Question de M. MÉLENCHON Jean-Luc (Essonne - SOC) publiée le 30/12/2004
M. Jean-Luc Mélenchon attire l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche sur les conditions d'affectation des jeunes en lycée professionnel dans l'académie de Créteil. Le bilan de la rentrée 2004 dans cette académie a en effet fait apparaître un important déficit de places dans les lycées professionnels, conduisant 800 jeunes à se retrouver sans affectation à la rentrée, alors qu'ils avaient fait le voeux d'intégrer l'enseignement professionnel. Il souhaiterait connaître les mesures qui ont pu être prises pour accompagner ces jeunes et prévenir leur sortie du système éducatif sans qualification. Il souhaiterait également savoir comment le ministère de l'éducation nationale envisage de faire évoluer l'offre de formation pour qu'une telle situation ne se renouvelle pas à la rentrée 2005.
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Réponse du Ministère de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche publiée le 24/03/2005
Pour la rentrée 2004, un des objectifs définis comme prioritaires dans l'académie était la diversification de l'offre de formation en filière professionnelle, en réponse aux attentes des familles et des élèves dont les projets s'inscrivent de plus en plus dans une démarche de spécialisation. L'autre axe de réflexion visait à offrir l'accès à la qualification à tous, et plus particulièrement aux publics les plus en difficulté et notamment les jeunes en situation de rupture scolaire. Afin de parvenir à honorer ces objectifs, des arbitrages qualitatifs ont dû être rendus, tant sur l'étendue des formations proposées que sur les modalités d'affectation des élèves. Répondre à la demande de diversification des formations a toutefois mobilisé des moyens qui ont modéré les possibilités d'extension des capacités d'accueil dans les filières les plus sollicitées. Le taux d'attractivité très élevé de certaines de ces filières a conduit les services de l'académie de Créteil et de chacun des trois départements à s'interroger sur la pertinence réelle des voeux formulés par les élèves durant leur année de troisième au regard de la réalisation de leur projet personnel. A cet égard, il faut noter que l'académie possède déjà plus de 30 % d'élèves de troisième qui s'orientent vers la voie professionnelle. Il est apparu que cette orientation vers la voie professionnelle relevait plus, pour la plupart d'entre eux, d'un choix par défaut que de l'accomplissement de leur projet de réussite. Beaucoup préfèrent l'assurance d'un passage en classe supérieure dans le professionnel à la perspective d'un redoublement pourtant propice à la poursuite de leur projet d'études en filières générale ou technologique. La plupart de ces élèves choisissent d'ailleurs souvent de se réorienter vers ces filières par le biais d'une classe de première d'adaptation. L'accès aux formations professionnelles est, lui aussi, subordonné au profil scolaire de l'élève et l'inadéquation entre la formation souhaitée et le niveau disciplinaire requis implique souvent de nécessaires réorientations différant des voeux formulés et suscitant parfois l'incompréhension des familles. Les services académiques ont donc défini une politique volontariste d'information et de communication auprès des chefs d'établissement afin de dégager des stratégies collectives d'orientation mieux adaptées au projet personnel de chaque élève et compatibles avec les exigences pédagogiques fondamentales. En outre, 4 880 élèves ont été vus en entretien de situation. Les inspecteurs d'académie auront redéfini cette année, au cours de réunions successives avec les responsables de bassin et l'ensemble des chefs d'établissement, les objectifs d'orientation les plus pertinents. Dans chaque district des départements, une nouvelle campagne de sensibilisation et d'animation s'attache à faire évoluer les représentations en matière d'orientation vers la voie professionnelle ou technologique, afin que les élèves soient à même de revoir leur projet d'orientation de fin de troisième au plus près de leurs aspirations réelles. Cette campagne de sensibilisation et d'animation est menée au plus près des équipes éducatives et en particulier auprès des professeurs principaux des classes de troisième et de seconde afin de faire évoluer les représentations en matière d'orientation vers la voie professionnelle, faire se rapprocher les équipes de troisième et seconde sur les contenus pédagogiques, faire évoluer la réflexion des enseignants sur les pratiques évaluatives et mettre en oeuvre une véritable démarche éducative en orientation centrée sur le projet personnel de l'élève. Sera également engagée, avec les corps d'inspection concernés, une réflexion sur les mesures pédagogiques à mettre en oeuvre pour l'aide individualisée et l'accueil des élèves en seconde. Cette stratégie permettra de diminuer le nombre d'élèves orientés en seconde professionnelle par défaut. Par ailleurs, pour permettre au plus grand nombre d'accéder aux filières donnant accès à une qualification de niveau V et à certaines filières de niveau IV, les capacités d'accueil doivent être maintenues à leur niveau optimal. Les arbitrages concernant la rentrée scolaire 2005 permettent d'envisager un renforcement du nombre de places d'accueil, notamment dans les filières les plus sollicitées. Ainsi, l'augmentation des places dans la voie professionnelle se fera progressivement et plutôt par transformation de places non attractives. L'évolution quantitative de l'offre de formation reste toutefois soumise à des contraintes matérielles de locaux, d'investissement et de modalités d'aménagement des ateliers ou salles de travaux pratiques. De telles contraintes requièrent une utilisation plus rationnelle des équipements et des locaux, volonté qui se traduit par la politique d'information quant aux spécificités des formations professionnelles et à la nécessaire prise de conscience par l'ensemble des élèves de l'importance du choix d'orientation comme expression d'un projet personnel, et non par défaut ou par imitation.
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