Question de Mme ESCOFFIER Anne-Marie (Aveyron - RDSE) publiée le 10/09/2009
Mme Anne-Marie Escoffier attire l'attention de Mme la ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche sur l'avenir du cursus universitaire et particulièrement sur celui en médecine générale, qui souffre depuis de nombreuses années, d'une déflation des moyens financiers et humains. En conséquence, elle lui demande de préciser la position du Gouvernenment sur des mesures urgentes à arrêter pour assurer le respect des dispositions de la loi n° 2009-879 du 21 juillet 2009 portant réforme de l'hôpital et relative aux patients, à la santé et aux territoires, pour prévenir des grèves plus largement importantes que celles de la rentrée dernière et subsidiairement de déterminer en quelles proportions le budget national sera consacré à garantir un enseignement supérieur de qualité en France.
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Réponse du Secrétariat d'État à la justice publiée le 14/10/2009
Réponse apportée en séance publique le 13/10/2009
La parole est à Mme Anne-Marie Escoffier, auteur de la question n° 617, adressée à Mme la ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche.
Mme Anne-Marie Escoffier. La reconnaissance en troisième cycle de la spécialité de médecine générale a été saluée tant par les professionnels que par les étudiants. La loi portant réforme de l'hôpital et relative aux patients, à la santé et aux territoires, dite « loi HPST », consacre cette notoriété nouvelle en inscrivant les missions du médecin généraliste en ses dispositions.
Pourtant, le manque de moyens financiers et humains reste problématique. Alors que plus de 6 000 étudiants s'orientent vers cette spécialité et que plus de 3 000 postes d'internes en médecine générale seront ouverts à l'examen national classant, le ratio entre étudiants et enseignants reste quinze fois inférieur à celui des autres spécialités et le budget consacré à cette discipline représente cent fois moins que celui qui est consenti pour les autres spécialités, quelles qu'elles soient.
Les enseignants et les étudiants ne cachent plus leur amertume face à l'implosion certaine et programmée de la médecine générale. Comment est-il possible que seuls 135 enseignants associés assurent les cours à plus de 6 000 étudiants répartis sur huit universités ? Comment se satisfaire de l'intégration de seulement dix professeurs associés au poste de professeur titulaire, de la nomination de huit maîtres de conférences et de huit maîtres de conférences associés, alors que la loi HPST préconise la nomination de vingt professeurs, de trente maîtres de conférences et de cinquante chefs de clinique universitaires par an ? Certes, le ministère vient de procéder à l'intégration de vingt-sept candidats enseignants reconnus aptes par le Conseil national des universités, le CNU. Mais qu'en sera-t-il des trente-huit candidats dont le dossier a été soumis à la Commission nationale d'intégration et qui pourraient utilement venir renforcer les rangs des enseignants ?
Il convient aujourd'hui de mettre en place des mesures urgentes pour faire face à la raréfaction des enseignants universitaires et assurer la présence de plus d'un professeur par université dans le cursus de médecine générale. Quelles dispositions seront prises ? Sur le moyen et le long terme, quels sont les engagements que le Gouvernement envisage de prendre pour que soit appliquée la loi HPST, qui dispose d'un numerus d'effectifs à nommer chaque année ?
M. le président. La parole est à M. le secrétaire d'État.
M. Jean-Marie Bockel, secrétaire d'État à la justice. Madame la sénatrice, c'est avec enthousiasme que le Gouvernement a accueilli l'initiative de votre ancien collègue, Francis Giraud, visant à créer une filière universitaire de médecine générale. Mme Pécresse, qui aurait souhaité pouvoir répondre personnellement à votre question orale, mais qui accompagne ce matin le Président de la République, a soutenu cette proposition de loi relative aux personnels enseignants de médecine générale tout au long de son parcours parlementaire, veillant en particulier à ce que, une fois voté par votre assemblée, ce texte puisse être examiné au plus vite par l'Assemblée nationale. C'est d'ailleurs ce qui s'est passé. C'est ensuite avec la même célérité que, en liaison avec la ministre de la santé et des sports, Mme Roselyne Bachelot, fut publié le décret statutaire nécessaire à l'application de la loi.
