Question de Mme ESCOFFIER Anne-Marie (Aveyron - RDSE) publiée le 30/10/2008

Mme Anne-Marie Escoffier attire l'attention de M. le secrétaire d'État chargé des transports sur la situation, particulièrement alarmante, du département de l'Aveyron en matière de desserte ferroviaire. Elle constate en effet que l'Aveyron figure parmi les grands « oubliés » des projets de la SNCF en matière de trains à grande vitesse, et qu'il faut toujours pratiquement … dix heures pour relier Rodez à Paris, compte tenu de la complexité des correspondances et ce, malgré les efforts considérables du conseil régional Midi-Pyrénées, qui consacre un plan de 800 millions d'euros à l'amélioration des dessertes. Elle lui demande si l'Aveyron peut conserver quelque espoir quant à son désenclavement ferroviaire.

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Réponse du Secrétariat d'État aux transports publiée le 17/12/2008

Réponse apportée en séance publique le 16/12/2008

M. le président. La parole est à Mme Anne-Marie Escoffier, auteur de la question n° 325, adressée à M. le secrétaire d'État chargé des transports.

Mme Anne-Marie Escoffier. Il s'agit d'une question relative aux transports ferroviaires. Le département de l'Aveyron, que vous connaissez bien, monsieur le secrétaire d'État, a conservé l'authenticité de ses paysages, notamment en raison de l'isolement dans lequel il est demeuré depuis le XIXe siècle. Mais ce qui est une bonne chose aujourd'hui du point de vue du tourisme l'est moins, bien entendu, lorsqu'il s'agit de la commodité des transports collectifs, en particulier pour ce qui concerne le secteur ferroviaire.

Le problème en Aveyron est d'autant plus aigu que nos lignes ont la réputation, sans doute à tort, d'être peu rentables ou de ne pas être rentables.

Depuis 2006, en effet, la liaison directe Rodez-Paris a été supprimée. C'est un fait désormais acquis, malgré les multiples protestations des élus locaux et les nombreuses manifestations que cette suppression avait occasionnées à l'époque.

Les voyageurs qui, malgré tout, tentent, encore aujourd'hui, de prendre le train se lancent dans une véritable « aventure » ferroviaire qui nécessite de huit à dix heures, selon les cas, pour rejoindre la capitale. Les voyages de nuit sont, eux aussi, très problématiques et d'une durée équivalente. J'ajoute, monsieur le secrétaire d'État, que les aléas de ces voyages sont parfois insupportables quand, au dernier moment, l'on apprend que le train est simplement supprimé ou que l'on reste en gare de Brive pendant une nuit en attendant le train du lendemain matin en provenance de Toulouse.

Il faut souligner les efforts considérables accomplis par le conseil régional Midi-Pyrénées, auquel je veux rendre hommage, qui consacre, dans un plan global de plus de 820 millions d'euros, 500 millions d'euros pour améliorer les dessertes, sans lesquelles aucune de ces liaisons ne serait possible. Ce faisant, le conseil régional assure une véritable mission de service public.

À l'instar de mon collègue François Fortassin, je voudrais souligner les efforts particuliers réalisés par les régions, qui ont investi massivement dans les matériels roulants et qui, en raison du mauvais état des voies, n'en tirent pas tout le bénéfice.

Bien entendu, je suis parfaitement consciente de la difficulté que représentent, pour une entreprise comme la SNCF, le coût et l'entretien de lignes jugées peu « rentables ». Mais a-t-on véritablement exploré toutes les pistes ? Je n'en suis pas certaine. Quoi qu'il en soit, il convient d'attendre la fin des réflexions – je pense notamment à la mission confiée au préfet Jean-François Carenco, qui a préconisé, non sans sagesse, de maintenir le statu quo pour les dessertes grandes lignes Paris-Limoges-Toulouse, ou PALITO.

Monsieur le secrétaire d'État, je voudrais, dès lors, vous poser trois questions. Qu'en est-il, tout d'abord, de l'avenir du train de nuit Rodez-Paris, menacé de suppression ? Comment, ensuite, s'assurer de la vraie régularité des trains entre Rodez et Brive, sans avoir à supporter des aléas parfois bien lourds ? Qu'en est-il, enfin, des conclusions de l'étude intermodale sur l'avenir du transport ferroviaire dans le département de l'Aveyron ?

M. le président. La parole est à M. le secrétaire d'État.

M. Dominique Bussereau, secrétaire d'État chargé des transports. Madame le sénateur, vous connaissez bien cette problématique de la desserte de l'Aveyron, puisque vous avez eu l'occasion, en d'autres temps et dans d'autres fonctions, de la gérer, avant de rejoindre la Haute Assemblée.

