Question de M. BOYER Jean (Haute-Loire - UC) publiée le 02/06/2004
M. Jean Boyer attire l'attention de M. le ministre de la santé et de la protection sociale sur la nouvelle place accordée à nos aînés et à l'affermissement d'un esprit de solidarité. Le Gouvernement a présenté, le 6 novembre 2003, un plan vieillissement et solidarité de nature à favoriser une prise de conscience collective sur une pièce maîtresse de notre humanité : l'âge et le temps qui passe. Aujourd'hui, après la constitution d'une commission " Urgence été 2004 ", un plan de prévention de canicule avec un programme de veille sanitaire est engagé. Le moment n'est-il pas venu d'aller plus loin dans cet esprit de solidarité et de croire avec enthousiasme à l'élan porté et exprimé par les générations ? En effet, l'été représente pour beaucoup d'entre nous un espace privilégié de loisirs mais aussi de repos. Les maisons de retraite n'échappent pas à ce phénomène et bien souvent les besoins sont immenses en matière de personnel plus qu'à n'importe quelle autre période de l'année. L'événement climatique de l'année 2003 doit être l'occasion de nous amener à réfléchir à la mise en place de projets innovants. Aménager des pièces climatisées ne suffit pas à rompre l'isolement de nos aînés et ne peut être la seule réponse à leurs attentes face à la chaleur. Nous devons être à l'écoute de cette détresse avec une exigence et un supplément d'humanité, fruit de la solidarité et des liens entre générations. Ils sont le ciment de notre société et de sa mémoire. Nos aînés sont des hommes et des femmes pour qui l'accompagnement humain est essentiel, facteur non seulement de bien-être mais aussi de sécurité psychologique. Le moment n'est-il pas venu de conjuguer l'esprit de solidarité entre les générations et d'offrir à nos jeunes parfois désoeuvrés le bénéfice d'un tremplin, d'une ouverture sur le monde du travail, leur permettant le temps d'un été de se mettre au service de nos aînés ? C'est aussi cela le sens de l'autre, de l'expression d'une solidarité naturelle entre les générations, envers nos parents, nos grands-parents et nos petits-enfants. La mise en place d'un contrat à durée déterminée de deux mois consacrés à l'échange, à l'écoute, au service, serait source d'une richesse communicative, d'un trésor de générosité illimitée, qui n'a pas de prix. Comment le Gouvernement entend-t-il donner une jeunesse à son plan vieillesse et solidarité en créant les conditions d'un élan ouvert sur toutes les générations ? Le manque de personnel, a fortiori pour la période estivale, ne peut-il pas trouver dans l'emploi de nos jeunes, étudiants ou non, un début de solution, certes limitée, mais ô combien significative ?
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Réponse du Secrétariat d'Etat aux personnes handicapées publiée le 16/06/2004
Réponse apportée en séance publique le 15/06/2004
M. Jean Boyer. Madame la secrétaire d'Etat, le Gouvernement a présenté, le 6 novembre 2003, un plan Vieillissement et solidarités de nature à favoriser une prise de conscience collective sur une pièce maîtresse de notre humanité : l'âge et le temps qui passe.
Aujourd'hui, après la constitution d'une commission « urgence été 2004 », vous envisagez un plan de prévention contre la canicule avec un programme de veille sanitaire.
Le moment n'est-il pas venu d'aller plus loin dans cet esprit de solidarité et de croire avec enthousiasme à l'élan porté et exprimé par les générations ?
En effet, l'été représente pour beaucoup d'entre nous un espace privilégié de loisirs mais aussi de repos. Les maisons de retraite n'échappent pas à ce phénomène : bien souvent, les besoins en personnel sont immenses, plus qu'à n'importe quelle autre période de l'année.
L'événement climatique de l'année 2003 doit être l'occasion de nous amener à réfléchir à la mise en place de projets innovants. Aménager des pièces climatisées ne suffit pas à rompre l'isolement de nos aînés et ne peut être la seule réponse à leurs attentes face à la chaleur.
Nous devons répondre à cette inquiétude avec une exigence et un supplément d'humanité, fruit de la solidarité et des liens entre les générations.
Nos aînés sont, nous le savons, des hommes et des femmes pour qui l'accompagnement humain est essentiel ; il s'agit d'un facteur non seulement de bien-être mais aussi de sécurité psychologique. Un ventilateur ne remplacera jamais un coeur, ni la fraîcheur d'une main tendue, d'un sourire, d'une visite, d'une parole...
A ce propos, je souhaite simplement vous faire part d'une proposition qui permettra aux jeunes, parfois désoeuvrés, de bénéficier d'un tremplin, d'une ouverture sur le monde du travail, et qui leur offrira, le temps d'un été, un emploi au service de leurs aînés. C'est aussi cela le sens de l'autre, l'expression d'une solidarité naturelle entre les générations, envers nos parents, nos grands-parents, en associant nos enfants et nos petits-enfants. Nos aînés n'ont pas seulement besoin d'eau fraîche : ils ont aussi besoin de convivialité.
La mise en place d'un contrat à durée déterminée de quelques semaines, consacré à l'échange, à l'écoute, au service, serait source d'une richesse communicative, d'un trésor de générosité illimitée. Cela n'a pas de prix.
