Question de M. FISCHER Guy (Rhône - CRC) publiée le 18/12/2003

M. Guy Fischer appelle l'attention de M. le ministre des affaires sociales, du travail et de la solidarité sur les inquiétudes engendrées par le projet de décret relatif à la réforme de la médecine du travail. En effet, après avoir déqualifié cette spécialité médicale, le Gouvernement s'apprêterait, s'appuyant sur un rapport de l'IGAS (Inspection générale des affaires sociales), à faire intervenir la consultation du médecin du travail tous les vingt-quatre mois au lieu de tous les douze mois. Sous couvert de pluridisciplinarité, cette instance propose également de ne plus réserver cette activité au seul corps des médecins du travail. Au moment où il conviendrait de renforcer la prévention dans l'entreprise - eu égard notamment à l'accroissement des accidents du travail et des maladies professionnelles - il est inconcevable de restreindre l'accès des salariés à cette médecine fondamentalement préventive et de ne plus considérer celle discipline comme une spécialité médicale à part entière. Il lui demande de lui faire connaître les dispositions qu'il entend adopter afin de renforcer le nombre de ces médecins et de veiller à ce qu'ils ne puissent être mis en concurrence avec des praticiens ne maîtrisant pas l'indispensable spécialité qu'ils ont acquise.

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Transmise au Ministère délégué aux relations du travail


Réponse du Ministère délégué aux relations du travail publiée le 30/12/2004

L'attention du Gouvernement a été appelée sur la publication du décret relatif à la médecine du travail. Le chantier de la réforme de la médecine du travail a été engagé par l'État depuis plusieurs années et s'achève avec la publication du décret du 28 juillet 2004, troisième et dernier volet de ce processus auquel ont contribué l'ensemble des acteurs de la prévention en santé au travail. L'insuffisance de la ressource médicale a été traitée par le premier volet de la réforme. Dans les dix années à venir, près de 3 000 des 7 000 médecins du travail exerçant aujourd'hui auront atteint l'âge de la retraite. Deux mesures de renforcement des effectifs ont été mises en place, à savoir la régularisation des médecins non spécialisés mais exerçant dans les services de santé au travail et la reconversion des médecins d'autres spécialités vers la médecine du travail. Ces mesures exceptionnelles s'appliqueront jusqu'en 2007, date à laquelle la réforme des études médicales entrera en vigueur. Le deuxième volet de la réforme a été l'introduction, en 2003, de l'obligation de pluridisciplinarité dans les services médicaux du travail, qui sont devenus par là même des services de santé au travail. L'approche pluridisciplinaire, associant des compétences médicales, techniques et organisationnelles, est un outil indispensable pour contribuer à l'évaluation des risques en entreprise et pour proposer des mesures de prévention. Elle offre une réelle possibilité d'enrichissement de l'action des différents acteurs. Le dernier volet de la réforme touche à la modernisation des services de santé au travail qui s'inscrit dans la perspective plus vaste d'une modernisation du système français de prévention. Le décret du 28 juillet 2004 place les services de santé au travail, compte tenu des besoins et de l'évolution des préoccupations de notre société, en état de répondre aux enjeux considérables de prévention et de protection de la santé qui existent en milieu de travail. La charge du médecin du travail est redéfinie de façon à assurer l'effectivité du suivi médical et de l'action sur le milieu de travail, tout en prenant en compte la nature des risques auxquels sont exposés les salariés. L'action du médecin du travail sur le milieu de travail représente l'apport essentiel de la médecine du travail. Aussi le médecin du travail à temps plein doit consacrer environ le tiers de son temps de travail à cette mission, soit au moins 150 demi-journées de travail effectif. La surveillance médicale individualisée est organisée pour tous les salariés, elle se concentre en particulier sur les catégories de salariés qui en ont le plus besoin, soit en raison de caractéristiques qui leur sont propres (jeunes travailleurs, travailleurs handicapés...), soit en raison des risques particuliers attachés au poste de travail (substances cancérogènes, risque chimique...). Au delà de l'action exercée directement au bénéfice des salariés et de l'entreprise, la médecine du travail peut et doit, grâce à cette activité clinique, apporter une contribution importante à la veille sanitaire et participer à une fonction d'alerte, par la production de données sanitaires, comme le prévoit la loi de santé publique. Cette réforme est aujourd'hui achevée sur le plan réglementaire. Elle a été pensée pour répondre aux besoins sanitaires et aux attentes des usagers.

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