Le problème n'est pas simple. La desserte aéronautique est délicate, en raison des capacités de la piste de l'aéroport de Rodez. La RN 88 est un sujet difficile, que nous essayons de traiter, mais qui a fait l'objet de beaucoup de polémiques locales – ce n'est pas à vous, madame le sénateur, que je l'apprendrai – et qui a été l'un des enjeux d'un certain nombre de scrutins récents.

S'agissant du problème ferroviaire de l'Aveyron, je voudrais, ainsi que vous l'avez fait, rappeler que votre région fait un gros effort. J'ai d'ailleurs souvent eu l'occasion de le dire, en dehors de toute polémique politicienne, au président Martin Malvy. Elle fait un effort sur les matériels, comme d'autres régions, mais s'est aussi lancée dans un plan d'investissements dans les infrastructures, avec la participation de l'État et de Réseau ferré de France, RFF. Des efforts étaient effectivement nécessaires pour améliorer la desserte de l'étoile de Toulouse, notamment vers Pamiers.

D'autres régions sont également en train de renouveler les matériels, de travailler sur les dessertes et de participer à la rénovation des infrastructures : je pense à l'Auvergne, à l'Alsace ou à la région Centre.

Les perspectives de desserte de l'Aveyron sont de deux ordres.

La première est liée, bien sûr, à la ligne à grande vitesse Tours-Bordeaux et Bordeaux-Toulouse. Nous travaillons actuellement sur la mise au point du financement de cette nouvelle ligne avec MM. les présidents Alain Rousset et Martin Malvy ainsi qu'avec l'ensemble des élus concernés par les liaisons entre Tours et Bordeaux, Bordeaux et Toulouse, Bordeaux et l'Espagne, Poitiers et Limoges. L'idée est de commencer le plus tôt possible les travaux sur l'axe central Tours-Bordeaux, qui, avec un total de 306 kilomètres, constituera le plus grand chantier mené en France et en Europe dans les prochaines années.

Il est urgent de réaliser la ligne Bordeaux-Toulouse puisque, comme vous le savez, la desserte de l'aéroport de Toulouse-Blagnac pose problème. En effet, en raison de sa complète insertion dans l'agglomération toulousaine, cet aéroport ne peut pas se développer davantage. De plus, il supporte tout le trafic lié à l'entreprise Airbus.

Via Toulouse, on pourra déjà réduire, d'au moins une heure, la desserte de l'Aveyron. Je souligne que le président Martin Malvy nous aide en participant, d'ores et déjà, au financement du tronçon central Tours-Bordeaux.

Nous avons également un deuxième projet dans le cadre du Grenelle de l'environnement. Il s'agit d'une ligne nouvelle qui partirait de Paris, vraisemblablement de la gare d'Austerlitz, et se dirigerait vers Clermont-Ferrand, en faisant un crochet par le Berry. Ce projet constituerait, à terme, un axe alternatif à la ligne à grande vitesse Paris-Lyon, qui arrive parfois à saturation. Il nous permettrait d'offrir une desserte des régions Centre et Limousin – en complément de la ligne Poitiers-Limoges – et d'améliorer, par un tronçon commun, la desserte de villes situées au sud de Limoges, notamment Brive ou Rodez.

L'Aveyron bénéficierait également de ce nouveau tronçon, qui permettrait de gagner beaucoup de temps sur le trajet Paris-Brive, ce qui serait précieux lorsque vous devez, ensuite, emprunter la ligne Rodez-Brive que vous évoquiez tout à l'heure, madame le sénateur.

Telles sont les deux pistes sur lesquelles nous travaillons. La première est déjà en cours de réalisation puisque nous sommes en train de bâtir le financement et que les travaux seront, je l'espère, lancés dès 2011 sur la portion Tours-Bordeaux, avant de se poursuivre entre Bordeaux et Toulouse.

Quant à la nouvelle ligne à destination de Clermont-Ferrand, le préfet de la région Auvergne, Dominique Schmitt, prépare un certain nombre d'hypothèses de tracés. Cette ligne permettra de gagner, au minimum, de une heure à une heure trente sur le trajet Paris-Brive actuel et participera, de ce fait, au désenclavement de l'Aveyron.

Cela n'empêche pas de réaliser un effort sur les lignes de votre région, madame le sénateur. Je sais d'ailleurs que certaines d'entre elles sont actuellement interrompues par la neige et que des travaux de déneigement sont en cours aujourd'hui même sur l'ensemble du réseau ferroviaire de l'Aveyron.

M. le président. La parole est à Mme Anne-Marie Escoffier.

Mme Anne-Marie Escoffier. J'apprécie, monsieur le secrétaire d'État, votre connaissance du département de l'Aveyron, avec ses contraintes et ses difficultés.

J'ai bien entendu votre réponse. J'espère effectivement que les deux grandes voies qui se dessinent amélioreront le trafic. Il n'en demeure pas moins que les transversales restent, et resteront, me semble-t-il, très fragiles.

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