! (Sourires.)
M. Gérard Longuet. Ma question s'adresse à M. le Premier ministre.
M. Jean-Louis Carrère. Est-ce qu'il est autorisé à vous répondre ?
M. Gérard Longuet. Même si
M. Jean-Pierre Sueur. Même si
M. Gérard Longuet.
les élections régionales sont, comme leur nom l'indique, des élections régionales (Rires sur les travées du groupe socialiste et du groupe CRC-SPG.), même si
M. Jean-Pierre Sueur. Même si
M. Gérard Longuet.
tous les gouvernements depuis 1986 et j'en parle d'expérience ! ont perdu les élections régionales, même si
M. Jean-Pierre Sueur. Même si
M. Gérard Longuet.
les élections régionales de 2004, qui avaient déjà fait souffrir la majorité,
M. Simon Sutour. Mais pas au point atteint cette fois-ci !
M. Jean-Louis Carrère. Et vous êtes bien placé pour le savoir !
M. Gérard Longuet.
ont préparé l'éclatante victoire de 2007, même si la crise économique et financière, doublée de la plus spectaculaire crise agricole, peut expliquer que la moitié de nos compatriotes ne se soient pas déplacés pour aller voter aux élections régionales et que ceux qui ont voté pour la majorité d'entre eux ont exprimé un vote d'inquiétude, d'une façon d'ailleurs parfaitement contradictoire,
M. Didier Boulaud. Tout cela est bien emberlificoté !
M. Daniel Raoul. Il rame ! (Nouveaux rires sur les travées du groupe socialiste et du groupe CRC-SPG.)
M. Gérard Longuet.
force est de reconnaître, monsieur le Premier ministre,
Mme Nicole Borvo Cohen-Seat. Que vous avez perdu !
M. Gérard Longuet.
que notre majorité a été défaite, alors que nous avons pris en charge avec cœur, sous l'autorité du Président de la République, avec votre engagement personnel reconnu, toutes les actions et tous les efforts
Mme Nicole Borvo Cohen-Seat. Non, pas tous !
M. Gérard Longuet.
pour soutenir notre pays dans cet environnement de crise.
M. Yannick Bodin. La crise de l'UMP !
M. Gérard Longuet. Ma question est simple.
Je voudrais tout d'abord exprimer, au nom du groupe UMP, notre confiance dans la détermination à mener les réformes qui est celle du Président de la République, Nicolas Sarkozy.
M. Jean-Louis Carrère. Ce n'est pas une question !
M. Gérard Longuet. Je voudrais par ailleurs exprimer, là encore au nom du groupe UMP tout entier, la profonde confiance que nous inspire, monsieur le Premier ministre, votre comportement, le sens du dialogue de l'écoute dont vous témoignez depuis trois ans à la tête du Gouvernement et qui atteste votre respect du Parlement (La question ! sur les travées du groupe socialiste et du groupe CRC-SPG) et votre volonté de faire aboutir les réformes. (Très bien ! et applaudissements sur les travées de l'UMP.)
Eh bien, mes chers collègues, ma question, la voici, et elle est double. (Exclamations amusées sur les travées du groupe socialiste et du groupe CRC-SPG.)
M. David Assouline. Monsieur le président, le temps de parole est dépassé ! Vous vous étiez montré beaucoup moins libéral avec moi ! C'est incroyable !
Mme Nicole Borvo Cohen-Seat. Scandaleux !
M. Gérard Longuet. Après la crise économique et financière de 2008, quelles sont, parmi les réformes antérieures à cette crise, celles qui méritent selon vous d'être réexaminées, approfondies, ou abandonnées ? (Hourvari sur les travées du groupe socialiste et du groupe CRC-SPG.)
M. le président. Veuillez conclure, monsieur Longuet.
M. Gérard Longuet. Quelles sont, après cette crise et au lendemain de ce vote, les réformes prioritaires dont vous jugez la mise en œuvre nécessaire pour donner toutes ses chances à notre pays ? (Applaudissements sur les travées de l'UMP et sur plusieurs travées de l'Union centriste.)
