Question de M. MAHÉAS Jacques (Seine-Saint-Denis - SOC) publiée le 24/12/2009
M. Jacques Mahéas attire l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale sur les conséquences de la mise en place de l'assouplissement de la carte scolaire.
La réforme de la carte scolaire, engagée en juin 2007, entrera dans sa phase finale en 2010. Elle a pour objet d'assouplir les règles d'affectation des élèves dans les collèges ou les lycées.
Or, la Cour des comptes comme l'Inspection générale de l'éducation nationale relèvent les nombreux effets secondaires néfastes de cette réforme, au regard du principe de l'égalité des chances et de l'équité pour l'accès à un établissement de qualité.
Ainsi, les services d'inspection notent que cette réforme concerne surtout les villes présentant une forte densité d'établissements et bien desservies par les transports urbains et concluent à l'impossibilité « technique », en milieu rural, de disposer de ce même droit à choisir effectivement et librement son établissement.
Mais le plus dommageable est le constat que cette suppression de la carte scolaire conduit à organiser un palmarès implicite des établissements scolaires et des équipes enseignantes. Ainsi, la Cour des comptes, dans son rapport sur la politique de la ville, démontre que la ghettoïsation des établissements difficiles s'est accentuée. Sur 254 collèges ambition réussite, 186 ont perdu jusqu'à 10 % de leurs élèves.
C'est pourquoi il souhaiterait connaître les premiers résultats de l'évaluation du dispositif d'assouplissement de la carte scolaire et les mesures qui seront prises par son département ministériel pour pallier les effets négatifs de cette politique.
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Réponse du Ministère de l'éducation nationale publiée le 26/08/2010
Les mesures d'assouplissement de la carte scolaire, mises en oeuvre depuis 2007, ont pour objectif de permettre aux familles de choisir librement l'école de leurs enfants tout en favorisant la mixité sociale dans les établissements scolaires. Afin de concilier ces deux objectifs, le ministère a donné des motifs prioritaires à faire valoir par les familles dans leurs demandes de dérogation. Le critère social, élève boursier, arrive en second après celui du handicap. Ainsi, à l'entrée en sixième, qui est le niveau le plus concerné, 85,8 % des demandes des élèves boursiers ont été satisfaites en 2009 contre 73,7 % pour l'ensemble des demandes. En matière de carte scolaire, l'État a substitué à un système injuste un nouveau fonctionnement qui offre le même droit à tout le monde et qui, dans le cas où les demandes dépassent les capacités d'accueil d'un établissement, favorise les populations les plus défavorisées. Les prochaines étapes de l'assouplissement permettront de renforcer l'information auprès des familles des milieux modestes et la priorité qui leur est donnée dans la satisfaction des demandes de dérogation. Du point de vue des établissements, la situation est en réalité contrastée. Il y a effectivement une centaine de collèges fortement évités depuis 2007 sur l'ensemble du territoire, qui en compte près de 5 250. Chacune de ces situations est particulière : l'évitement tient tantôt à des réputations injustifiées, tantôt à des difficultés conjoncturelles ou parfois plus profondément ancrées. Il a été demandé aux académies d'accompagner spécifiquement chacun de ces établissements pour l'aider à retrouver la confiance des familles. Des moyens ont été maintenus, malgré les baisses d'effectifs, afin de permettre de développer un projet ambitieux en faveur de la réussite des élèves. Il reste toutefois quelques établissements pour lesquels la situation est trop profondément détériorée pour permettre un rétablissement. Pour ces quelques cas, l'éducation nationale travaille avec les collectivités locales et l'ensemble des partenaires afin de trouver les meilleures solutions pour la scolarisation des élèves. Des modifications de sectorisation et la fermeture et/ou la reconstruction de certains établissements sont des actions qui existaient déjà avant l'assouplissement de la carte scolaire et qui se sont avérées bénéfiques. Afin de soutenir les conseils généraux qui envisagent ce type d'opérations, l'État a lancé en mai 2009 un appel à projet pour la fermeture de collèges dégradés dans le cadre de la dynamique Espoir banlieues avec 40 M de subventions pour les années 2010 et 2011. Par ailleurs la majeure partie des établissements qui perdent des élèves du fait de l'assouplissement de la carte scolaire sont affectés dans des proportions très faibles, qui ne menacent pas leur existence et ne modifient pas la répartition des catégories sociales dont sont issus leurs élèves. Par exemple, si on considère les collèges « Ambition réussite », choisis en 2006 car ils concentraient de fortes proportions d'élèves issus de catégories sociales défavorisées, ceux-ci perdent en moyenne 7,4 % de leurs élèves à l'entrée en sixième. Si 39 perdent plus du quart de leurs effectifs à ce niveau d'enseignement, la plupart perdent un nombre restreint d'élèves et 54 en gagnent. Ainsi sur l'ensemble du territoire, on n'assiste nullement à un phénomène massif de ghettoïsation et des réponses appropriées sont apportées au cas par cas aux établissements qui peuvent être en difficulté. Enfin, la mixité sociale est aussi à considérer du point de vue des établissements attractifs qui, grâce à ces mesures d'assouplissement de la carte scolaire, accueillent souvent de nouveaux publics issus de milieux plus modestes que les élèves du secteur. Ainsi l'égalité des chances, principe fondamental de notre système éducatif, devient une préoccupation et un objectif pour l'ensemble des établissements scolaires, y compris ceux des centres-villes et non plus seulement ceux situés dans les quartiers défavorisés et populaires.
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