Question de M. PEYRONNET Jean-Claude (Haute-Vienne - SOC) publiée le 17/09/2009
M. Jean-Claude Peyronnet attire l'attention de M. le ministre du budget, des comptes publics, de la fonction publique et de la réforme de l'État sur le sens à donner à la notion « d'organisme d'intérêt général » telle qu'elle figure aux articles 200 et 238 du code général des impôts.
Plus précisément, en raison des divergences d'interprétation de ces articles par les services fiscaux sollicités par des parcs naturels régionaux, il souhaiterait savoir si les activités menées par ces structures sont de nature à entrer dans l'un des caractères limitativement énumérés par le législateur et dès lors si ces associations peuvent bénéficier de l'exonération des charges patronales inscrite dans la loi n° 2005-157 du 23 février 2005 sur les territoires ruraux de développement prioritaire.
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Réponse du Ministère chargé de l'industrie publiée le 23/09/2009
Réponse apportée en séance publique le 22/09/2009
La parole est à M. Jean-Claude Peyronnet, auteur de la question n° 624, adressée à M. le ministre du budget, des comptes publics, de la fonction publique et de la réforme de l'État.
M. Jean-Claude Peyronnet. Monsieur le ministre, ma question concerne le régime fiscal applicable aux parcs naturels régionaux, PNR, notamment dans les zones de revitalisation rurale. C'est le cas du PNR Périgord-Limousin qui est situé en partie sur le département de la Haute-Vienne et en partie sur le département de la Dordogne.
Le PNR Périgord-Limousin a saisi les services fiscaux du département de la Haute-Vienne afin de bénéficier de la qualité d'organisme d'intérêt général lui permettant d'obtenir l'exonération de la part patronale des cotisations sociales.
Les services interrogés ont répondu, en avril 2009, que le parc en question ne pouvait pas se voir appliquer cette disposition au motif que son activité ne se rattachait pas, dans sa globalité, à l'un des caractères permettant de bénéficier de la mesure, mentionnés aux articles 200, alinéa 1 (b) et 238 bis, alinéa 1 (a) du code général des impôts, c'est-à-dire de nature « philanthropique, éducatif, scientifique, social, humanitaire, sportif, familial, culturel ou concourant à la mise en uvre du patrimoine artistique, à la défense de l'environnement naturel ou à la diffusion de la culture, de la langue et des connaissances scientifiques françaises. »
Si ce parc ne concourt pas à la diffusion des connaissances scientifiques françaises, il est difficile de ne pas reconnaître qu'il participe à la défense de l'environnement naturel. C'est même sa fonction première au quotidien.
C'est la raison pour laquelle il me semblerait légitime d'attribuer aux PNR la qualité d'organisme d'intérêt général, d'autant que les services fiscaux de l'Aveyron ont reconnu que cette disposition était applicable au parc naturel régional des Grands Causses.
L'exonération des charges patronales permettrait au parc Périgord-Limousin non pas de recevoir des dons, comme les services fiscaux de la Haute-Vienne l'ont pensé, mais de stabiliser les membres de son personnel, qui sont souvent des agents contractuels, dans une région rurale qui peine à recruter des personnels qualifiés.
Monsieur le ministre, pourriez-vous me donner votre position sur cette question ?
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Christian Estrosi, ministre chargé de l'industrie. Monsieur le sénateur, je vous prie d'excuser M. Éric Woerth, ministre du budget, des comptes publics, de la fonction publique et de la réforme de l'État, dont vous avez appelé l'attention sur la notion d'organisme d'intérêt général prévue par le code général des impôts.
Lorsqu'ils sont implantés dans une zone de revitalisation rurale c'est un sujet que je connais bien les organismes d'intérêt général présentant l'un des caractères mentionnés au 1er alinéa (b) de l'article 200 du code général des impôts peuvent bénéficier d'une exonération de cotisations sociales patronales.
Parmi ces organismes figurent les uvres ou organismes concourant à la défense de l'environnement naturel recouvrant les activités suivantes : lutte contre les pollutions et nuisances, prévention des risques naturels et technologiques, préservation de la faune, de la flore et des sites, préservation des milieux et des équilibres naturels, amélioration du cadre de vie en milieu urbain ou rural.
La condition d'intérêt général implique que l'activité de l'uvre ou de l'organisme ne soit pas lucrative et que sa gestion soit désintéressée au sens de l'instruction fiscale du 18 décembre 2006 publiée au Bulletin officiel des impôts.
En outre, l'organisme ne doit pas fonctionner au profit d'un cercle restreint de personnes.
Aux termes du code de l'environnement, les parcs naturels régionaux ont donc une activité indéniable de protection du patrimoine naturel.
Pour autant, ils réalisent d'autres activités, telles que la participation à l'aménagement du territoire, le développement économique et social, le développement touristique, activités qui ne sont pas mentionnées à l'article 200 du code général des impôts.
Il en résulte que, compte tenu de leur objet et des actions qu'ils mènent effectivement, et sans qu'il soit besoin d'examiner les autres conditions tenant à l'intérêt général, l'activité des parcs naturels régionaux ne se rattache pas, dans sa globalité, à l'un des caractères limitativement énumérés à l'article 200 précité.
Dès lors, ces organismes ne peuvent pas bénéficier de l'exonération des charges patronales inscrite dans la loi du 23 février 2005 sur les territoires ruraux de développement prioritaire. C'est cette subtilité qui différencie un parc national d'un parc naturel régional.
Je réponds au nom de M. Woerth en tenant compte du droit tel qu'il est en vigueur aujourd'hui et auquel nous ne pouvons pas déroger.
J'ai moi-même été confronté à ce problème d'aménagement du territoire, mon département comprenant à la fois un parc national et un parc naturel régional.
Votre question étant fondée, le Gouvernement peut, en relation avec le Parlement, engager une réflexion sur l'évolution de ce droit.
M. le président. La parole est à M. Jean-Claude Peyronnet.
M. Jean-Claude Peyronnet. Monsieur le ministre, j'ai eu un fol espoir au début de votre réponse. Mais je constate que vous avez une interprétation très restrictive des textes. Cela ne met pas en cause vos qualités de juriste, mais il sera difficile à l'avenir de maintenir une telle position, car les parcs naturels régionaux mènent au quotidien des actions de défense de l'environnement.
Je ne veux pas créer d'ennuis au parc naturel régional des Grands Causses, mais nous sommes dans une situation paradoxale. Dans certains départements, la qualité d'organisme d'intérêt général est reconnue et permet à un parc de bénéficier d'une exonération ; dans d'autres, les services fiscaux appliquent de façon rigide les dispositions du code général des impôts.
Vous souhaitez une réflexion commune entre le Gouvernement et le Parlement sur cette question pour faire évoluer le droit. En conséquence, je me rapprocherai de vos services pour voir comment nous pourrions mettre fin à une anomalie préjudiciable.
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