Question de M. DÉTRAIGNE Yves (Marne - UC-UDF) publiée le 07/02/2008

M. Yves Détraigne attire l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale sur l'incident qui s'est produit au collège Gilles-de-Chin à Berlaimont, le 28 janvier dernier, incident au cours duquel un professeur a giflé un de ses élèves âgé de 11 ans qui venait de l'insulter.

Le père de l'élève ayant déposé plainte, l'enseignant a été placé en garde à vue durant 24 heures et il comparaîtra le 27 mars prochain devant le tribunal correctionnel d'Avesnes-sur-Helpe pour "violence aggravée sur mineur". En outre, le rectorat a suspendu ce professeur.

S'il reconnaît que le geste est blâmable, il s'étonne d'une telle réponse judiciaire qu'il juge disproportionnée envers un professeur qui, âgé de 49 ans, se consacre pleinement à son métier et sans histoire depuis 30 ans.

Considérant que l'École est un lieu d'apprentissage des valeurs et notamment du respect de l'autorité, il s'inquiète d'une dérive telle que des enseignants se retrouvent empêchés de réagir comme il le faudrait aux comportements inadmissibles de certains de ces élèves et ne sont pas soutenus par leur hiérarchie.

Cet incident démontre également une dérive de notre société où il est conseillé aux adultes de faire profil bas devant les actes d'incivilité des enfants et des adolescents.

Il lui demande donc s'il entend permettre que l'école continue à apprendre aux enfants à respecter les adultes et l'interroge sur ses intentions pour que – suite à cette "affaire" – il n'y ait pas crise des vocations et que les difficultés du métier d'enseignant et la tension nerveuse qu'il suppose sans cesse soient prises en compte.

- page 218


Réponse du Ministère de l'éducation nationale publiée le 27/03/2008

L'incident au cours duquel un enseignant a giflé un de ses élèves qui venait de l'insulter montre tout d'abord que nous avons perdu nos repères en matière d'autorité et que nous arrivons à des réactions disproportionnées et condamnables de part et d'autre. En effet, il est intolérable qu'un élève se permette d'insulter son professeur. De même, un enseignant ne gifle pas un élève, quelles que soient les paroles qu'il a prononcées. Cette affaire montre donc qu'il est urgent de rétablir partout des repères clairs et compréhensibles par tous. C'est précisément pour y parvenir que le ministre de l'éducation nationale a souhaité que nous nous dotions d'un code de la paix scolaire. Cette référence commune établira clairement les sanctions auxquelles s'exposent, dans tous les établissements de France, les élèves qui enfreignent les règles de la vie à l'école. Les règles sont les mêmes pour tous, et dans un grand lycée parisien elles s'appliquent de la même façon que dans une cité sensible. Il est temps d'en finir avec les zones de non-droit et les sanctions à géométrie variable. L'attitude des parents est également déterminante : ils doivent comprendre que l'affection qu'ils portent à leurs enfants ne doit pas les conduire à cautionner leur comportement lorsqu'ils enfreignent les règles de la vie scolaire. Cette affaire montre enfin qu'il existe une véritable urgence à réinstaurer le respect pour la fonction d'enseignant. Pour y parvenir, le ministre de l'éducation nationale travaille avec la ministre de la justice, pour que l'atteinte aux biens et aux personnes des enseignants soit passible de circonstances aggravantes non seulement au sein des établissements, comme c'est le cas aujourd'hui, mais également en dehors. Le respect des enseignants est décisif pour assurer les conditions de l'apprentissage serein auquel ont droit tous les enfants de la nation. Cette question est au coeur du travail que le ministre de l'éducation nationale mène pour revaloriser la condition de celles et ceux qui ont voué leur existence à la transmission des savoirs et à la réussite de nos élèves.

- page 616

Page mise à jour le