Question de M. SERGENT Michel (Pas-de-Calais - SOC) publiée le 22/07/2004
M. Michel Sergent attire l'attention de M. le ministre de la santé et de la protection sociale sur les moyens alloués à la médecine du travail. Créée en 1946, la médecine du travail française doit, en principe, prévenir toute altération de la santé des salariés lors de leurs activités professionnelles. Une tâche qui, aujourd'hui, relève de l'impossible. Actuellement, on compte environ 6 000 médecins du travail exerçant en France. Il en manque 500 à 600. Des médecins avec une énorme charge de travail pour peu de moyens. En principe, un médecin du travail a 2 700 salariés par an à sa charge, auxquels il doit dispenser des consultations médicales. Mais il n'est pas rare que ce quota avoisine désormais 3 000 à 4 000 visites annuelles. Un véritable travail à la chaîne ! Difficile, dans ces conditions, d'exercer correctement leur seconde mission qui consiste à étudier le milieu de travail sur le terrain : visites de l'entreprise et des postes de travail, mesures diverses (éclairage, bruit, prélèvements chimiques, bactériologiques...). Il lui demande de lui faire connaître la position qu'il compte prendre pour renforcer les moyens alloués à la médecine du travail.
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Transmise au Ministère délégué aux relations du travail
Réponse du Ministère délégué aux relations du travail publiée le 06/01/2005
L'attention du Gouvernement a été appelée sur la nécessité de réformer la médecine du travail. Le chantier de la réforme de la médecine du travail a été engagé par l'Etat depuis plusieurs années et s'achève avec la publication du décret du 28 juillet 2004, troisième et dernier volet de ce processus auquel ont contribué l'ensemble des acteurs de la prévention en santé au travail. L'insuffisance de la ressource médicale a été traitée par le premier volet de la réforme. Dans les dix années à venir, près de 3 000 des 7 000 médecins du travail exerçant aujourd'hui auront atteint l'âge de la retraite. Deux mesures de renforcement des effectifs ont été mises en place, à savoir la régularisation des médecins non spécialisés mais exerçant dans les services de santé au travail et la reconversion des médecins d'autres spécialités vers la médecine du travail. Ces mesures exceptionnelles s'appliqueront jusqu'en 2007, date à laquelle la réforme des études médicales entrera en vigueur. Le deuxième volet de la réforme a été l'introduction, en 2003, de l'obligation de pluridisciplinarité dans les services médicaux du travail, qui sont devenus par là même des services de santé au travail. L'approche pluridisciplinaire, associant des compétences médicales, techniques et organisationnelles, est un outil indispensable pour contribuer à l'évaluation des risques en entreprise et pour proposer des mesures de prévention. Elle offre une réelle possibilité d'enrichissement de l'action des différents acteurs. Le dernier volet de la réforme touche à la modernisation des services de santé au travail qui s'inscrit dans la perspective plus vaste d'une modernisation du système français de prévention. Le décret du 28 juillet 2004 place les services de santé au travail, compte tenu des besoins et de l'évolution des préoccupations de notre société, en état de répondre aux enjeux considérables de prévention et de protection de la santé qui existent en milieu de travail. La charge du médecin du travail est redéfinie de façon à assurer l'effectivité du suivi médical et de l'action sur le milieu de travail, tout en prenant en compte la nature des risques auxquels sont exposés les salariés. L'action du médecin du travail sur le milieu de travail représente l'apport essentiel de la médecine du travail. Aussi le médecin du travail à temps plein doit consacrer environ le tiers de son temps de travail à cette mission, soit au moins 150 demi-journées de travail effectif. La surveillance médicale individualisée est organisée pour tous les salariés, elle se concentre en particulier sur les catégories de salariés qui en ont le plus besoin, soit en raison de caractéristiques qui leur sont propres (jeunes travailleurs, travailleurs handicapés...), soit en raison des risques particuliers attachés au poste de travail (substances cancérogènes, risque chimique...). Au-delà de l'action exercée directement au bénéfice des salariés et de l'entreprise, la médecine du travail peut et doit, grâce à cette activité clinique, apporter une contribution importante à la veille sanitaire et participer à une fonction d'alerte, par la production de données sanitaires, comme le prévoit la loi de santé publique. Cette réforme est aujourd'hui achevée sur le plan réglementaire. Elle a été pensée pour répondre aux besoins sanitaires et aux attentes des usagers.
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