Question de M. MASSON Jean Louis (Moselle - NI) publiée le 15/07/2004
M. Jean-Louis Masson attire l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche sur le fait qu'une étude officielle de l'Education nationale montre que les enfants qui redoublent dès le cours préparatoire ont moins de chance d'obtenir le baccalauréat que ceux qui redoublent par exemple en troisième ou en seconde. C'est vrai et il n'était pas nécessaire de faire une étude pour dégager ce constat. Par contre, cette étude en tire une conclusion sur " l'inutilité du redoublement à l'école primaire ". Une telle interprétation statistique est pour le moins surprenante, car ses conclusions ne seraient justifiées que si, au départ, tous les enfants avaient des capacités intellectuelles équivalentes. Ce n'est manifestement pas le cas et l'enfant qui redouble dès le cours préparatoire a statistiquement des capacités intellectuelles plus limitées, sinon il ne redoublerait pas. C'est pour cette raison et uniquement pour cette raison que, ensuite, ceux qui ont redoublé dès le cours préparatoire ont moins de chance d'obtenir le baccalauréat que ceux qui n'ont redoublé qu'à partir de la troisième ou de la seconde. En fait, l'étude en cause repose sur une vision utopiquement égalitariste des capacités des enfants. Il souhaiterait donc qu'il lui indique s'il ne pense pas qu'au lieu de nier les différences qui existent au départ entre les enfants, il conviendrait au contraire d'adapter l'enseignement aux possibilités réelles de chacun.
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Réponse du Ministère de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche publiée le 30/09/2004
L'étude évoquée, qui a été publiée dans le numéro 69 de la revue Education et Formation, montre effectivement que " plus le redoublement intervient tôt dans la scolarité, plus il est associé à de faibles chances de réussite scolaire ", mais elle ne tire pas de ce constat - ce qui serait le solliciter à l'excès - la conclusion d'une inutilité du redoublement à l'école primaire. Elle synthétise un ensemble de travaux disponibles sur cette question qui montrent que l'efficacité du redoublement peut être contestée, surtout s'il est précoce. En effet, le redoublement n'a pas pour finalité que les redoublants réussissent mieux ou aussi bien que les autres élèves, mais que l'année répétée leur permette de combler suffisamment leurs lacunes pour accomplir le reste de leur scolarité sans rencontrer d'autres difficultés majeures. L'observation des parcours scolaires des redoublants sur plusieurs années montre que c'est rarement le cas lorsque le redoublement survient à l'école élémentaire ou en 6e. Un dixième des élèves qui étaient entrés en 6e en 1989 et qui avaient redoublé leur cours préparatoire sont en effet parvenus à réussir le baccalauréat. C'est pour cette raison que, depuis une quinzaine d'années, l'aide individualisée aux élèves est prônée au sein du système éducatif et que se sont succédé différents dispositifs destinés à en favoriser la mise en oeuvre. Dernier en date, le plan de prévention de l'illettrisme a mis l'accent sur l'apprentissage de la lecture en CP et a été marqué par la mise à disposition des enseignants de conseils méthodologiques et d'outils d'évaluation des difficultés d'apprentissage des élèves et par l'expérimentation de classes à effectifs réduits. Loin de nier les différences de niveau de maîtrise des compétences dont témoignent les élèves à l'entrée de la scolarité obligatoire, le ministère de l'éducation nationale incite au contraire les enseignants à les prendre en compte afin de ne pas laisser les écarts normaux entre acquisitions au début du CP se transformer en véritables difficultés faute d'avoir été identifiés et pris en compte.
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