Sept mois se seront donc écoulés entre le dépôt de la proposition de loi sur le bureau de votre assemblée et la publication du décret d'application. C'est bien la preuve d'une motivation forte !
Cette reconnaissance statutaire, qui était attendue depuis de nombreuses années, se double d'un effort sans précédent en moyens humains.
Depuis 2007, quatre-vingt-treize postes ont été créés. Dans ces conditions, il n'existe aucune difficulté à se conformer aux dispositions de l'article 47 de la loi HPST. Les postes prévus seront ouverts : vingt postes de professeurs, trente postes de maîtres de conférences et cinquante postes de chefs de clinique.
Nous ne pouvons préciser à ce stade comment ces postes seront pourvus. Tout dépendra du nombre de candidats disposant des qualités requises pour postuler et être inscrits sur la liste d'admission du CNU. Là est la véritable question. Il ne faut pas sacrifier la qualité des recrutements à une politique d'annonce.
C'est à une gestion pluriannuelle et raisonnée des emplois que nous nous attachons avant tout aujourd'hui. Comme vous le soulignez à juste titre, madame la sénatrice, notre priorité est la qualité de l'enseignement supérieur.
C'est pourquoi l'accent est mis sur le recrutement des chefs de clinique : quarante-sept chefs de clinique ont été recrutés depuis 2007. Ils constitueront le vivier dans lequel seront recrutés les futurs maîtres de conférences et professeurs titulaires.
Trois voies existent, en effet, pour « alimenter » cette nouvelle filière.
La première est celle du recrutement des associés : cette voie a vocation à s'éteindre progressivement du fait du nouveau statut. Elle sera néanmoins maintenue pour assurer les formations tant que le vivier des titulaires n'est pas constitué. Pour cette seule rentrée, douze maîtres de conférences associés sont élevés au rang de professeurs associés et, conformément aux propositions du CNU, les vingt-sept candidats aux postes de maîtres de conférences associés ont tous été recrutés, soit trois fois plus que les années précédentes et plus que le nombre d'associés pour l'ensemble des sections médicales du CNU.
La deuxième voie pour faire vivre cette nouvelle filière de médecine générale est l'intégration dans le corps. Elle a commencé dès cette année avec l'intégration de dix professeurs associés devenus, véritable révolution dans le monde de la médecine universitaire, les premiers professeurs titulaires de médecine générale.
Enfin, la troisième voie, amenée à devenir la voie « classique », est, naturellement, celle du concours. Tous les verrous réglementaires ayant été levés, il sera organisé pour la première fois cette année universitaire, au printemps, comme pour toutes les autres disciplines médicales.
Je peux vous assurer que les doyens de médecine sont satisfaits de la politique ainsi mise en uvre, dans un contexte pourtant difficile de non-création d'emplois et de vivier de candidats incertain.
Oui, je l'affirme, madame la sénatrice, la filière de médecine générale, dernière née dans l'université, constitue une priorité pour le Gouvernement. Et ce n'est pas un vain mot ; il correspond de plus en plus à la réalité !
M. le président. La parole est à Mme Anne-Marie Escoffier.
Mme Anne-Marie Escoffier. Monsieur le secrétaire d'État, je vous remercie de votre réponse et des éléments d'information que vous nous avez apportés qui nous rassurent pour partie.
Je veux cependant insister sur la vive inquiétude tant des étudiants que des médecins eux-mêmes concernant cette filière de médecine générale. Nos départements connaissent encore aujourd'hui une pénurie dramatique de médecins de médecine générale et nous comptons beaucoup sur ces nouvelles filières pour venir nourrir nos territoires ruraux. (Mme Marie-Thérèse Hermange approuve.)
M. le président. Monsieur le secrétaire d'État, permettez-moi de vous informer que l'état de santé M. Francis Giraud, qui a siégé longtemps au sein de cette assemblée, n'est pas bon, et nous le regrettons profondément.
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