Question de M. JUILHARD Jean-Marc (Puy-de-Dôme - UMP) publiée le 24/02/2005
M. Jean-Marc Juilhard souhaite attirer l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche sur l'enseignement des langues anciennes. L'ARELACLER (Association régionale des enseignants de langues anciennes de Clermont-Ferrand) est très inquiète de la place réservée à l'enseignement du grec et du latin dans le projet de loi sur l'école, alors que ces enseignements ont déjà été fragilisés et même marginalisés par les différentes réformes ministérielles au cours de ces dernières années. Pourtant, les langues et culture latine et grecque s'inscrivent dans le patrimoine historique, linguistique, juridique, artistique de la France et de l'Europe. Les 70 000 signatures de l'appel lancé au printemps 2004 par plusieurs associations, ont montré clairement l'intérêt que représente l'enseignement de ces disciplines pour de nombreux parents d'élèves et de nombreux professionnels (médecins, scientifiques, juristes...). Or, en proposant de recentrer les études sur quatre fondamentaux dont la langue (le français et une langue étrangère), le projet de loi risque de faire de la langue un simple outil de communication immédiate. Il semble donc absolument nécessaire que la place de ces deux langues anciennes soit explicitement mentionnée comme un fondement essentiel de notre culture et qu'il soit envisagé de prendre des initiatives permettant aux collégiens et lycéens de mieux connaître ces disciplines qui présentent pour eux de nombreux atouts (meilleure compréhension de l'étymologie des mots employés, possibilité de forger des moyens d'expression par la syntaxe et le vocabulaire) et de concourir ainsi à leur maintien. Il souhaiterait donc savoir quelles sont ses intentions pour favoriser l'enseignement de ces deux langues.
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Réponse du Ministère de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche publiée le 07/04/2005
Les langues anciennes ont une place importante dans la formation intellectuelle des élèves, tant au collège qu'au lycée. C'est pourquoi le ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche est tout particulièrement attaché à leur préservation et à leur développement. Des directives en ce sens ont été récemment adressées aux recteurs d'académie. La sauvegarde de l'enseignement des langues anciennes ne peut être en effet laissée au hasard : elle repose sur une impulsion académique forte prenant appui sur une carte de ces langues. Il importe de veiller tout particulièrement, d'une part, à ce que tout élève qui souhaite suivre cet enseignement puisse avoir la possibilité de s'inscrire dans un établissement qui le propose et, d'autre part, à assurer la continuité de l'enseignement des langues anciennes entre le collège et le lycée au sein d'un même bassin de formation. Au collège, l'enseignement facultatif du latin, dispensé à partir de la classe de cinquième, a vocation à être poursuivi sur l'ensemble de la scolarité au collège. Quant à l'enseignement du grec, qui est proposé à partir de la classe de troisième, il suscite l'intérêt des élèves, puisqu'on observe une augmentation régulière des effectifs de collégiens qui le choisissent. Les horaires actuels d'enseignement sont maintenus. Toutefois, s'agissant de la classe de troisième, l'arrêté du 2 juillet 2004, relatif à l'organisation des enseignements du cycle d'orientation, applicable à partir de la rentrée scolaire 2005-2006, confirme la possibilité pour les élèves de suivre à la fois un enseignement de grec et de latin, dans la mesure des capacités des collèges. Par ailleurs, il est également possible de proposer un enseignement de latin en classe de cinquième et un enseignement de grec en classe de troisième aux élèves des classes dites bilangues, mises en place à titre expérimental, conformément aux dispositions de la circulaire de préparation de la rentrée 2004 n° 2004-015 du 27 janvier 2004. Les itinéraires de découverte, inscrits dans les horaires du cycle central, offrent une opportunité de dynamiser l'enseignement du latin, plus particulièrement en classe de quatrième. En effet, la classe de cinquième permet une initiation à la langue et à la civilisation latine sur laquelle peuvent s'appuyer, en quatrième, les équipes désireuses de construire un IDD. Si le latin peut s'allier à toutes les disciplines, celles relevant des domaines des arts, des humanités et des langues et civilisations semblent plus propices à offrir des entrées communes. En lycée, deux mesures sont particulièrement à noter : la possibilité laissée aux chefs d'établissement de proposer dès la classe de seconde un horaire renforcé « grands débutants » aux élèves commençant l'étude du latin ou du grec en lycée ; le renforcement de la prise en compte des langues anciennes au baccalauréat à partir de 2006 : le coefficient de la première épreuve facultative à laquelle un candidat a choisi de s'inscrire est porté de deux à trois quand cette épreuve porte sur le latin ou le grec. Ce coefficient ne joue que sur les points supérieurs à la moyenne. Enfin, un concours spécifique aux langues anciennes destiné à valoriser ces enseignements en mettant en exergue leur modernité est proposé cette année aux élèves de troisième, seconde et première. Ce concours, intitulé « langue et culture de l'antiquité gréco-latine » a pour thème dans sa première édition : « Mythes et réalités : figures du conquérant et du héros ». Les élèves sont invités à concevoir une réalisation collective et pluridisciplinaire, ayant pour sujet une ou des figures historiques devenues mythiques. Cette réalisation doit conjuguer les dimensions linguistique, iconographique et sonore. Ses modalités sont définies sur le site www.eduscol.gouv.fr.
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