Question de M. TRÉGOUËT René (Rhône - UMP) publiée le 06/03/2003
M. René Trégouët attire l'attention de M. le ministre de l'agriculture, de l'alimentation, de la pêche et des affaires rurales sur la teneur d'un article publié dans l'édition du 14 février 2003 du quotidien Le Figaro dans la rubrique " Sciences " intitulé " Le changement climatique a accru les rendements de maïs et de soja ". On y lit qu'une étude menée par des chercheurs américains de l'université de Stanford a abouti aux conclusions suivantes : une partie de l'augmentation des rendements de maïs et de soja récoltés pendant une quinzaine d'années dans le Middle West n'est pas due à des facteurs agronomiques mais au changement climatique (augmentation de la température durant la période considérée) et ce, dans des proportions très conséquentes. On n'avait pas jusque-là songé à prendre en compte le facteur climatique dans ce genre de statistiques agricoles. Mener, afin de confirmer ce constat, ce type de recherche en France serait semble-t-il possible sans difficultés particulières. Elle n'a pas encore été programmée, Le Gouvernement entend-il mettre en oeuvre ce type de recherche ? Pour quelles raisons ?
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Réponse du Ministère de l'agriculture, de l'alimentation, de la pêche et des affaires rurales publiée le 21/08/2003
Le quotidien Le Figaro du 14 février 2003 fait état d'une étude publiée par des chercheurs américains de l'université de Stanford mettant en relation l'évolution des rendements de maïs et de soja avec le changement climatique. De telles études existent en France, notamment à l'Institut national de la recherche agronomique (INRA), et ceci depuis une dizaine d'années. Elles ont permis d'évaluer les conséquences des scénarios climatiques de réchauffement pour la fin de ce siècle sur les principales productions agricoles (blé et maïs, prairie-élevage, arbres fruitiers, vigne) et forestières, et ont fait l'objet de différentes publications (Delécolle et al. 1999, actualisé par Seguin 2003). Un programme de recherches a été mis en place au sein de l'INRA pour approfondir ces travaux et définir des modalités d'adaptation de la production agricole, en prenant en compte cette nouvelle donne climatique au niveau de l'ensemble des facteurs techniques à mettre en jeu (variétés, techniques culturales, maladies et ravageurs, mauvaises herbes, etc.). Dans le cadre de ce programme, une partie des recherches a été réorientée vers l'analyse rétrospective du passé récent, faisant apparaître un réchauffement significatif (de l'ordre de 0,5 °C) sur les quinze dernières années. Elles ont permis de mettre en évidence des évolutions significatives au niveau de la phénologie (dates de floraison, dates de récoltes et de vendanges) des cultures pérennes (arbres fruitiers et vigne), avec des conséquences en termes de risques de gel pour les arbres fruitiers et de qualité du produit récolté pour la vigne. Concernant les cultures annuelles, la mise en évidence d'une telle évolution n'est pas directement possible, dans la mesure où les rendements de ces cultures en France ont été très largement conditionnés jusqu'à récemment par une augmentation continue, résultant du progrès technique (nouvelles variétés, engrais, herbicides, fongicides, etc.), le climat ne venant que comme facteur de variation introduisant des fluctuations annuelles se superposant à cette tendance. L'analyse approfondie de l'étude mentionnée dans Le Figaro fait apparaître une augmentation de rendement liée non pas à un réchauffement dans le Middle West comme l'a signalé le journaliste du Figaro, mais plutôt à un refroidissement dans cette zone géographique. Sur ce sujet, les travaux en cours à l'INRA d'Avignon s'appuient sur une analyse rétrospective à partir du modèle de culture STICS, simulant l'évolution des rendements avec une même variété et les mêmes techniques culturales en fonction des conditions climatiques sur les trente dernières années. Ils permettront dans un proche avenir d'apporter les quantifications recherchées sur l'effet du réchauffement récent par une méthode différente de celle utilisée par les chercheurs américains, mais adaptée aux spécificités de la production française.
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