Question de M. MAHÉAS Jacques (Seine-Saint-Denis - SOC) publiée le 24/11/2005
M. Jacques Mahéas attire l'attention de M. le garde des sceaux, ministre de la justice, sur la pénurie de personnels d'insertion et de probation des services pénitentiaires de Seine-Saint-Denis qui participent à la prévention de la récidive, tant auprès des détenus que des justiciables soumis à des mesures alternatives à l'incarcération. Le département de la Seine-Saint-Denis dispose seulement de trente-cinq travailleurs sociaux de l'administration pénitentiaire qui doivent veiller à l'exécution de plusieurs milliers de mesures de justice et assurer la prise en charge de plus de mille détenus écroués au sein des deux établissements pénitentiaires du département, la maison d'arrêt de Villepinte et le centre de semi-liberté de Gagny. A l'heure actuelle, un nombre important de condamnés fait l'objet d'un suivi inadapté puisque purement « formel ». De très nombreux détenus retrouvent la liberté sans que les conditions de leur sortie n'aient pu faire l'objet d'une préparation réelle. Cette situation est problématique dans un département où les difficultés sociales et économiques de la population sont importantes et conduit à remettre en cause le principe de la cohésion sociale et la politique de prévention de la récidive. C'est pourquoi il aimerait être informé du chiffre exact des mesures de justice prononcées et celui correspondant à la prise en charge, par cette administration, des détenus et des justiciables soumis à des mesures alternatives à l'incarcération. Il souhaiterait également connaître les mesures prévues par le Gouvernement, à court terme, pour pallier cette situation anormale et permettre au service pénitentiaire d'insertion et de probation de Seine-Saint-Denis d'assurer, dans des conditions d'efficience, sa mission de service public.
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Réponse du Ministère de la justice publiée le 26/01/2006
Le garde des sceaux, ministre de la justice, fait connaître à l'honorable parlementaire l'attention qu'il porte aux services pénitentiaires d'insertion et de probation (SPIP), et plus particulièrement aux moyens à mettre en oeuvre pour assurer la mise en application de la loi n° 2004-204 du 9 mars 2004 portant adaptation de la justice aux évolutions de la criminalité. La situation des effectifs du service pénitentiaire d'insertion et de probation de la Seine-Saint-Denis qui est évoquée est la suivante : l'effectif cible élaboré en 1999 a été fixé à 40,2 équivalents temps plein en travailleurs sociaux. A ce jour, 40 postes ont été localisés. L'effectif réel au 1er décembre 2005 des travailleurs sociaux est de 35,8 équivalents temps plein ; les vacances en équivalents temps plein de conseillers d'insertion et de probation représentent 4,2 équivalents temps plein. Il est à signaler que la montée en charge des dispositifs prévus par la loi Perben II a généré en effet un surcroît des prises en charge depuis janvier 2005. Afin de pouvoir répondre à cette augmentation conséquente de la charge de travail des SPIP, 200 créations d'emploi de conseiller d'insertion et de probation ont été obtenues en loi de finances pour 2005, et ce dans le prolongement des préconisations du rapport Warsmann. Toutefois, compte tenu des délais de recrutement (quatre mois) et de la durée statutaire de la formation à l'Ecole nationale de l'administration pénitentiaire (deux ans), les conseillers d'insertion et de probation n'arriveront sur le terrain qu'en septembre 2007. Par ailleurs, 80 nouveaux emplois de conseillers d'insertion et de probation ont été obtenus au titre du projet de loi de finances pour 2006, dans le but de poursuivre le renforcement en effectifs des services pénitentiaires d'insertion et de probation. En matière de recrutement, il convient de noter qu'une promotion de 290 élèves conseillers d'insertion et de probation est entrée à l'École nationale d'administration pénitentiaire (ENAP) au mois d'octobre, soit la plus importante promotion de conseillers d'insertion et de probation jamais enregistrée. En outre, un concours de conseillers d'insertion et de probation pour environ 300 postes sera organisé en 2006. Depuis 2002, 585 emplois de conseillers d'insertion et de probation ont été créés, représentant un accroissement de 38,36 % des effectifs. Enfin, pour répondre aux besoins urgents des services, un amendement du Gouvernement, adopté par le Parlement durant l'examen du projet de loi de finances pour 2006, prévoit le recrutement de 400 travailleurs sociaux et personnels administratifs supplémentaires qui rejoindront les services pénitentiaires d'insertion et de probation dès 2006. Compte tenu de la difficulté de fonctionnement des services pénitentiaires d'insertion et de probation, il a été décidé la création d'une mission d'évaluation qui doit procéder à une étude attentive et apporter ses conclusions permettant de quantifier cette réalité. Ces éléments seront, bien sûr, portés à la connaissance des organisations syndicales d'ici quelques mois. Il pourra ensuite être entamé une véritable concertation avec les partenaires sociaux, qui permettra de définir, au vu des conclusions de ce rapport et à travers les discussions qui interviendront, les propositions à mettre en oeuvre afin de donner une nouvelle dimension aux missions des travailleurs sociaux. Pour faire face à l'augmentation des mesures confiées au SPIP de la Seine-Saint-Denis, une réorganisation du service a été effectuée autour de trois objectifs principaux : mieux assurer la continuité des prises en charge, notamment des semi-libres ; élaborer et mettre en place des actions favorisant l'insertion de la population placée sous main de justice à partir de pôles constitués par type de mesure ; réduire le délai de prise en charge des mesures de justice. L'ensemble des 2 040 dossiers affectés au cours du premier semestre 2005, toutes mesures confondues, a été ouvert avec attribution à un travailleur social dans un délai très court, en moyenne de dix jours. Cela mérite d'être souligné en termes de réactivité et d'organisation administrative de ce service. Le développement des aménagements de peine et des alternatives à l'incarcération montre une amélioration du délai de mise à exécution des mesures depuis la mise en place d'une organisation spécifique, puisque 187 personnes ont effectué leur travail d'intérêt général au cours du seul premier semestre 2005, contre 275 sur l'ensemble de l'année 2004. Pour faire face à l'accroissement de la population pénale, les effectifs du pôle d'intervention à la maison d'arrêt de Villepinte ont été renforcés en 2003 afin d'améliorer le suivi individuel, la préparation à la sortie, ainsi que les projets d'aménagement de peines. Parallèlement, le tissu partenarial a été développé dès 2003 avec différentes associations et les services municipaux.
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