Comment le Gouvernement entend-il donner une jeunesse à son plan Vieillesse et solidarité en créant les conditions d'un élan ouvert sur toutes les générations ?
Le manque de personnel, a fortiori pour la période estivale, ne peut-il trouver dans l'emploi de nos jeunes, qu'ils soient ou non étudiants, un début de solution, certes limitée, mais ô combien significative ?
M. le président. La parole est à Mme la secrétaire d'Etat.
Mme Marie-Anne Montchamp, secrétaire d'Etat aux personnes handicapées. Monsieur le sénateur, je vous prie de bien vouloir excuser Hubert Falco, qui ne peut malheureusement pas être présent au Sénat aujourd'hui pour vous répondre. Croyez bien qu'il le regrette.
Vous avez appelé l'attention du ministre délégué aux personnes âgées sur la place accordée à nos aînés et sur la solidarité entre les générations. C'est une question à propos de laquelle il a engagé une réflexion et des actions dès son arrivée au Gouvernement.
En effet, nous sommes aujourd'hui confrontés à un paradoxe social difficile. Alors même que, avec l'allongement de la vie, notre société compte de plus en plus de générations vivant au même moment, celles-ci se mêlent moins les unes aux autres qu'auparavant.
Cette coexistence des générations est une chance, mais cette chance n'a de sens que si les générations se mêlent, si chacune peut apporter aux autres ce qui fait sa force et retirer des autres de quoi la faire avancer.
Auprès des aînés, les générations plus jeunes peuvent trouver un soutien affectif, une référence au passé et à un vécu, un apprentissage fondé sur l'expérience et l'expertise, mais aussi une vision différente de certains problèmes.
Auprès des générations plus jeunes, les aînés retrouvent un sentiment d'utilité, une valorisation de leur expérience personnelle.
Aussi l'essor des relations entre les générations est-il un enjeu important de nos sociétés contemporaines.
C'est pourquoi le ministère en charge des personnes âgées a élaboré un programme intitulé «Bien vieillir» qui affirme et valorise les seniors en promouvant notamment l'échange et la solidarité entre les générations.
Ce programme comprend deux volets complémentaires.
Le premier, lancé par le Premier ministre en 2003, est consacré à la promotion de la santé et du bien-être par l'alimentation et l'activité physique et sportive.
Le second concerne plus particulièrement l'amélioration de la qualité de vie à travers les activités sociales, culturelles et touristiques.
Ces différentes activités participent, en effet, à la prévention de certaines pathologies et sont un support privilégié d'intégration sociale et de solidarité entre les générations.
Quant au programme intergénération, trois initiatives ont été prises visant à développer les connaissances et les actions en la matière.
Tout d'abord, un groupe de travail intergénération, composé d'acteurs institutionnels et de terrain, a été installé en février 2003. II est chargé de contribuer à l'élaboration et à la mise en oeuvre de propositions.
Par ailleurs, l'organisation d'un prix intergénération a été lancé : il aura pour objet de récompenser la créativité de porteurs de projets intergénérationnels intéressant tout particulièrement les champs de l'emploi, de la culture, de la santé et de l'éducation.
Enfin, un guide méthodologique est en cours de réalisation pour aider à la conception, à la réalisation et à l'évaluation d'une action intergénérationnelle.
En outre, monsieur le sénateur, chaque année, le ministre organise la « semaine bleue », avec tous les partenaires agissant dans le champ de la solidarité, que celle-ci soit institutionnelle ou volontaire, associative, familiale, de voisinage.
Cette semaine, axée sur le thème de la solidarité entre les générations, constitue un rendez-vous pour tous ceux qui oeuvrent en faveur des personnes âgées.
Enfin, dans le cadre de la Grande cause nationale fraternité, le ministère délégué aux personnes âgées, en lien avec l'association Appel à la fraternité, lance cette année un concours intitulé « prix intergénérations 2004 ». Ce concours a pour objet de valoriser des actions qui visent à changer le regard de la société sur les âges de la vie.
Vous avez également interrogé le Gouvernement sur l'emploi saisonnier des jeunes au sein de cette solidarité intergénérationnelle.
Afin d'aider les établissements d'hébergement pour personnes âgées à recruter cet été des personnels saisonniers de nature à renforcer les équipes et à compenser les personnels partis en congés, le Gouvernement dégage une aide de 26 millions d'euros. Cette aide pourra être augmentée en cas de nouvelle canicule afin de tenir compte des besoins supplémentaires qui se feront jour.
De plus, il fait appel à la collaboration avec les associations de bénévoles. Dans ce cadre, les jeunes pourront participer à l'aide mise en oeuvre en faveur des personnes âgées et faire vivre le lien entre les générations.
Monsieur le sénateur, tels sont les éléments que M. Falco souhaitait porter à votre connaissance en réponse à votre question.
M. le président. La parole est à M. Jean Boyer.
M. Jean Boyer. Madame la secrétaire d'Etat, vous avez répondu non seulement en nous fournissant des données matérielles, mais aussi avec votre coeur.
Tous ceux qui sont présents dans cet hémicycle savent que les personnes âgées apprécient beaucoup plus une visite que l'octroi de dix ou de cent euros. Elles ont besoin d'échanges, d'écoute.
J'ai pris note avec satisfaction de l'éventail des réflexions mises en oeuvre dans ce domaine. Très franchement, je crois qu'il sera apprécié.
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