Question de Mme DEMONTÈS Christiane (Rhône - SOC) publiée le 29/01/2009
Mme Christiane Demontès attire l'attention de M. le ministre des affaires étrangères et européennes sur la disparition d'un opposant tchadien survenue entre le 28 janvier et le 8 février dernier.
À la fin du mois de janvier 2008, N'Djamena a été le théâtre d'une attaque de la part de groupes rebelles. Conjointement, de nombreux membres de l'opposition non armée ont fait l'objet d'enlèvements. Par la suite, le Président de la République a demandé aux autorités tchadiennes de mettre en place une commission d'enquête parlementaire afin que toute la lumière soit faite sur les évènements survenus durant ces onze jours. Cette instance a rendu ses conclusions. Elles mettent en exergue le fait qu'une seule personne a disparu. Il transparaît également que cette victime ne peut pas avoir été l'objet d'une action ou d'une initiative personnelle. Dès lors, se trouve clairement posée la question des responsabilités dans la chaîne de commandement tchadien et ce, jusquau plus haut sommet de l'État.
Compte tenu du fait que le Président de la République est à l'initiative de l'instauration de cette commission d'enquête et qu'à cet égard il ne saurait se satisfaire des zones d'ombre mises en évidence dans les travaux de ladite commission, elle lui demande quelles dispositions et initiatives entend prendre le Gouvernement afin que les autorités tchadiennes fassent toute la lumière sur les auteurs directs et indirects de cette disparition.
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Réponse du Ministère des affaires étrangères et européennes publiée le 25/06/2009
Lors de l'offensive menée au Tchad, au début de l'année 2008, par des groupes armés à partir du territoire soudanais, trois opposants tchadiens ont disparu. Le ministre des affaires étrangères et européennes, Bernard Kouchner, a immédiatement appelé le président tchadien Idriss Déby, dès le mardi 5 février, pour lui témoigner de nos préoccupations concernant le sort de ces opposants, et ce, malgré les combats qui sévissaient encore à N'Djamena. Il a également chargé notre ambassade sur place d'assurer la protection des personnalités de la société civile susceptibles d'être menacées. L'ancien président Lol Mahamat Choua a été retrouvé grâce notamment à nos efforts de sensibilisation des autorités tchadiennes. Nous avons accueilli sur notre territoire le troisième opposant disparu, M. Yorongar ainsi que deux militantes des droits de l'homme tchadiennes. Malheureusement, Ibni Oumar Mahamat Saleh, porte-parole de la CPDC et président du Parti pour les libertés et le développement (PLD) est toujours porté disparu. La France a, lors de la visite du Président Sarkozy au Tchad fin février 2008, appelé à la création d'une commission d'enquête chargée de faire la lumière sur sa disparition et sur les événements de février. La France y a participé en tant qu'observatrice et a appuyé ces travaux par l'envoi d'un expert technique. Cette commission a recommandé, dans son rapport du 5 août dernier, au chef de l'État tchadien de poursuivre les investigations policières et judiciaires, notamment s'agissant de l'enlèvement et de l'arrestation des dirigeants de l'opposition. Le gouvernement tchadien a donc déposé à la fin de l'année 2008 une plainte contre X, sur l'ensemble des dossiers concernés, y compris celui d'Ibni Oumar Mahamat Saleh. Le procureur de la République du Tchad a désigné un cabinet d'instruction assisté d'officiers de police judiciaire. Ce « pool judiciaire » a récemment commencé ses travaux d'enquête : à ce jour, une quarantaine d'auditions ont été menées. En ce qui concerne l'indemnisation des victimes, une assistance financière aux femmes victimes de viols a été mise en place par le ministère de l'Action sociale. Lors de son déplacement au Tchad, les 14 et 15 mars dernier, le ministre des affaires étrangères et européennes a réaffirmé au président Déby l'attachement profond de la France à ce que toute la lumière soit faite sur le sort d'Ibni Oumar Mahamat Saleh. Les enquêtes en cours doivent aboutir à l'identification et à la traduction en justice des personnes accusées des actes les plus graves. La France continuera de suivre cette affaire. Avec l'organisation internationale de la francophonie et la Commission européenne, nous serons attentifs à l'avancée de l'enquête et à l'application effective des recommandations émises dans le rapport. Par ailleurs, le ministre a assuré Mme Saleh, lorsqu'il l'a rencontrée à Paris le 30 septembre 2008, de notre soutien envers elle et ses fils qui craignent désormais de séjourner au Tchad. Il a demandé que soient considérées avec toute l'attention nécessaire les conditions de séjour de la famille de M. Saleh en France.
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