Question de M. MADEC Roger (Paris - SOC) publiée le 06/11/2008
M. Roger Madec attire l'attention de Mme la ministre de la santé, de la jeunesse, des sports et de la vie associative sur sa déclaration concernant l'autorisation de la publicité de produits alcoolisés sur Internet.
L'alcool est devenu la première forme d'addiction chez les jeunes en France. Depuis quelques années, on observe une augmentation de la consommation d'alcool chez les jeunes, une alcoolisation excessive et massive. Dans son rapport de mars 2008, l'Institut de veille sanitaire indique que 26% des adolescents se déclarent avoir été ivres au moins trois fois au cours de l'année 2005.
La loi n° 91-32 du 10 janvier 1991 relative à la lutte contre le tabagisme et l'alcoolisme limite les supports autorisés pour la publicité sur les produits alcoolisés. Sont interdits les supports les plus impactants tel que le cinéma et la télévision. La loi de 1991, qu'elle a votée, protège les plus vulnérables de notre société : les jeunes.
Il attire son attention sur le fait que le média Internet est devenu le média le plus utilisé par les jeunes. Il se trouve être plus impactant que la télévision et le cinéma. Internet est le média transfrontière où les jeunes ne s'arrêtent pas sagement à l'utilisation des pages qui leurs sont réservées.
Il lui demande en conséquence son positionnement précis sur la loi n° 91-32 du 10 janvier 1991 et les supports impactants tel que la télévision, le cinéma et Internet.
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Réponse du Ministère de la santé et des sports publiée le 22/10/2009
La question de la publicité en faveur de l'alcool sur Internet est un sujet important en termes de santé publique. En effet, la loi Évin, intégrée à l'article L. 3323-2 du code de la santé publique, fixe une liste limitative des supports autorisés pour la publicité en faveur des boissons alcooliques, sur laquelle ne figure pas Internet qui à l'époque n'existait pas. Réglementer la publicité, c'est agir sur la demande d'alcool, axe indispensable d'une politique de prévention en la matière. Au regard du poids croissant d'Internet dans la publicité, et pour répondre à la question spécifique de la publicité sur le vin et les autres boissons alcooliques par le biais de ce média, il est apparu nécessaire d'actualiser la loi Évin, afin de pouvoir mettre en place un dispositif juridique clair et encadré en France et de sécuriser l'intervention des acteurs économiques sur Internet. Toute la difficulté de ce dossier était de concilier cette nécessité économique avec un impératif de santé publique. Face à ce dossier aux données économiques, techniques et juridiques complexes, il fallait soutenir une véritable position de santé publique responsable : si la publicité était autorisée, il fallait s'assurer que les populations vulnérables seraient protégées. C'est dans cet esprit qu'au cours des débats sur le projet de loi portant réforme de l'hôpital et relatif aux patients, à la santé et aux territoires des amendements parlementaires ont été adoptés et ont actualisé la loi Évin en autorisant la publicité en faveur des boissons alcooliques sur Internet, qui n'existait pas à l'époque, tout en prévoyant des garde-fous. Ainsi, aux termes de l'article 97 de la loi n° 2009-879 du 21 juillet 2009 portant réforme de l'hôpital et relative aux patients, à la santé et aux territoires, les populations vulnérables, en particulier les jeunes, seront protégées : c'est pourquoi les sites destinés à la jeunesse ou dédiés au sport et/ou à l'activité physique (eux aussi fortement fréquentés par les jeunes) sont exclus de toute publicité pour ces produits. De même, les techniques intrusives comme les pop-up (des fenêtres publicitaires qui surgissent de manière spontanée sur le Web) ou interstitielles (annonces, souvent animées, voire sonores, qui apparaissent en cours de consultation d'une page et occupent tout ou partie de l'écran) sont prohibées. Enfin, la publicité sur Internet reste bien sûr soumise aux mêmes contraintes, qui figurent dans le code de santé publique, que les autres supports : message sanitaire, contenu de la publicité encadré... Les services de l'État seront vigilants à la bonne application de la mesure.
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