Question de M. TRILLARD André (Loire-Atlantique - UMP) publiée le 23/10/2009
Question posée en séance publique le 22/10/2009
M. le président. La parole est à M. André Trillard. (Applaudissements sur les travées de l'UMP.)
M. André Trillard. Ma question concerne la situation en Afghanistan.
La semaine dernière, un journal britannique affirmait sans aucun scrupule et sans le moindre respect que des soldats italiens combattant en Afghanistan sous l'égide de l'OTAN avaient payé des talibans dans la zone de Saroubi et de Kapisa pour maintenir la paix. Je rappelle que c'est précisément dans cette région que les forces françaises ont, en août 2008, relayé les forces italiennes et que dix soldats français ont trouvé la mort.
Toujours selon ce journal, ces pratiques auraient conduit à une mauvaise évaluation des risques, que nos soldats auraient payée de leur vie.
Ces prétendues révélations sont graves. Elles sont une insulte à nos soldats et aux forces de l'OTAN, qui travaillent ensemble pour le rétablissement de la paix.
Monsieur le secrétaire d'État, mes chers collègues, je tiens à rendre hommage, devant vous tous, à la mémoire de ces soldats, et je salue le courage et le professionnalisme de ceux qui, sur place, n'ont nul besoin de telles allégations !
À l'heure où les forces de l'OTAN mettent en place des opérations de tutorat, les OMLT, ou Operational Mentoring and Liaison Team, pour former les soldats afghans et rendre totalement autonome l'armée afghane, ces affirmations, qu'elles soient fondées ou non, discréditent les forces internationales face aux talibans, nuisent à leur mission, qui est suffisamment rude, et confortent les talibans dans leurs motivations anti-occidentales.
Il est facile de faire la « une » des journaux à des milliers de kilomètres des combats, mais a-t-on pensé aux conséquences ? Depuis 2001, l'Afghanistan, pays en guerre, essaie de retrouver la voie de la démocratie et de la liberté. Et cela serait impossible sans les forces de l'OTAN au sein desquelles, rappelons-le, nos soldats se battent contre le terrorisme.
Qu'ils soient Italiens, Français ou Américains, aucun de ces soldats n'a à subir de telles insultes.
Alors, monsieur le secrétaire d'État, une semaine après le redéploiement des OMLT françaises dans la région de Saroubi, pouvez-vous nous dresser un point de situation sur l'action de nos soldats et nous faire le bilan de la coopération avec l'armée afghane ? (Applaudissements sur les travées de l'UMP.)
Réponse du Secrétariat d'État aux affaires européennes publiée le 23/10/2009
Réponse apportée en séance publique le 22/10/2009
M. Pierre Lellouche, secrétaire d'État chargé des affaires européennes. Monsieur Trillard, je vous prie de bien vouloir excuser mon collègue Hervé Morin, qui est retenu aujourd'hui par une rencontre des ministres de la défense de l'OTAN, à Bratislava, en Slovaquie.
M. René-Pierre Signé. On s'en était aperçu !
M. Pierre Lellouche, secrétaire d'État. Vous venez de faire allusion aux révélations d'un journal britannique. J'étais à Rome lundi et mardi, et je me suis expliqué clairement devant la presse italienne et devant nos homologues italiens.
Je juge totalement détestables les spéculations de la presse sur l'hypothèse selon laquelle des militaires italiens auraient acheté la non-belligérance des talibans.
J'ai redit notre solidarité envers le contingent italien, qui compte plus de 3 000 hommes et qui, comme tous les autres contingents européens, se bat avec courage dans des conditions particulièrement difficiles. (Très bien ! et applaudissements sur les travées de l'UMP.)
Nous avons besoin de plus d'Europe, nous n'avons pas besoin de nous tirer les uns sur les autres, si j'ose dire, par voie de presse ! (Applaudissements sur les travées de l'UMP.)
Comme je l'ai indiqué, je n'entends pas du tout remettre en question la parole du gouvernement italien, qui a formellement démenti ces informations. Nous faisons confiance au gouvernement de Rome. (Murmures sur les travées du groupe socialiste et du groupe CRC-SPG.)
Sur le fond, comme l'a dit le Président de la République, il nous faut rester en Afghanistan pour gagner non contre l'Afghanistan, mais pour l'Afghanistan, car, si nous partons, c'est le Pakistan, puissance nucléaire, qui sera menacé.
Nous sommes tous engagés là-bas pour lutter contre le terrorisme et permettre la reconstruction d'un pays ruiné par trente années de guerre. C'est le sens du message délivré par Bernard Kouchner, la semaine dernière, à Kaboul, où, avec les États-Unis, nous avons su convaincre le président Karzaï d'appliquer la Constitution en acceptant un second tour pour l'élection présidentielle.
S'agissant de notre déploiement militaire, à partir du mois prochain, notre dispositif sera beaucoup plus robuste dans la région Est, qui verrouille l'accès à Kaboul.
L'objectif est de concentrer nos efforts pour la sécurité et le développement dans la zone de Kapisa-Saroubi. Ce sera notamment le cas avec le déploiement d'une force de gendarmerie française pour former les forces de sécurité afghanes.
Enfin, comme l'a dit tout à l'heure le président Larcher, des explications plus détaillées vous seront données le 16 novembre par le ministre de la défense. (Applaudissements sur les travées de l'UMP.)
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