M. David Assouline. C'est incroyable ! Ils ont tous les droits !
Réponse du Premier ministre publiée le 26/03/2010
Réponse apportée en séance publique le 25/03/2010
M. le président. La parole est à M. le Premier ministre. (Applaudissements sur les travées de l'UMP.)
M. François Fillon, Premier ministre. Monsieur Longuet, avant de répondre à votre question, je voudrais faire une mise au point solennelle devant le Sénat. (Ah ! sur les travées du groupe socialiste et du groupe CRC-SPG.)
Mesdames, messieurs les sénateurs, tout ce que vous avez pu lire depuis dimanche soir sur mes relations avec le Président de la République est faux et relève de la manipulation. (Applaudissements sur les travées de l'UMP et sur plusieurs travées de l'Union centriste.)
Toutes ces rumeurs n'ont d'ailleurs qu'un seul objectif : déstabiliser l'exécutif. (Exclamations sur les travées du groupe socialiste et du groupe CRC-SPG.)
Un sénateur socialiste. Il n'a pas besoin de ça !
M. Didier Boulaud. C'est un château branlant ! (Mme Nicole Borvo Cohen-Seat s'esclaffe.)
M. François Fillon, Premier ministre. Croyez-le bien, je ne laisserai pas cette manipulation produire ses effets ! (Très bien et applaudissements sur les travées de l'UMP.) Il n'y a pas de divergence, et encore moins de rivalité, entre le Président de la République et moi-même. Il ne peut pas y en avoir parce que ce qui est en cause, mesdames, messieurs les sénateurs, c'est la cohérence du Gouvernement de la France, et donc l'intérêt national. (Bravo ! et applaudissements sur les mêmes travées.)
M. Didier Boulaud. Quel déballage !
M. Yannick Bodin. C'est un discours à usage interne !
M. François Fillon, Premier ministre. Depuis trois ans, j'ai été loyal envers le Président de la République, je le suis et je le resterai. (Applaudissements sur les mêmes travées. Railleries sur les travées du groupe socialiste.)
Cette cohérence de l'exécutif est d'autant plus nécessaire que gouverner la France n'est pas facile.
M. Jean-Louis Carrère. Voilà une découverte !
M. François Fillon, Premier ministre. Nous ne sommes pas les premiers à en avoir fait l'expérience.
Dimanche dernier, lors des élections régionales, nous avons subi une défaite. Celle-ci doit nous amener à faire, avec beaucoup d'humilité, l'analyse de la situation et à prendre les décisions nécessaires.
C'est ce à quoi nous allons nous employer avec la majorité, mais je souhaite dès maintenant souligner, comme l'a fait le Président de la République hier, que nous ne transigerons pas sur la nécessité de moderniser notre pays. (Très bien ! et applaudissements sur les travées de l'UMP.)
Nous sommes 65 millions de Français dans un monde de 6 milliards d'êtres humains, et notre devoir est de protéger le modèle de vie qui est le nôtre, de maintenir la prospérité de nos concitoyens. (Exclamations sur les travées du groupe socialiste et du groupe CRC-SPG.)
Mme Nicole Borvo Cohen-Seat. Le modèle de vie de qui ? Des chômeurs ?
M. Didier Boulaud. Qu'avez-vous fait pendant huit ans ?
M. Claude Domeizel. Cela fait huit ans que vous êtes au pouvoir !
M. François Fillon, Premier ministre. Et nous ne pouvons pas le faire sans réformer notre pays.
Monsieur Longuet, voici les trois priorités du Gouvernement pour les prochains mois.
La première, c'est évidemment l'emploi et la croissance. Nous allons poursuivre notre effort et ajuster les dispositifs de lutte contre le chômage, dont l'évolution devrait d'ailleurs s'inverser dans la deuxième partie de l'année 2010 compte tenu de la reprise de l'activité économique. (On se gausse sur les travées du groupe socialiste et du groupe CRC-SPG.)
Mme Nicole Borvo Cohen-Seat. On nous dit tous les jours que ça doit s'inverser !
M. François Fillon, Premier ministre. Nous allons mettre en uvre, après que vous en aurez débattu et que vous l'aurez votée, la loi de modernisation agricole, qui constitue une réponse à l'une des crises les plus graves que l'agriculture française et européenne ait rencontrée. (Applaudissements sur les travées de l'UMP.)
