Question de M. MASSON Jean Louis (Moselle - NI) publiée le 02/09/2004

M. Jean-Louis Masson attire l'attention de M. le Premier ministre sur le fait que le français et l'anglais sont les deux langues officielles du mouvement olympique et les pouvoirs publics devraient se mobiliser pour faire respecter cette parité. Or, l'Organisation internationale de la francophonie (OIF) s'est étonnée de l'absence de réactions des représentants de la France lors des différentes réunions préparatoires, alors que, au contraire, certains pays d'Afrique francophones ont, eux, fait leur possible pour défendre la langue française. Ainsi, selon le délégué de l'OIF, une réunion préparatoire sur la sécurité s'est tenue uniquement en anglais, ce qui a entraîné le départ du délégué béninois, suivi par tous les autres délégués africains francophones. Par contre, les Français n'ont pas réagi. De même, le président de la Fédération de lutte du Sénégal, qui voulait parler en français lors d'une réunion préparatoire, n'a pas pu le faire faute d'interprètes et, là encore, au lieu de soutenir sa position, les représentants de la France ont fait preuve d'une totale passivité. Ce type de comportement n'est, hélas ! pas le propre du milieu olympique. Ainsi, le français est à égalité avec l'anglais la langue de travail du Conseil de l'Europe mais, malheureusement, les diplomates français ayant des contacts avec cet organisme acceptent le plus souvent de s'exprimer en anglais dans les réunions ; certains en sont même très fiers, ce qui est un comble ! Face à des situations de ce type, il souhaiterait qu'il lui indique s'il ne pense pas qu'il faudrait exiger, de la part de tous les représentants de la France, à commencer par les diplomates, qu'ils fassent respecter la place de la langue française dans tous les organismes où cette langue est reconnue à égalité avec l'anglais comme langue de travail ou comme langue officielle.

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Transmise au Ministère des affaires étrangères


Réponse du Ministère des affaires étrangères publiée le 12/05/2005

Le ministre des affaires étrangères rappelle qu'en raison du lien fort de la France avec le renouveau de la tradition olympique, l'organisation des Jeux d'Athènes, auxquels ont assisté 2 000 à 3 000 francophones (9 % de la fréquentation étrangère), avait retenu la plus grande vigilance du Gouvernement. Des efforts en faveur de la présence du français avaient été engagés depuis quatre ans par la France puis, à partir du printemps 2004, par la francophonie multilatérale auprès du comité d'organisation « Athènes 2004 » et de la ville d'Athènes. Comme l'a indiqué dans son rapport le grand témoin francophone désigné par le secrétaire général de l'Organisation internationale de la francophonie, les cérémonies protocolaires d'ouverture et de clôture des jeux ont offert à la langue française une réelle tribune, assurant ainsi naturellement la pleine reconnaissance de son statut de langue internationale et de langue olympique. Selon ce rapport, la forte médiatisation de ces événements retransmis dans le monde entier a assuré au français une réelle visibilité à l'occasion des jeux. La culture française a également été présente dans le cadre de l'olympiade culturelle organisée en Grèce de 2000 à 2004 et, pendant les jeux, à travers une série de manifestations grand public. Une action résolue des ministères français concernés a été menée pour aider le comité d'organisation « Athènes 2004 » à assurer le respect de l'article 27 instituant le français et l'anglais langues officielles, étant entendu que cet article, pas plus que le cahier des charges défini par le comité international olympique, ne constitue une définition contraignante de la place du français ni une référence pour l'emploi des langues de signalisation. Les opérations de formation de traducteurs et de personnels francophones, la tenue à jour d'un site internet très détaillé, pour la première fois directement accessible en français, la signalisation en français dans les stades, ainsi que la diffusion locale de publications en français, ont été menées à bien. D'une manière générale, souligne le rapport du grand témoin, des moyens très importants, tant humains que matériels, ont été déployés dans le domaine de la traduction en vue de respecter l'article 27 de la charte olympique. Une telle coopération devait permettre au comité d'organisation des jeux, soumis à de fortes sollicitations des sociétés de publicité et investisseurs privés et à la nécessité d'utiliser la langue grecque, de ménager au français un usage conforme à la culture olympique. Au vu de la mise en oeuvre effective de cette coopération sur le terrain, le rapport a livré le double diagnostic suivant : rarement, lors de jeux Olympiques, la langue française n'a été aussi bien défendue, à la fois par les autorités athéniennes et les diplomates francophones sur place ; pourtant, les millions de francophones, spectateurs présents à Athènes ou téléspectateurs devant leur petit écran, ont eu le sentiment que leur langue avait été marginalisée. Tirant les leçons de ce constat, le Gouvernement est résolu à soutenir les efforts de la francophonie pour amplifier la place du français aux Jeux d'hiver de 2006 à Turin puis aux Jeux de Pékin en 2008. Le rapport du grand témoin contient à cet égard une série de propositions d'actions, dont la première est la conclusion d'un accord-cadre de coopération entre l'OIF et le CIO, concernant les obligations linguistiques qui découlent de l'article 27 de la charte olympique. Par ailleurs, les diplomates et autres agents de l'Etat à l'étranger ont des responsabilités particulières vis-à-vis de la politique ambitieuse, déterminée et renouvelée que le Gouvernement entend mener en faveur de la langue française. Le Premier ministre a donné, par circulaire en date du 14 février 2004 adressée à l'ensemble des membres du Gouvernement, des instructions visant à assurer sa primauté sur le territoire national et son rayonnement sur la scène internationale. Il a notamment rappelé aux agents de l'Etat que leurs concitoyens attendent qu'ils montrent l'exemple dans l'utilisation de la langue française. Le ministère des affaires étrangères a assuré à cette circulaire une très large diffusion en précisant les modalités d'application des instructions reçues et en invitant les chefs des postes diplomatiques et consulaires à signaler tout manquement au respect de celles-ci. Dans plusieurs cas, ceux-ci ont alerté le ministère et sont intervenus pour maintenir la présence de notre langue.

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