MM. Gérard Longuet et Alain Gournac. Très bien !
M. François Fillon, Premier ministre. Nous allons mettre en uvre le plus rapidement possible les investissements d'avenir, et je serai intransigeant sur l'affectation des 35 milliards d'euros que vous avez votés aux priorités et aux objectifs qui ont été décidés par le Gouvernement et par la majorité.
Mme Nicole Borvo Cohen-Seat. Nous voilà rassurés !
M. Jean-Louis Carrère. Et le bouclier fiscal ?
M. François Fillon, Premier ministre. Nous continuerons d'améliorer les dispositifs permettant de renforcer la compétitivité de notre économie.
S'agissant de l'ensemble des mesures que nous devons prendre en matière de développement durable, nous les mettrons en uvre en cherchant une meilleure coordination avec les autres pays européens parce que nous ne devons pas accroître le différentiel de croissance, notamment avec notre voisin allemand. (Applaudissements sur les travées de l'UMP. Protestations sur les travées du groupe socialiste et du groupe CRC-SPG.)
Mme Brigitte Gonthier-Maurin. Ça suffit !
M. François Fillon, Premier ministre. La deuxième priorité du Gouvernement sera la réduction des déficits, nécessaire dans un contexte financier européen dont chacun voit bien qu'il est préoccupant.
M. Jean-Pierre Bel. Ce n'est pas une déclaration de politique générale !
Mme Nicole Borvo Cohen-Seat. On n'est pas dans une émission de télévision !
M. François Fillon, Premier ministre. Cela signifie que les dépenses de l'État seront strictement maintenues,
M. Jean-Louis Carrère. Et alors, monsieur le président ? Les deux minutes trente sont passées !
M. François Fillon, Premier ministre.
que nous continuerons à mettre en uvre la révision générale des politiques publiques (Protestations et marques d'impatience sur les travées du groupe socialiste et du groupe CRC-SPG.)
Monsieur le président, j'interromps ma réponse une seconde parce que ce n'est pas la première fois que ce problème se pose au Sénat. Le Premier ministre, à l'Assemblée nationale comme au Sénat, qu'il soit de gauche ou qu'il soit de droite, s'exprime autant qu'il le veut. (Applaudissements sur les travées de l'UMP. Nouvelles protestations sur les travées du groupe socialiste et du groupe CRC-SPG.)
M. David Assouline. Tout est permis, il n'y a plus de règles !
M. François Fillon, Premier ministre. C'est inscrit dans la Constitution de la République française ! Alors, si vous voulez que je vienne vous répondre, je le ferai, mais comme je l'entends.
M. le président. Je vous demande néanmoins de bien vouloir achever votre réponse, monsieur le Premier ministre, car le temps nous est compté.
M. François Fillon, Premier ministre. La troisième priorité du Gouvernement concernera le renforcement des deux grands piliers de notre pacte républicain que sont la sécurité et la laïcité.
Sur la sécurité, il est incontestable que nous devons inventer de nouvelles réponses parce que la violence s'adapte en permanence aux initiatives que nous prenons.
M. David Assouline. Si vous voulez, on peut partir !
M. François Fillon, Premier ministre. Sur la laïcité, nous allons trancher une question qui, même si elle ne concerne pas un grand nombre de nos concitoyens, est devenue un symbole important : il s'agit de la question du voile intégral. (Applaudissements sur les travées de l'UMP. Hourvari sur les travées du groupe socialiste et du groupe CRC-SPG.)
M. David Assouline. C'est du jamais vu ! (Plusieurs sénateurs socialistes se lèvent et se préparent à quitter l'hémicycle.)
M. François Fillon, Premier ministre. Monsieur Longuet, avec le Président de la République, nous avons un engagement vis-à-vis des Français. Cet engagement, nous le tiendrons parce que l'honneur d'un homme politique réside dans le courage et le respect de la vérité. (Les sénateurs de l'UMP se lèvent et applaudissent vivement. Applaudissements sur plusieurs travées de l'Union centriste.)
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